Rencontre au sommet! [PV]

[*ne sait pas pourquoi elle a mis ce titre là* o_ô *n'a vraiment jamais d'inspiration pour titrer* >_> ]

Vraiment... C'était une journée pas terrible, voire carrément nulle. Non, merdique même.

Pourtant, Lucie s'était levée juste à la bonne heure, c'est à dire plus ou moins vers midi quarante-cinq. Personne ne l'avait violemment jetée de son lit, pas de mauvaise blague incluant un réveil, un seau d'eau, une araignée poilue, voire les trois en même temps... et du soleil qui entrait à flots dans les dortoirs...! En bref! Une journée qui réjouirait n'importe quelle jeune fille adepte de la bronzette et aussi paresseuse que la Serpentard.

Lucie se réveilla donc de fort bonne humeur, louant les vacances et le Capitaine du Phoenix qui avait eu la joyeuse idée de proposer son bateau à toute une charmante compagnie d'élèves! Quelques étirements de chat plus tard, la jeune fille avait filé dans la salle de bain (comme chaque 'matin') et avait commençé à jouer de la palette, un peu plus sobrement que d'habitude d'ailleurs... Mais c'était déjà assez, pour qui connaissait les habitudes de Lucie! Ensuite, elle avait paradé une quinzaine de minutes dans son nouveau maillot deux pièces, vérifiant sa silhouette sous toutes les coutures.

Et s'était enfin décidée à sortir! Non sans avoir oublié de passer une micro-jupe, un haut assorti au maillot et d'enfiler une paire de ballerines confortables. Ah oui! Elle n'avait pas pensé aux retouches maquillage! Lucie s'engouffra donc de nouveau dans le dortoir, se précipita vers la table de chevet, pris la trousse et se retourna pour... la mettre dans son sac? Lucie n'a pas eu le temps! Une note de papier volante (copiée sur celle du ministère et ce pour les mêmes raisons) atterit sur ses pieds avant que la belle ait pu esquisser un geste.

Perplexe.

"Euh..."

Lucie déplia le parchemin : la journée avait déjà perdu tout son charme.

Citation :

Mademoiselle Anson est priée de se rendre sans plus tarder en salle de cours de rattrapage, où un élève volontaire l'aidera à améliorer son niveau.

"Pfft, ce que je peux en avoir à faire moi!"

Lucie jeta le papier sur son lit, quand une deuxième note, un peu plus épaisse, la nargua. Qu'est-ce qu'ils lui voulaient encore! Lui signifier que tout bronzage sur le pont du bateau était interdit? Blasée, vraiment.

Citation :

La suggestion de Mademoiselle Anson n'est pas mauvaise. Mais si elle veut retrouver ses camarades de classe l'année prochaine en cinquième année, et passer ses B.U.S.E.s, elle ferait mieux de se depêcher de se rendre en salle de cours de rattrapage, où un élève volontaire l'aidera à améliorer son niveau. La sanction pour la non exécution de cet ordre est le redoublement ferme et définitif.

"Ah quuooi?"

...

"Merlin! Je vais devoir y aller!"

Il était un peu hors de question qu'elle se retrouve l'année prochaine avec des élèves plus jeunes qu'elle et qu'elle voit partir tous ceux qu'elle connaissaient le mieux dans une autre année! Hors de question! Lucie pris donc son courage à deux mains et se dit que finalement c'était une moindre peine. Au lieu de la trousse à maquillage, elle embarqua une trousse beaucoup moins amusante, celle où on trouve des plumes et de l'encre, et s'échappa du dortoir nettement moins joyeuse que la première fois.

Vraiment, c'était une journée pas terrible, voire carrément nulle. Non, merdique même!

Et, devant la salle, Lucie attendait...

[ *A jamais vraiment d'inspiration pour les débuts .__.* ]

Ahem.
Si Lucie s'était paresseusement réveillée vers les midi et quelques, Jonas n'en avait pas réellement eu le luxe. En proie à un cauchemar dérangeant, il s'était retrouvé debout à trois heures du matin, ressassant les mauvaises ondes de ce fameux mauvais rêve qui, il fallait le dire, lui avait flanqué la frousse. Pas qu'il était trouillard -sinon, qu'aurait-il eu à faire chez les Gryffondors ?-, mais c'était bien l'une des rares terreurs enfantines qu'il avait conservé après toutes ces quelques années. Autrement dire que la traversée jusqu'aux douches s'était révélée être un véritable parcours du combattant. Même que le couloir de l'étage ne donnait plus du tout envie de glisser, avec toutes ces ombres monstrueusement propices.
Propre -et légèrement moins hanté-, il avait décidé d'aller faire un tour sur le pont, où il avait admiré le lent déclin de la lune, frissonnant légèrement aux courants d'air glacés filant sur le Phoenix. Sans se lasser, il était resté là à observer le ciel changeant de couleurs et de tons, se réchauffant sensiblement, pour donner vie à un soleil encore endormi. Quelques âmes en peine avait troublé sa tranquillité, et puis, au fil des heures, les élèves avaient débarqués en petit groupe, brisant la magie des sept heures qu'il avait passé en solo avec les astres. Pour ce fait, il avait d'abord trouvés les autres dérangeants, après toutes ces heures de solitude, le rendant presque mécontent, sourcils légèrement froncés. Et ensuite, lentement, il s'était sorti de sa torpeur nocturne, avait peu à peu retrouvé sa joie de vivre naturelle -grâce à quelques blagues faites aux ex-Premières Années qui se prenaient un peu trop au sérieux, pour cause de passage en Deuxième-, prévoyant de passer une après-midi des plus relaxantes, probablement dans le vivarium, ou dans un autre endroit où personne, par cette chaleur, n'irait mettre le nez, quitte à mourir un peu plus de chaud.
Et, jour de chance, le Destin allait pouvoir le lui permettre -quelques détails mis à part...-, sous la forme d'un avion de papier, qui atterrit négligemment sur la rambarde, sous le nez de Jonas qui y était accoudé.
Intrigué -et persuadé que ce n'était pas un hasard-, il l'ouvrit dans un léger soupir, n'appréciant pas vraiment les ordres officiels.

