Miroir, Foutu Miroir !

[Libre! =D]


Salle de bains.

Haut lieu de suprématie féminine, endroit de tous les potins et de toutes les connivences, allégrement partagés autour d'un masque à l'argile, d'un tube de mascara, d'une bande de cire. Malheureusement le Phoenix et sa salle de bains n'offrait que peu d'occasion à ses sommets. D'une part, elle était moche. Des douches individuelles en rangs bien alignées, des lavabos glacials leur faisant face avec autant de rigueur, parfois un miroir : la salle de bains n'invitait pas à y passer de longues heures. D'autre part, elle était mixte. Et c'était bien ça le plus terrible! Il était bien sûr hors de question qu'un profane de genre masculin puisse se retrouver pris à partie dans ces discussions d'importance capitale.

Bref. Lucie avait un peu de mal à digérer ce manque. Elle qui aimait tant l'ambiance des salles de bains de Poudlard, et qui était l'une des plus ferventes participantes à ces réunions quotidiennes! Lucie, comme toutes jeunes filles un peu superficielles, adorait passer trois heures à balancer sur la couleur de son mascara (bleu profond ou bleu nuit?), la couleur de son gloss (cerise ou framboise?), la couleur de son fard (ocre ou sable?), et sur tout plein d'autres choses bien futiles et insensées aux yeux des non-initiés. Mais si elle poussait la porte de la salle de bain du Phoenix aujourd'hui, ce n'était pas dans le but de perdre du temps devant le miroir. Non. Elle venait dans un but bien précis et avec tout un attirail sous le bras.

Brosses, peignes, pinces et même un sèche-cheveux qu'elle avait eu bien du mal à ensorceler. Trois shampoing différents qui, ne vous y trompez pas, ont tous leur utilité. Un après-shampoing lissant, un masque pour la brillance et enfin l'arme du crime : les ciseaux! Lucie venait dans la salle de bains dans l'espoir de remettre un peu d'ordre dans ses cheveux qui commençait à devenir trop long à son goût. Et surtout, surtout!, elle voulait changer de couleur.

Quand elle avait vu cette Harper, Orphée, une fille de sa maison qu'elle n'avait jamais remarqué avec des cheveux aussi roses que les siens, Lucie avait cru devenir folle. Les cheveux roses c'était à elle! C'était les siens! D'ailleurs il n'y avait qu'à elle que ça allait bien et Orphée était très moche, voilà! Bon d'accord, ce n'était pas objectif, mais il fallait bien que Lucie se venge un peu de sa concurrente et elle était loin de se douter que la couleur des cheveux d'Orphée était tout à fait naturelle.

*En plus, elle porte un nom de garçon, pfft.*

Lucie s'approcha et posa son chargement sur une tablette, à côté d'un des lavabos et alluma la lumière d'un coup de baguette magique. Une mini explosion plus tard - Lucie devenait de plus en plus désésperante en sorcellerie - la salle de bains était toute illuminée. La lumière était trop froide et crue pour être flatteuse, mais au moins y voyait-on quelque chose! Lucie se tourna vers son reflet, se mit de trois-quart, lissa sa méche, mordit dans ses lèvres, posa un peu, fit quelques simagrées, avant de décreter déçue presque :

"Peut mieux faire."

L'adolescente pris le peigne à grandes dents, et commença à dêmeler ses cheveux. De l'autre main, elle vérifiait progressivement la température de l'eau qu'elle faisait couler. Alors à quoi ressemblerait-elle en sortant de cette salle de bain? Rousse pétillante, blonde sulfureuse? Tout à sa réflexion, Lucie n'entendit pas la porte grincer.

Si Lucie n'aimait pas l'apparence générale des douches, Alice, quant à elle, remerciait le Phoenix d'avoir eut cette tare. S'il était bien une chose que la demoiselle n'aimait pas, c'était de se retrouver dans la salle de bain avec les autres filles de l'école, toutes plus sulfureuses et voluptueuses les unes que les autres, tandis que son torse plat et sa peau pâle tranchaient radicalement. A Poudlard, elle était la première arrivée, et se levait aux aurores pour ne pas être vue des autres filles qui passaient, à son avis, bien plus de temps à se maquiller qu'à se laver réellement. Quant au démaquillage de la veille non fait... Non, vraiment, la Gryffondor ne supportait pas de passer à côté de pots de peintures baveuses sur pattes. Pire, près des belles filles.

Les plus timides et réservés étaient toujours les premières victimes, et il avait fallut qu'elle soit dotée de ce genre de caractère en particuliers... Les 'à quand les soutifs rembourrés' ou encore ses rageant 'y'a des filles qui font tout pour s'enlaidir' la perturbaient et ne la mettaient pas vraiment de bonne humeur.

Ainsi avait elle été bien heureuse de se retrouver seule, à son arrivée dans les douches. La chaleur étouffante lui avait donné d'avantage l'envie de se rafraîchir ici que dans une piscine. Elle préférait de loin se retrouver nue dans une douche, dissimulée, que dans un endroit public en maillot de bain, à la vue de tous. Le seul risque encouru pour se trouver ici était la peur de rencontrer un garçon. Si la demoiselle n'aimait pas passer devant des filles une serviette éponge en main, c'était encore pire face aux garçons... Elle les soupçonnait tous de vouloir passer leur tête au dessus de la porte pour se rincer l'oeil et, se moquer.

Heureusement, à cette heure, personne.

Ainsi, elle était entrée soulagée, avait posé ses affaires dans un coin où elle était désormais certaine que ses affaires ne se feraient pas tremper, et avait ouvert l'arrivée d'eau. Toute à sa toilette, Alice était loin d'imaginer que quelqu'un la rejoindrait dès le savon rincé de sa peau. Lorsque se fut le cas,
elle distingua la remarque de Lucie. * Oh... Non... * Quelqu'un était derrière la porte.

Sa serviette contre elle, les yeux plissés et trépignant presque, elle craignait de sortir. Elle avait échappé aux remarques désobligeantes depuis une semaine, et s'en satisfaisait parfaitement, ainsi craignait elle la rechute... Enfin, elle n'allait pas rester cloîtrée ici jusqu'à ce qu'elle daigne bien sortir !

Et d'ici à ce que d'autres n'arrivent...

* Faire preuve de courage ! Il parait que j'ai été réparti chez les Lions en partie pour cela non ? *

S'habillant rapidement, sans aucun bruit, elle poussa doucement la porte de la douche, laquelle grinça, bien entendu. Vous pensez bien, tant qu'à la rendre la plus discrète possible... Passant seulement son visage dans l'entrebâillement, elle chercha la demoiselle, si c'avait bien été une voix féminine, et cligna des yeux, en raison du changement de lumière. Une Serpentarde. Enfin, une qui n'avait pas mérité une réputation de fourbe pour Alice. Après tout, elle ne s'était jamais moquée d'elle, et puis, elle semblait bien trop occupée.

Occupée à quoi d'ailleurs ? Curieuse,

" Qu... Qu'est-ce que tu fais ? " un sourcil arqué, un regard au sèche cheveux, objet complètement étranger pour elle, et elle reporta son regard sur Lucie. " C'est... Un volverer ? " une mine effrayée, bien
entendu, Alice avait voulu parler de cette horrible arme moldue, le 'révolver'...