Citation :

Mr Emerson,
Vous étant proposé pour donner des cours particuliers à Mademoiselle Anson, vous êtes instamment convoqués dans la Salle de Rattrapage.

Ah... Les fameux cours de rattrapage, avec Lucie. Loin de regretter de s'être porté volontaire, il était même plutôt content de pouvoir mener à bien sa mission auprès de la jeune Serpentarde, et partit donc dans les tréfonds du bateau avec plaisir, conscient de se présenter en touriste.
Il l'avait repérée de loin, grâce à son habituel mini-micro-jupe-minuscule-rikiki, et son maquillage flash. "Salut Luce !", avait-il déclaré avec un sourire éclatant, quand il était arrivé à sa hauteur. Mais... "Luce" ? Un simple surnom qu'il lui avait attribué, histoire de sortir du "Lucie" trop banal. ... Ils se connaissaient, alors ? Et ouais ! \o/ Même que Jonas l'aimait bien. Ca vous en bouche un coin, hein ?
... Hem. "Alors, prête pour le cours ?", blagua-t-il légèrement. Qui pouvait être prêt pour un cours, franchement ? Il s'approcha de la porte, en tourna la poignée, et céda le passage à la jeune fille, avant d'y entrer lui-même, tombant sur une salle de cours classique. "On s'installe là ?" Il lui désigna une table, au deuxième rang, tout à droite, tandis qu'il s'y dirigeait. Il attendit qu'elle s'asseye pour en faire de même, et se plaça à ses côtés, se rejetant sur sa chaise, les bras croisés derrière la tête, la regardant dans ses yeux trop maquillés.
"Alors alors...", introduit-il. "C'est quoi, ton niveau global ?" Bien entendu, il avait été prévenu de son effarante nullité. Mais il voulait l'entendre de sa bouche glossée, simplement. "Et, tu veux commencer par quoi ? Enchantements ? Métamorphose ? DCFM ? Ou... Potions ?"

[ Merci à Lucie pour la lettre de motivation le mot officiel de l'avion en papier ! \o/ *Lui fait un câlin* ]

Alors.
Qui serait là cette après-midi pour lui donner des cours? A qui avait-on confié la difficile mission de faire entendre à Lucie Anson quelque chose à la magie? Qui, qui l'administration Poudlarienne pouvait détester au point de le punir si sévèrement? Lucie était bien en peine d'y répondre, elle ne pouvait que se contenter d'espérer : *Un garçon, pas une fille. Et puis plus grand. Je vais avoir l'air de quoi moi si c'est une première année qui me fait cours? -_- * Eh? c'était trop demander si elle exigeait un garçon super canon? Bon... juste mignon alors?

Mais qu'est-ce qu'elle devenait stressée! Ce n'était que quelques heures de cours, pas de quoi faire toute une histoire. Dans deux heures, elle irait se faire dorer au soleil avec ses copines maquillées et tout irait bien. Elle aurait déjà tout oublié. Nerveusement, Lucie fouilla dans son sac à la recherche du briquet qui allumerai la cigarette qu'elle avait déjà dans la bouche. Mais celui-là restait introuvable. A tous les coups, dans sa précipitation, elle l'avait oublié sur sa table de nuit.

Lucie sourit tristement. Un moment, elle sortit sa baguette. Mais décida que le jeu n'en valait pas la chandelle. En jetant un 'incendio' elle risquait de faire cramer sa mini-jupe, ses cheveux, le bateau, les élèves... au lieu de bêtement allumer sa cigarette. Voilà au moins une chose qui était positive à ces cours inopinés : elle pourrait peut-être apprendre à jeter convenablement un sort! Ah! qu'il était rageant de tenir cette cigarette, d'en sentir le goût, et d'avoir envie de la fumer sans en avoir les moyens.

*Et je suis censée être une sorcière, pfft.*

Et puis soudain!

"Jonas!"

Avant qu'il rapplique, à cinquante mètres de là, elle avait reconnu la silhouette du garçon. Pas qu'elle le connaisse si bien que ça, mais c'était aussi un des rares garçons plutôt gentils et avec qui elle n'avait jamais eu aucun mouvement prédateur, alors bon. Ca marque, forcément. En tout cas, Lucie était bien contente que ce soit lui, même si il n'était pas candidat potentiel à un draguage intensif. Pendant les entraînements de pompoms coincidant avec ceux du batteur, la cheerleader Anson avait bien essayé de se pavaner un peu devant ce joli garçon inconnu au bataillon. Mais quelques enchaînements plus tard, elle avait bien compris qu'il n'y avait sans doute rien à faire. Intriguée, ils avaient fini par faire connaissance (si peu, mais quand même!) et puis voilà : il lui donnait des cours et ça lui plaisait bien! Après tout, tant pis pour la drague... elle devra étudier. Rien qu'à cette pensée, Lucie crut défaillir.

"Alors c'est à toi que Summers en veut!" répondit Lucie, et sur le même ton (plus cynique peut-être encore?) à la plaisanterie de Jonas.