[Ah ah! Tu m'as tuée! Un volverer! ]

Lucie ne comprendrait jamais ce qui pouvait pousser quelqu'un à se cacher et craindre le regard des autres. La conduite d'une personne comme Alice, lui était donc bien étrangère, n'ayant jamais ressenti quelques sentiments qui ressemblent de près ou de loin à un complexe, à la honte ou la timidité. Oh, elle aurait bien pu y comprendre quelque chose! En y mettant du sien, ou si elle avait été un petit moins centrée sur son nombril (mais n'est pas Serpentard qui veut!) : la compassion ne faisait pas partie de sa nature. Et quand elle s'exprimait, c'était sous la forme d'une certaine pitié condescendante qui était à des lieues de flatter sa victime! Un peu cruel, oui. Mais rarement dans ce but.

En théorie ce n'était donc pas un très bon calcul de déranger Lucie Anson alors qu'elle réflechissait aussi intensément (et croyez-le, ça n'arrivait pas si souvent!). Non seulement, elle se verrait indéniablement agaçée d'être perturbée dans un choix aussi stratégique que celui d'une coupe de cheveux. Mais ce serait également lui confirmer qu'il y avait bien eu un témoin autre que son reflet, de cet aveu : "Peut mieux faire". Et ça pour Lucie c'était dramatique, car elle perdait en crédibilité, en assurance, en... enfin bref! Ce serait la fin du monde. Et puis Lucie commencerait à se demander depuis combien de temps la jeune fille l'observait, si celle-ci s'était moquée d'elle et de ses poses ridicules devant le miroir. Lucie s'enerverait sûrement. Elle ne se couperai pas les cheveux, ne pourrai pas plus changer leur couleur et une heure plus tard se sentirai sûrement très bête d'avoir raté une pareille occasion et à cause d'une fille timide et pâlichonne qu'elle ne connaissait même pas.

En théorie.

Lucie vit le reflet d'Alice dans le miroir, avant de l'entendre parler. Et pendant les trentes secondes qui suivirent l'instant où elle remarqua sa silhouette jusqu'au dernier mot que la nouvelle venue prononça, Lucie fut parcouru par un mélange de sentiments très similaires à ceux exposés plus tôt. Son visage se ferma, et son regard glissa avec un certain dédain sur la Gryffondor. Même si Lucie se trouvait dans l'incapacité de pouvoir la toiser de quelques centimètres. Quelle bête curiosité!

"... un volverer?"

Ah ah! un volverer?

Voilà qui dérida très vite la gamine. Elle partit d'un franc éclat de rire, qui n'était même pas moqueur, même si l'habitude avait pu lui donner quelques accents vexants.

"Ah ah! Un volverer? Non, non!"

Lucie, joueuse, prit le sèche-cheveux dans sa main, le pointa comme une arme devant le miroir ce qui fit fuir son reflet dans un cri. Ah ces miroirs sorciers...! Elle fit un clin d'oeil à Alice et lui tendit l'appareil nonchalamment.

"Ca s'appelle un sèche-cheveux. C'est une invention moldue très pratique quand on maîtrise mal les sorts de réchauffement. Ca fait de l'air chaud regarde."

L'élève poussa le bouton marche, ce qui fit très lentement démarrer le ventilateur de l'appareil. Le sèche-cheveux électrique avait apparamment un peu de mal à supporter les ondes magiques du bateau, et il était vrai que Lucie n'était pas très bonne sorcière non plus. Elle crut donc plus sage de le laisser se reposer avant d'en avoir vraiment besoin, après son shampoing.

"Je vais me couper les pointes et la mèche, et puis..."

Lucie jeta un regard suspicieux à la curieuse. Ca l'intéressait vriament tout ça? Lucie décida qu'elle n'avait pas l'air hypocrite et puis elle aimait bien parler d'elle et de ses petits problèmes superficiels.

"Et puis, en fait pour tout te dire j'étais en train de réflechir à une nouvelle couleur..."

"Foutue Harper!" lâcha-t-elle excédée.

Lucie s'apprétait à retourner à ces petites affaires. Elle avait déjà d'ailleurs le nez devant son reflet, reflet qui avait daigné revenir quelques minutes après avoir lâchement fui devant le 'volverer'. Lucie n'était pas sans connaitre les propos que certaines mauvaises langues faisaient courir au sujet d'Alice et elle ne semblait pas être la compagne de salle de bain idéale. Et pourtant...