Elle entra, gratifiant le Gryffondor d'un "oh quel garçon galant!" et déplora la froideur de la pièce, avant de s'asseoir sur une chaise. Pas très confortable d'ailleurs. Bah quoi? C'est une petite chose fragile Lucie!

"Qu'on soit là, là ou là, c'est la même chose je vais devoir travailler." soupira la Serpentard, très, très, très triste quand même. "On commence par ce que tu veux!" ajouta Lucie tentant de montrer un tout petit peu d'enthousiaste, "et je ne répondrai pas au reste."

Lucie se tût deux secondes, prit une grande inspiration. Oh allez quoi... C'était Jonas. Elle pouvait bien avouer devant témoin qu'elle était une véritable catastrophe ambulante, qu'elle ne savait pas faire un 'lumos' correctement, qu'elle cassait tout ce qu'elle touchait, qu'elle était vraiment très très nulle quoi.

"Je suis vraiment très très nulle."

Lucie releva le regard qu'elle avait baissé un peu (juste un petit peu hein! Un Serpent ne se soumet pas au Lion, même quand on l'aime bien!). Il la trouvait pas encore plus nulle d'avoir dit ça au moins? Mais qu'elle était idiote celle-là...

Effectivement, c'était à lui que Summers en voulait. Et pas qu'un peu, apparemment.
Jonas avait souri lorsque Lucie y avait d'ailleurs fait allusion, glissant un "Ouais." amusé. Il n'était sûrement pas le prof idéal, mais tenterait de faire de son mieux pour sauver la Serpentarde d'un échec cuisant aux B.U.S.E.s, et ce malgré le peu d'enthousiasme dont elle faisait preuve -enthousiasme qui, par la suite, augmenta d'ailleurs légèrement, insufflant un regain d'espoir au jeune homme. C'est vrai qu'avec une sorcière motivée -ou au moins, faisant semblant de l'être- la tâche n'en serait que plus aisée, pour le professeur comme pour l'élève. Qui se montra d'ailleurs bien réticente, à l'énonciation de son niveau actuel, arrachant un sourire plus ironique au Gryffondor.
"Tant mieux. Je suis justement là pour que tu sois un peu moins nulle." Il quitta sa position précaire, et alla s'accouder à la table, toujours à demi-tourné vers Lucie, se grattant doucement l'arête du nez, en proie à un dilemme. "Les Enchantements sont sans aucun doute la matière la plus primaire dans l'enseignement sorcier, et pourrait efficacement servir dans la vie de tous les jours..." Il parlait plus pour lui-même qu'autre chose, réfléchissant activement à la décision qu'il se devait de prendre. "... Mais aujourd'hui est un jour à Potions ! Ca se sent ! \o/" Jonas ne sentait en réalité rien du tout, y trouvant simplement un prétexte pour pratiquer sa matière préférée. Non pas qu'il n'aimait pas les Sortilèges, bien au contraire, mais, les Potions, c'était sa deuxième passion, après le Quidditch, bien évidemment. Et, il fallait le dire, il avait une légère idée derrière la tête, histoire de motiver les troupes. Mais chaque chose en son temps.
"On va d'abord..." Le sorcier se leva, et commença à se diriger vers l'armoire à potions, qu'il avait repérée dès son entrée dans la pièce. "... Revoir un peu la liste des ingrédients." Who. Il y avait tout ce qu'il fallait. Absolument tout. Les yeux de l'étudiant brillèrent d'une lueur nouvelle, et il s'empara d'un chaudron taille standard, avant d'y fourrer successivement -et avec un soin tout particulier- une balance en cuivre, une plume, du parchemin, du bundinmun, de la poudre de chrysope et de chenille, des crochets de serpent pilés, de la mandragore, du crin de licorne, des dards séchés de billywigs, des oeufs d'ashwinder, des yeux de scarabées, et d'autres trucs et machins dont seul un fana de potions pouvait raffoler. Il alla ensuite farfouiller dans les quelques étagères de livres, trouva Potions Magiques d'Arsenius Beaulitron, qui faisait office de livre de Première Année, et où se trouvait un inventaire détaillé des différents ingrédients. Il revint ensuite vers Lucie, posa tout son barda sur la table, et s'y assit en exposant différents trucs et machins relativement glauques.
"Tu sais ce que c'est, ça ?", fit-il en désignant les dards de billywig. La réponse fut négative, évidemment [HJ :Je l'ai supposé, vu la nullité de Lucie .__. Si t'es pas contente, t'as le droit de me taper ! \o/], arrachant un léger soupir à Jonas. "Des dards de billywig. Retiens-le bien, c'est sûrement l'ingrédient le plus courant, on en trouve même dans les Fizwizbiz." Il énonça ensuite rapidement le nom des autres bidules, demandant de temps à autre si elle savait de quoi il s'agissait, illustrant parfois ses dires avec des explications du livre.
"Essaie de retenir le maximum de noms pour la prochaine fois. A mon avis, tu pourras prendre le livre, personne ne le remarquera..."
Légère pause, le temps d'appuyer les paroles qui allaient suivre.
"Dans un premier temps, je vais t'éviter toutes les potions à deux balle comme celle d'Amnésie ou de Force. La partie barbante, on la verra plus tard. Ce que je veux te donner maintenant, c'est l'envie de faire une potion, savoir comment doser, choisir les ingrédients, jouer avec les différentes températures de chauffe, si feu il y a, pour finalement obtenir quelque chose que tu désires." Le sourire qu'il avait affiché jusque-là devint plus malicieux, voire mutin, comme lorsqu'il préparait quelque chose -et c'était effectivement le cas. "Et je crois savoir que les seules choses qui te font envie sont les garçons... Et le maquillage." Il attrapa un bout de parchemin, commença à y griffoner de son écriture pressée. "Je pense à ce cours depuis que je me suis proposé à Summers. Et, j'ai eu une idée pour te motiver un peu..." Il termina la liste, la fit glisser à Lucie. "Au stade final, on devrait obtenir une substance transparente. Un gloss, qui changera de couleur, de parfum, ou même de nombre de paillettes, en fonction de tes envies. C'est pas grand chose... Mais c'est déjà ça."