"Tu t'appelles comment? Willengton un truc comme ça non? Tu veux rester?"

Et si on remettait à la mode les chaleureuses réunions balnéaires?

[ Je suis toujours inspirée quand il faut la ridiculiser ]

Lorsque Lucie braqua son regard sur elle, Alice frotta la pointe de son pied contre l'arrière de son mollet, regardant sur sa droite. Non, vraiment, elle n'aimait pas être dévisagée et se sentait légèrement honteuse. Ne dit on pas que la curiosité est un vilain défaut ? Et voici qu'elle se montrait bien trop curieuse, il y avait de quoi la dévisager. Tant qu'aucune remarque désobligeante ne parvenait à ses oreilles, elle resterait sur place, sinon... D'un naturel pas très téméraire, sauf lorsqu'elle était sûre de ne plus jamais recroiser la personne à qui elle répondrait avec audace, elle préférait se faire discrète. Une gryffondor pas très courageuse ? Non, une Gryffondor qui s'ignore, et n'a pas franchement confiance en soit.

Les trente secondes qui suivirent sa demande lui parurent extraordinairement longues. Trop longues, pesantes, enfin, peut-être était-ce l'effet que Lucie voulait donner. Après tout, elle était à Serpentard, et bien qu'elle les combatte, ses préjugés restaient forts. On disait des Serpents qu'ils dégainaient rapidement la baguette, dans ses dortoirs. Il n'aurait plus manqué que ça... Timide oui, mais enfin de là à se laisser marcher dessus... Et puis, sa baguette à elle, si besoin était, n'était pas bien loin de sa paume.

Lorsqu'elle ria enfin, alors qu'elle pensait déjà à son futur acte de courage, sortilège à l'affût, elle sursauta, plus que surprise. " J'ai dis une bêtise ? " et se rapprochant à pas de loup, toujours craintive, elle fit sa moue la plus interrogative, se grattant la tête sans aucune grâce, interloquée. Voilà qu'elle était ridicule.

Informations fournies par Lucie, elle ne masqua pas son soulagement,

" Ah, bon... Si ce n'est que ça... Je ne suis pas très calée niveau accessoires moldus. J'ai vécu dans une bourgade reculée côté sorcier. Les seules choses que je sais de leur monde sont celles dont mon père veut bien me parler. Sois bien trop peu, il faut bien le dire. " et se rapprochant encore de la bête, " Ma foi,
ils ont de bonnes idées. Ca pourrait m'être utile, maladroite comme je suis, sans entraînement... "

A côté du lavabo voisin à celui de Lucie désormais, elle sourit à la vue du reflet
froussard. A l'inverse de Lucie, le reflet de notre Alice était bien plus téméraire qu'elle...

" Si tu as besoin d'un coup de main... J'ai coupé les cheveux de ma soeur pendant 8 ans. " et comme pour anticiper, " C'est l'une des rares choses pour laquelle je sois douée, rassures toi, je ne suis pas aussi maladroite, une paire de ciseaux moldue en main. " et prenant une de ses mèches de cheveux entre ses doigt, avec plus d'assurance, " Je verrais bien rouge pétant. Voir blond acide. " et la lâchant presque aussitôt,

" Harper ? Orphée Harper ? C'est parce qu'elle a la même couleur de cheveux que toi que tu veux changer ? Il me semble que c'est sa couleur naturelle, son frère a bien les cheveux violine. " et lorsqu'elle entama les présentations. " Je préférerai que tu m'appelles par mon prénom, Alice. Et c'est Welllington. " et enfin, un sourire amusé, " Je resterai volontiers si tu me donnai ton prénom, à toi aussi. "

[Pardon. ;_;]


De Serpentard, Lucie avait assez de points communs pour y avoir été envoyée en première année : fausse et souvent hypocrite, mentant et profitant des gens sans vergogne pour arriver à ce qu'elle voulait. Lucie avait tellement d'estime d'elle-même, butée dans sa propre popularité et ses idéaux de jolie sotte, qu'elle finissait par oublier que ceux qu'elle moquait avait eux aussi une personnalité et des sentiments. Une belle garce en quelques sortes, ou en tout cas définitivement perçue comme telle à Poudlard.