Citation :

Gloss arc-en-ciel
Mettre 100g de Billiwig puis 80g de Racine d'Asphodèle dans l'eau tiède. Rajouter un Crin de Licorne lorsque l'eau est à ébullition. Mélanger le tout pendant une minute, puis ajouter deux gouttes de Bave de Tatou, une pincée de Poudre Argentée, vingt gouttes de Sécrétion de Bundimun, le tout dans l'ordre. Eteindre le feu, laisser reposer pendant deux minutes. Rajouter quatre morceaux de Chenilles, mélanger, rallumer le feu. Laisser chauffer pendant cinq minutes, puis ré-éteindre avant d'ajouter deux pincées de Poudre de Chrysope.
Mélanger, attendre deux minutes.
Et hop, là ! \o/

Il sortit sa baguette, alluma un discret feu sous le chaudron, et ajouta :"Ne te précipite surtout pas, prends ton temps, et demande-moi si jamais tu as un doute. N'oublie pas qu'à la fin, si tout se passe bien, tu seras en possession d'un nouvel outil de maquillage."

[*tape pas* \o/ *se rend compte qu'elle place tous ces délires HRP dans ses messages* o_O]


"Un gloss?"

Les yeux de Lucie plutôt éteints s'étaient subitement rallumés. Pauvre petite Lucie. Il suffisait qu'on lui agite un truc brillant et pailletée, de préfèrence à la framboise, devant le nez et elle aurait dit amen à tout. Heureusement qu'elle assumait plutôt plus que moins d'être une vraie fille superficielle et neuneu, hein? Jusque là l'exposé de Jonas avait été très ennuyeux, quoiqu'il y mette beaucoup d'energie et de bonne volonté, ce qui avait arraché un peu d'intêret à Lucie. C'était peut-être amusant s'il s'impliquait avec autant d'ardeur... Et puis on ne pouvait que le féliciter d'avoir eu une initiative aussi casse-gueule que donner des cours à la pire catastrophe scolaire que l'école de Poudlard eu jamais connu!

*Peut-être que je suis une crakmol* avait pensé tristement Lucie, avant de se frapper mentalement *n'importe quoi.*

Alors Lucie avait écouté aussi sagement que possible la différente liste d'ingrédients que lui présentait Jonas, tout en sachant qu'elle ne retiendrait pas la moitié de ce qu'il disait. La mémoire, en plus de l'adresse et de l'attention, lui faisait cruellement défaut. Mais peut-être pouvait-elle travailler tout ça? Ce n'était pas chose si difficile. Lucie se demanda un instant si elle était pas en train de devenir folle, et essaya, avec un peu de mal, d'imaginer le livre de Potions trôner au milieu de ses paquets de cigarettes vides et des couleurs pailletées de ses vernis, fards, mascaras rouge à lèvres. Lucie eut un sourire : ca promettait!

La jeune fille avait presque mal au cou, à force de dénégations. L'étendue de sa bêtise devenait fort inquiétant... Quand quelques mots familiers et plus intéressant chatouillèrent son oreille! "Garçons", "maquillage"?... euh c'était quoi au juste le rapport avec la matière barbante et ennuyeuse qui consistait à mélanger des trucs inconnus avec des trucs bizarres pour faire d'autres trucs qui servaient à rien? En plus, les Potions lui faisaient facheusement penser à de la cuisine, quelque chose qu'elle n'aimait pas beaucoup non plus sauf quand on lui servait sur un plateau sans qu'elle est rien d'autre à faire que la manger! Les deux mots sus-nommés c'était un peu plus interessant non? Malicieusement Lucie glissa un "Nan, j'aime bien le chocolat aussi." Tentative d'auto-dérision? C'était bien une grande première! *mais ça fait grossir, et adieu les mini-jupes* Ah voilà, une réflexion plus ansonienne!

Puis, enfin, Jonas lui avait proposé de fabriquer le gloss... un gloss? On pouvait faire ça avec la magie? Un gloss qui change de couleur avec les vêtements, brille en fonction de la luminosité et parfume à volonté? Lucie se frappa mentalement de nouveau. *bah oui, idiote! * Comme noté plus haut, ses yeux se rallumèrent et un sourire effaça la moue boudeuse de ses lèvres. A ce moment précis, elle faisait vraiment son âge, ses quatorzes petites années et on pouvait presque oublier qu'elle était fardée comme un camion volé.

"Oh j'adore l'idée!" s'exclama-t-elle! "Enfin..." reprit-elle, elle se sentait un peu emportée tout d'un coup et ça lui faisait peur. Elle était vraiment en train de dire que travailler pouvait avoir de bon côté? que la vie valait d'être vécue pour d'autre chose que le bronzage et les talons aiguilles? Elle se rassura en se disant que c'était pour la bonne cause : elle allait fabriquer un gloss trop bien! "Enfin, non j'aime bien vraiment et je vais..." Inspiration. "...y travailler." Bah voilà, c'était dit. Lucie leva les yeux au ciel, et les reposa sur le parchemin.

Elle n'avait bien sûr rien retenu des mots bizarres qu'avait dit Jonas, mais son orgueil en prendrait un coup si elle l'avouait trop explicitement. Alors Lucie tenta tant bien que mal de faire sa potion, lisant discrètement le lexique du bouquin de Potions quand Jonas ne regardait pas trop. Arrivée à l'épisode des chenilles - qu'elle avait exécuté avec tant de maladresse et dégoût qu'elle en avait mis bien trop! - la texture de la potion ressemblait vaguement à celle collante et fluorescente d'un flubber qu'on aurait laissé moisir deux ans dans un vieux placard.

"Euh...?"

Lucie mélangea un peu. C'était pire encore.

"C'est dur en fait."

Lucie semblait toute surprise que la fabrication d'un gloss ne soit pas plus aisée. Mais après seulement deux minutes trente de préparation pressée, ce n'était pas très étonnant que la potion ne ressemble à rien. Qu'est-ce qu'avait dit Jonas déjà? Ah oui : pas de précicipitation. *raté*

Ouais, bon... Normal.
Jonas avait apprécié la remarque vis-à-vis de chocolat, prouvant que tout n'était pas perdu. Il ne parlait pas des cours -à ce niveau-là, il n'en était pas vraiment sûr...-, mais de son incroyable quicheté, qui lui valait, il fallait le dire, une réputation crasseuse. Cette gamine -elle n'avait qu'un an de moins, mais la voir ainsi la rendait plus "fragile" encore- lui donnait envie de la prendre sous son aile, et de la protéger contre ses vilains garçons du dehors. Pasteur Jonas, Allô j'écoute ? Un cas désespéré ? Tout de suite Mademoiselle, c'est ma grande spécialité ! \o/ ... Hem. Voilà qu'il allait se transformer en jardinier ange gardien de Lucie Anson, l'une des filles les plus dépravées de Poudlard. Et lui inculquer les bases du Bien et du Mal -surtout niveau coucherie- se révèlerait être un parcours semé d'embûches, peut-être encore plus que de lui apprendre la magie. Rien que de se rappeler le dernier entraînement coïcidant entre cheerleaders de Serpentard et équipe de Quidditch de Gryffondor, il doutait sérieusement sur la réussite de la mission qu'il s'était imposé. Il fallait dire qu'il avait ouvert la porte du vestiaire au mauvais moment, malheureusement. Lui, le grand romantique, avait pris un coup lorsqu'il avait entrevu la scène, trop glauque, trop crue, trop tout à son goût.
Enfin. Il fallait bien que quelqu'un la prenne en main, Miss Anson, et ce malgré son comportement désespérant. Qui mieux que Jonas était capable de faire d'elle quelqu'un de bien ?
... Quand il vit la couleur et la texture de la potion, il douta, encore une fois. Allez allez Jonas. Ne pas se laisser abattre pour si peu ! C'était normal qu'elle se plante dans la préparation la première fois, surtout au vu de la rapidité avec laquelle elle avait suivi ses instructions. Au moins, sa recette avait l'air de lui avoir fait plaisir, à la Serpentarde, et lui avait même donné de l'inspiration, apparemment. C'était tout bonnement génial, pour Jonas, de voir ces efforts nocturnes -il avait bien fallu le mettre au point, ce fameux gloss- satisfaire quelqu'un à ce point. Mais là où il serait réellement content de lui, serait quand la jeune fille arriverait enfin à potionner quelque chose d'acceptable, voire mieux. En parlant d'elle, Lucie avait d'ailleurs l'air surpris du résultat, mais il n'était pas étonnant pour son professeur improvisé.
"Les recettes miracles, en Potions, sont la Rigueur, et la Patience. Si tu bâcles une potion sans t'appliquer, le résultat restera toujours..." Il cherchait ses mots, tapotant sa joue du bout de sa baguette. Et son regard glissa vers la solution fluo. "... Comme ça." Il se leva, jeta un nouvel oeil à la mixture, et indiqua du doigt la recette miracle. "Tu as trop mis de chenilles. Oublié de ré-éteindre le feu pour le rallumer plus tard -d'ailleurs, demande-moi pour l'Incendio. Le truc, c'est de prendre son temps... Respecte bien les temps d'attente entre chaque ingrédient, mélange quand il le faut." Aucune animosité, ni de reproche, dans sa voix. Simplement un constat, qu'il faisait même avec le sourire. "Allez Luce. On recommence." Du bout de sa baguette, il tapota un coin du chaudron, dont le contenu s'évapora avec plus ou moins de rapidité. "Cette fois, énonce les étapes à voix haute, avant de les faire. Ca t'aidera sûrement." Il la fixa de ses yeux marrons / gris, sourire au rendez-vous, attendant qu'elle se lance.

"Mais je veux pas que tu..." Lucie soudain véhémente s'était tu. Est-ce qu'elle avait des allumettes? Est-ce qu'elle n'avait pas oublié son briquet sur la table de nuit? Etait-il d'ailleurs sensée de vouloir allumer soi-même, et grâce à de simples artefacts moldus, un feu qui devait être contrôlé aussi minutieusement que possible? De plus, Lucie, si elle n'était pas capable de grand chose en cours - hormis en Divination, que sa fantasque imagination déservait fort bien - , n'était pas une sotte finie. Au moins savait-elle qu'elle avait beaucoup de difficultés, et que c'était seulement par le travail qu'elle pourrait combler ses lacunes. Mais le mot 'travail' n'étant apparu dans son vocabulaire de pouffe basique que depuis un temps très limité, Lucie n'avait jamais vraiment eu l'occasion de se rendre compte des efforts qu'il fallait fournir pour passer des examens. *Il va falloir qu'on m'aide* Heureusement cela semblait sur la bonne voie. Elle avait déjà ravalé un peu de son orgueil mal placé. "Tss! Ca m'enerve, mais oui je te demanderai pour l'incendio!"