Mais Lucie n'avait pas très envie de jouer ce rôle avec Alice. Ce ne serait pas très amusant, ce serait juste cruel. Et il n'y avait aucun témoin à divertir ou à impressioner alors... Elle pouvait bien copiner le temps d'un shampoing et d'une coupe rapide non? qui lui en voudrait? Et puis, peut-être que cette nouvelle connaissance avait grand frère sexy à lui présenter! Ca ce serait un bon plan! En tout cas, Alice pouvait arrêter d'avoir cette attitude timorée qui exaspérait la Serpentard. Lucie n'avait pas l'intention de la manger, et encore moins de dégaîner sa baguette. Elle était tellement nulle en cours, qu'elle préférait ne pas se lancer dans un duel. A tous les coups, Lucie se serait assomée avec sa propre baguette magique. [ -_- ]

Tout à son délire, - Lucie imaginait déjà une rencontre passionée avec l'hypothétique grand frère de 'Willengton' - la jeune fille n'entendit que vaguement les mots de la rousse : "coup de main", "couper", "cheveux" "douée", "ciseaux". Ciseaux? Lucie réagit enfin, les yeux écarquillés. C'était plutôt comique à voir.

"Tu... Tu veux me couper les cheveux c'est ça? Tu sais faire ça toi?"

La Serpentard essaya vainement d'ajouter quelque chose d'un peu moins sec, n'ayant pas vraiment l'intention d'être méchante... Mais resta la bouche ouverte, tel un poisson hors de l'eau, alors qu'Alice finissait de lui prodiguer ses judicieux conseils capillaires.

"Oh... roux ou blond tu crois? C'est amusant c'est ce à quoi je pensais avant que tu viennes.", mais parlant d'Harper elle se renfrogna, "je m'en fiche que ce soit naturel ou pas. Elle a les mêmes cheveux que moi, et de toute façon je voulais changer depuis longtemps." Qu'est-ce qu'on dirai pas pour échapper à un jugement blessant! Lucie ne voulait pas être ridicule parce qu'elle changeait de coiffure à cause de la couleur de celle d'une autre...

Et, elle finit par lui sourire : une fille qui avait d'aussi bons goûts que les siens, ne pouvait pas être suspectée avec raison, décida solennellement Lucie. Alors, elle lui tendit gravement les ciseaux. C'était d'accord, mais gare...

"Si tu me rates, je te fais une réputation tellement crasse que tu pourras jamais t'en débarasser Alice!"

Etait-ce une plaisanterie? Difficile à savoir.

"Et si ça te tente, je t'initie aux joies du maquillage après!"

Lucie avait déjà hâte de jouer de la palette sur les joues pâles d'Alice. Ah, ah. Influencer, créer, manipuler! Combien de joies recélait la simple trousse à maquillage. Mais, tâchons d'en savoir plus maintenant... "et tu as des frères et soeurs, des amis à Poudlard? Oh! J'oubliais, je m'appelles Lucie. Si c'est la condition pour avoir ton aide."

Elle lui fit un clin d'oeil, et observa de nouveau le miroir. Elle s'y mira, n'avait pas changé d'avis "peut mieux faire"... Foutu miroir!