La jeune fille reprit donc le parchemin, après avoir écouté avec un peu de mauvaise humeur - mais docilement! - , toutes les erreurs qu'elle avait commises lors de la préparation. "J'imagine que c'est par les erreurs qu'on n'apprends mais tu peux m'interrompre quand je me trompe aussi. Si t'es là pour ça!" Oh, Lucie n'était pas méchante et d'ailleurs elle ne pensait pas vraiment ce qu'elle disait. Elle agissait par contrecoup et mécaniquement, parce qu'elle avait tout de même un peu de mal à digérer son échec. Même quand celui-ci était prévisible dès le départ. Ca restait une humiliation. Conséquence positive ! Lucie s'était maintenant pris au jeu, et avait réelement envie de réussir sa potion! Tant pour flatter sa fierté personnelle, que pour se rendre admirable aux yeux de son nouveau professeur : si Jonas était fier d'elle, Lucie aussi se sentirait fière. C'était une sorte de défi, et elle aimait bien les défis. Elle s'en lançait sans cesse... Draguer un garçon, faire une potion, voilà : c'était la même chose en fait!

"Alors euh..." commença hésitante la Serpentard. C'était un peu ridicule de lire à haute voix de cette manière, elle avait l'impression qu'on lui demandait aussi de prouver qu'elle savait déchiffrer sa langue maternelle. "Il me faut de l'eau tiède, donc j'en verse dans le chaudron et je dois peser les dards de Billiwig et les racines d'Asphodèle" Ses gestes accompagnaient de façon maladroite les paroles, et Lucie faisait un réel effort de concentration pour ne pas se laisser distraire. Il était difficile, pour la jeune fille dissipée de s'intéresser à une matière aussi délicate et complexe que les Potions. Mais sans le savoir, Jonas avait sûrement eu la meilleure idée qui soit! Il n'y avait rien de telle pour faire travailler la patience et la dextérité de Lucie, que cette matière fastidieuse.

Après avoir soigneusement vérifié qu'elle prenait les bons ingrédients, Lucie s'attaqua donc à la balance, et avec un peu de perplexité : *marche comment ce truc là?* Enfin! Lucie comprit le fonctionnement de l'objet et se débrouillait pas trop mal avec les différents trucs bizarres que lui indiquait le parchemin jusqu'à ce qu'il soit tant d'éteindre le feu! D'un oeil timide, elle chercha le regard de Jonas. "Euh... tu peux enfin, le feu quoi?" Et elle enchaîna très vite, très pressée et avec... quoi? un peu d'enthousiasme? Oui, c'était ça! "Je me débrouille comment? bien?" Heureusement que c'était lui pour lui donner des cours, car avec aucune autre personne elle n'aurait été capable de laisser tomber son rôle et son étiquette de Super Gloss Girl du Collège! \o/

"Mais en fait, Jonas?" Une interrogation venait de percuter l'esprit de la Serpentard. "Pourquoi tu me donnes des cours? Je suis chiante, t'as pas mieux à faire?" Et pendant ce temps la potion se reposait gentiment.

Mais elle ne voulait pas que quoi ? Ah, l'Incendio. Et, Ah, la fierté mal placée des Serpentardes... Il se souvenait d'une fois où il avait vu une Troisième Année s'arracher les cheveux sur une Potion de Force, et, faisant appel au Samaritain Emerson, était allé lui proposer son aide. Pour se faire renvoyer comme un malpropre. Et puis, plus récemment, lorsqu'il avait dû trainer Valentine à la fête, qu'il en avait sérieusement bavé pour ce faire, avant de ne rester avec elle qu'un léger quart d'heure...
Ouais, décidément, les filles, c'étaient des vraies chieuses, niveau orgueil \o/
Mais, au moins, Lucie avait fini par accepter son aide, à la différence des autres. D'ailleurs, il commençait à la trouver changée, avec ce cours. Elle avait d'abord écouté ses consignes, montré de l'enthousiasme, et s'était pliée à ses ordres sans trop broncher. Etaient-ce là les prémices d'un grand changement définitif chez Miss Anson ? Ne pas s'emballer, Jonas. Il restait toujours les chapitres Maquillage / Habits, et Garçons. Les plus gros, en somme. Et puis, la séquence Travail était bien loin d'être acquise. La jeune fille lui reprocha d'ailleurs de ne pas l'avoir interrompue -et, inconsciemment de ne servir à rien \o/-, ce qui provoqua chez le Gryffondor un nouveau sourire amusé, sans éveiller en lui une once de colère ou de vexation.
"Je voulais juste voir ce que tu valais sans que personne ne t'aide. Et, c'est normal de se planter la première fois... Tu crois que j'ai réussi d'un coup à l'élaborer, ce gloss miracle ?" Ola. Si elle savait. Il en avait bavé... Plus que pour les habituelles mixtures qu'il préparait dans un but purement bêtisier. Il avait même dû demander à Maxime de se mettre du gloss, sacrifice ultime pour la jeune fille qui avait finalement flanché sous sa trop grande insistance.

Quoiqu'il en était, Lucie replongeait dans la potion, avec une concentration avancée. Jonas respecta d'ailleurs cette fameuse concentration, écoutant et regardant la jeune fille agir sans un mot, évitant même les gestes trop violents. Il la laissa se débrouiller avec la balance, sur laquelle elle avait d'abord buté, puis se tourna timidement vers lui. L'heure de l'extinction des feux était arrivée, en même temps qu'une demande d'appréciation. Sans lui dire ce qu'il en pensait, un sourire devenu énigmatique aux lèvres, il prononça la formule appropriée sans problème apparent, soufflant ainsi les flammes qui dansaient sous le chaudron.
"Ouais, pour l'instant, c'est pas trop mal. Voire excellent, si on juge par rapport à ton niveau habituel. Tu as juste mis un peu trop d'asphodèle, le gloss risque d'être légèrement blanc au naturel, mais, sinon... C'est parfait." Légère pause, le temps qu'elle s'enthousiasme -ou pas .__.- de ce qu'il venait de lui dire. "Enfin, pour l'instant." Un petit coup de pression, histoire de lui rappeler que ce n'était pas terminé, et qu'elle devrait poursuivre ses efforts jusqu'au bout. Lucie attira son attention, et lui demanda un : "Pourquoi tu me donnes des cours? Je suis chiante, t'as pas mieux à faire?", auquel il répondit par un: "Il faut croire que non." taquin. Il reprit sa position intiale -rejeté sur la chaise, les mains derrière la tête- et ajouta :"J'aime aider les gens qui en ont besoin, et servir à quelque chose. Et puis, toi, je t'aime bien." Pause, à nouveau, jetant un regard à la potion qui reposait. "T'es moins chiante que tu penses l'être, Luce. D'ailleurs, ..." "... Tu pourrais être moins superficielle, aussi." Non. Ca aurait été malvenu, très malvenu. Le temps n'était pas à parler de ses défauts ; elle le prendrait sûrement mal, dit aussi crûment. "... Tu peux rajouter les morceaux de Chenille. Fais attention, cette fois..."

Non, Lucie n'imaginait pas combien Jonas avait pu en baver pour élaborer ce gloss, elle n'imaginait pas non plus le calvaire de Maxime. D'ailleurs, si on le lui avait raconté, elle n'aurait certainement pas compris, incapable de voir où était sensée être la torture. L'application de gloss était presque un hobbie pour elle, une discipline dans laquelle excellait Lucie! Tout comme la pose de vernis à ongles (pieds et mains confondues), l'assortissage de couleurs, le... Oui enfin bref, on en avait rien à faire! Certes. Et Lucie était presque surprise de comprendre que Jonas avait travaillé dur. Elle pensait naïvement qu'il avait trouvé la formule dans un de ces vieux bouquins qui traînaient sur les étagères, qui l'avait recopié pour la lui fournir et rien de plus. Mais... C'était quoi l'intérêt pour lui de s'arracher ainsi les cheveux (comme elle semblait le comprendre) pour une fille comme elle? pour la faire accrocher à une matière qui la désinteresserait peut-être demain? L'esprit, résolument tourné vers le profit, quelqu'il soit, de Lucie avait un peu de mal à comprendre la démarche de Jonas. Enfin bon, ça la dérangeait pas, hein! Elle avait bien dormi, elle.

Lucie revint au moment présent. D'un oeil attentif, elle guettait la réaction de Jonas à sa question, à savoir si elle avait, oui ou non, un quelconque avenir dans la magie, ou s'il valait mieux qu'elle se reconvertisse de suite dans une carrière moins ambitieuse : technicienne de surface au Ministère de la Magie par exemple. Sans vraiment s'en rendre compte, Lucie espérait beaucoup de sa réponse. Et un avis positif lui ferait le plus grand plaisir, même sans qu'elle le montre. Avis positif qui ne tarda pas trop à venir, quoique le sourire de Jonas intrigue un peu la demoiselle. C'était quoi ce sourire mystérieux? Il faisait dans le cynisme maintenant? Enfin... lasse de soupçonner tout et n'importe qui sans raison , Lucie décida de prendre la remarque pour ce qu'elle valait, une remarque constructive et somme toute flatteuse. Un sourire discret et satisfait s'imprima sur les lèvres de Lucie et ne les quitta plus, même alors que Jonas lui faisait remarquer sa petite 'bêtise' avec l'Asphodèle. De toute façon elle...

Oh, mais c'est vrai! Et la réponse à la deuxième question? Non moins intéressante que la première d'ailleurs. La question avait été jeté spontanément, mais la réponse était maintenant attendue avec avidité par Lucie. Alors? qu'est-ce qui pouvait pousser un courageux Gryffondor à s'attaquer au décrassage intellectuel d'une jeune Serpentard? Les premiers mots de Jonas arrachèrent un rire à Lucie, franc et pas vraiment moqueur. Elle était très amusée en fait. Ah! Elle n'était pas si chiante que ça alors? Soit il était encore plus adorable qu'elle ne le pensait déjà, soit il ne faisait attention à rien! C'était du moins l'avis de Lucie, qui avait du mal à comprendre qu'on puisse supporter avec autant de patience quelqu'un d'aussi dissipée qu'elle. Et puis il avait sorti les grands sentiments : aider les gens, défendre la veuve et l'orphelin, des trucs de Gryffondors, des trucs qui n'avaient aucun sens pour Lucie et qui serait toujours très loin de résonner en elle, quoiqu'elle fasse. "Et puis toi, je t'aime bien" Ah bon? Lucie qui avait repris un peu la lecture du parchemin redressa vivement la tête. Ah bon? Elle en était resté au coup des belles qualités de courage et de générosité qui animaient Jonas, et maintenant elle apprenait qu'il le faisait aussi pour elle? non pas pour n'importe quelle élève en difficulté, mais pour elle, Lucie! Ca lui faisait plaisir. Pas parce qu'elle se sentait flattée dans son orgueil ou adulée d'une quelconque manière non ; mais parce qu'être avec quelqu'un d'aussi simple et gentil que Jonas, c'était juste... bien. Pour une fois.