[Pardon Egalement ^_^]

" Tu... Tu veux me couper les cheveux c'est ça ? Tu sais faire ça toi ? "

Tout d'abord vexée, un froncement de sourcils, elle tourna son visage vers celui, interloqué, de Lucie. Amusée, elle eut un sourire tandis que le reste de son visage s'inclinait en signe d'approbation. " Et pourquoi pas ? Je n'en ai peut-être pas l'air, mais je ne suis pas si cruche que cela. " et un nouveau sourire amusé, elle posa sa trousse minuscule, contenant seulement de quoi subvenir à sa toilette minimale, soit un gant, un savon, une brosse à dent, et en sorti un ciseau, également niché là depuis un bon moment maintenant. A la vue de la rouille présente sur l'ustensile, Alice grimaça, et sortant sa baguette de sa poche, elle
tapota une fois dessus, avant de le reprendre en main, plus aucune trace de rouille sur ses pointes.

Si sa soeur avait su se montrer agaçante, elle lui avait au moins apprit un sort (ce qui l'avait
tout de même largement agacé étant donné qu'elle était plus vieille qu'elle, alors qu'un
mini pouce lui enseigne quoi que ce soit...). Et alors qu'elle se rapprochait de Lucie,

" Je te verrai plus en blonde en fait. Rousse, ça ne changerait pas radicalement de couleur, et il risquerait de rester des mèches roses pas très conformes avec le reste. Tandis que si tu te fais blonde, par le biais d'une décoloration complète, plus aucune trace de rose, et de similitude, donc, avec Miss Orphée Harper. "

Elle s'était doutée que le sujet était épineux. Se voir ressembler à quelqu'un d'autre... Pour une Serpentarde de surcroît, ça ne devait pas être très valorisant. Surtout que les deux demoiselles avaient des caractères radicalement différent. Elle avait pu apercevoir l'énergique Orphée, dansant sur la piste de dans à la fête clandestine, sans aucune gêne, ne lâchant pas son sourire une seule seconde. Et pour l'instant,
en dehors des remarques assez ambiguës de Lucie, elle n'avait pas vu l'ombre d'un sourire.

Mais il fallait bien l'avouer, oui, sa compagnie ne la dérangeait absolument pas. Elle ne s'était pas moqué, lui avait parlé correctement et s'était montré sympathique. Bien sûr, Alice ignorait que c'était en grande partie pour l'intérêt que Lucie témoignait à son grand frère imaginaire mais enfin... La sympathie était là,
et elle l'en remerciait d'ailleurs. Oh... Finalement, elle était réellement ambiguë, cette sympathie...

Sa remarque le lui montrait.

" Si tu n'as pas un minimum confiance, mieux vaut que je ne touche pas à tes cheveux. " son sourire
atténué se fendit en une expression d'anxiété. " Me... maquiller ? " elle-même ne s'y était jamais
essayé... Enfin si, une fois, à 6 ans... Enfin... Lucie elle même était assez bien maquillée non ?

" Et bien... Pourquoi pas après tout ? " lui adressant un sourire, elle l'installa sur une chaise face au miroir fuyant. " Une soeur, en première année ici, à Poufsouffle. Un véritable petit démon. Elle s'appelle Manon. "

Et non, pas de grand frère...

[Comme je l'ai dit sur un autre topic, je suis absente du 19 au 27 non
inclus. Bonne vacances Luluuuu ! * Sautille à côté de Toupine ^_^ *]

[ Re-re bonnes vacances toupiiine! =D *sautille* ]



Alice et Lucie, ça sonnait bien dit comme ça. Mais en fait, c'était un drôle de contraste. Tant sur l'apparence que sur le caractère, les deux jeunes filles sans aucun doute avaient de nombreux points divergents. Il était même étonnant qu'elles sachent cohabiter plus de cinq minutes sans que l'une ou l'autre prenne la mouche. Mais l'existence est faite de ces petites coïncidences étranges. Lucie finissait presque par apprécier vraiment la compagnie de la jeune fille, oui, vraiment! Sans qu'aucun plan machiavélique incluant un beau jeune homme, et des bisous à la framboise derrière un buisson, lui trotte derrière la tête. Exceptionnel, non? Plus sérieusement, Alice était d'une compagnie discrète, plutôt volubile et ne semblait pas être une dangereuse concurrente prédatrice. Donc ça allait pour Lucie.

"Je trouve pas que tu es l'air cruche." s'entendit répondre tout simplement Lucie, s'étonnant même un peu de sa soudaine sincérité. Non, c'est vrai elle ne la trouvait pas idiote. Alice semblait un peu timide, et maladroite mais pas bête. Et puis... elle avait beau ne pas payer de mine, elle avait tout de même des remarques sacrément judicieuses niveau chevelure. Ca étonnait beaucoup Lucie d'ailleurs, mais elle ne s'en plaignait pas! La Serpentard ne l'aurait pas avouer mais n'avait pas du tout réfléchi, elle, à l'incidence d'une couleur rousse sur ses cheveux roses. Elle louait donc l'oeil averti d'Alice. Mais...

"Tu sais" fit-elle suite à la tirade de la Gryffondor, à propos de cheveux, de décolorations et d'Orphée Harper, "je vais peut-être juste refaire les racines finalement. C'est pas vraiment le même rose, et puis je décide que j'ai eu l'idée avant elle" * Mais c'est na-tu-rel, chez elle! oh... zut la voix! tais-toi* "Je m'aime bien comme ça. On verra plus tard, pour le changement, par contre toi... tu vas changer c'est sûr!" termina-t-elle triomphante.

Alors qu'elle se laissait docilement faire, s'asseyant dans la chaise face au miroir, laissant s'agiter les ciseaux autour de sa tête, elle observait la mignonne Alice. Comment une fille comme elle pouvait se laisser aller? ne pas se maquiller? Comment pouvait-on ne pas se maquiller, tout court d'ailleurs? Ca paraissait complétement inconcevable non ...non? Bah, pour Lucie si! Et puis Alice était jolie, elle était fine. Pourquoi elle ne mettait-elle pas en valeur ses atouts? Lucie se prit à songer : la maquiller d'abord, lui refaire son dressing après. Elle se sentait d'humeur à jouer les marquises de Merteuil, et aurait bien fait d'Alice sa Cécile de Volange. Bien sûr, la jeune fille n'avait pas en tête ces références là, parce que la lecture et elle, à part Sorcière Hebdo... Mais l'idée était là!

Lucie se regarda dans le miroir et observa la nouvelle coupe, passant doucement sa main dans les cheveux.

"C'est bien!" s'exclama-t-elle "Ca va t'échappes à ton châtiment... mais pas au deuxième. On fera ma couleur plus tard je suis trop impatiente!"

La Serpentard se leva, fit un geste pour qu'Alice s'assoit à sa place et attrappa sa trousse à maquillage. Alors, alors. Qu'allait-elle lui faire subir? En toute amitié bien sûr, hein... Lucie réflechit un instant et ouvrit une palette de fard où s'étalait un arc-en-ciel de couleurs.

"Ferme les yeux, miss" ordonna-t-elle gentiment "je commence par les yeux comme ça tu pourras toujours parler." Lucie continua sur sa lancée, elle était redevenue volubile "Alors, j'ai compris que tu avais un petit diable à la place d'une soeur, moi j'ai un jumeau Luka et un grand frère qui est préfet. Il s'appelle Jude. Enfin moi et la famille tu sais...! Tu sais qu'Alice est mon deuxième prénom? ... Alors pas de garçon en vue la jolie Alice? Tu comptes pas séduire quelqu'un avec le super maquillage que je te fais?"

Impressionant de voir le nombre de choses sensées qui pouvait sortir de sa jolie bouche glossée, alors qu'elle gardait toute son attention concentrée sur le pinceau à fard. La langue pincée entre ses dents, Lucie s'acharnait. Pas de doute elle était plus douée avec la palette, qu'avec une baguette!