"Oh, eh bien." fit-elle "tu sais je crois que c'est pas la peine que je rajoutes les chenilles, j'ai attendu trop longtemps ça n'irai pas. Et puis je voulais te dire aussi que je voulais recommencer. J'ai trop mis d'Asphodèle et je ne veux pas d'un gloss qui tire sur le blanc au naturel." Voilà que la petite Lucie devenait une élève perfectionniste! On aura tout vu! "Je recommence!" ajouta-t-elle encore, avec ce ton autoritaire qui la caractérisait souvent. Et elle se dépêcha de refaire le travail, peut-être pas de façon plus minutieuse ou sans faire aucune erreur, mais avec une bonne volonté surprenante!

Lucie avait ri, arrachant une moue sérieusement étonnée à Jonas -et un presque tombage de chaise. Et pas du rire méchamment moqueur qu'il l'entendait habituellement utiliser, lors des entraînements de pompoms, ou même dans les couloirs de l'école. A souvenir d'homme, ce rire lui était totalement inconnu, venant de la jeune Serpentarde. Et puis, une personne de la maison des Serpents pouvait-elle se laisser aller aussi franchement ? Le Gryffondor en avait toujours été secrètement persuadé -à part pour deux ou trois cas sérieusement désespérés, dont il n'allait pas se risquer à divulger les noms-, mais, de là à voir Miss Anson s'exécuter... Il en avait presque chû de son siège, et aurait sûrement eu beaucoup de mal à se réceptionner sans la moindre égratignure, cette fois. Troublé, il se raccouda à la table, la vit redresser la tête du parchemin -où elle s'était replongée toute seule, faisant un peu plus croire à Jonas qu'un changement radical était en train de s'opérer- suite à sa réplique finale. Son élève avait l'air légèrement... Surpris, mais ne fit pas plus de remarque sur la chose, préférant recommencer la potion. ... Hein ? Recommencer la potion ?! Il avait commencé à se méfier lorsqu'elle lui avait dit que ce n'était pas la peine, pour les chenilles, insufflant alors au jeune homme de sérieux doutes sur la suite. Qu'est-ce qu'elle voulait fair... Voilà, recommencer, en prétextant ne pas vouloir d'un gloss imparfait. Etait-ce encore sa coquetterie notoire qui lui jouait des tours, ou devenait-elle simplement... Perfectionniste, dans autre chose que sa propre définition du maquillage, et de l'habillement ? Le sorcier en revenait encore moins qu'avec le rire. Les yeux comme des soucoupes, il regarda Lucie, qui venait d'appeler au renouveau de son ton de petite fille gâtée. Lui se frotta les yeux, secoua légèrement la tête, et replongea dans les prunelles de la sorcière future milliardaire, en déclarant, mi-sérieux, mi-sarcastique :
"Je rêve, ou Lucie Anson, adepte du maquillage et de garçons -de chocolat, aussi-, totalement désinteressée de la Magie, tient à refaire entièrement une potion, juste pour qu'elle soit parfaite ?" Il afficha un sourire éclatant, se mit en mode "\o/" supra dynamique, et eut un :"Mais c'est géniaaaal !!! \o/" typiquement Jonassien, avant de prendre la malheureuse -ou pas- dans ses bras. Après avoir profité de ce câlin amical, qui se révéla toutefois bref, il la prit par les épaules, la fixa dans les yeux, en glissant un :"Si tu savais comme je suis fier de toi ! \o/", des étoiles dans les yeux. Puis il la lâcha, tapota encore une fois contre le bord du chaudron -peut-être avec plus d'engouement que la dernière fois. "Allez, allez ! Je ne vais pas laisser filer cette occasion... Au boulooot ! \o/" Et, sur ce, il lança un nouvel incendio, regardant Lucie refaire le boulot, rongeant son frein pour ne pas lui sauter dessus à chaque seconde, tellement il en était fier.
Cette fois, il en était sûr ; Lucie Anson commençait bel et bien à changer. Grâce à lui ? Non, il ne s'attribuait sérieusement pas le mérite. C'était bien elle la seule responsable de ce fameux changement qui débutait, et, s'il avait joué un rôle, c'était simplement celui de déclic... Et encore. Il fixa ses cheveux roses, tandis qu'elle préparait le gloss, plongeant dans ses pensées samaritaines, le menton contre la paume de sa main. Allait-elle complètement se transformer, laissant tomber sa coquille de pouffinette pour une plus... Ou moins... Quelque chose ? Il tendait à penser que oui, mais ne voulait pas non plus s'emballer, si jamais il ne l'avait pas déjà fait. Huum... Il faudrait d'abord qu'elle se maquille plus sobrement, si ce n'était pas du tout. Le gloss, c'est bien, mais pas trop. Et puis, le fard à paupière était trop flashy. Et puis, ses vêtements, sa jupe était trop courte, son haut trop... Mon Dieu. Voilà qu'il en était à la détailler sans s'en rendre compte, la relookant mentalement.
Ne pas s'emballer, on avait dit ?

Lucie avait d'abord haussé un sourcil. Jonas qui s'étonne, Jonas qui manque de tomber de la chaise, Jonas qui commence à rallonger les voyelles... Oh, oh qu'est-ce que ça annonçait tout ça? Pas qu'elle n'aime pas Jonas hein, mais les grandes démonstrations de sentiments et d'affection, elle était pas trop habituée la pauvre Serpentard. En vrai, ça la faisait flipper. Vraiment. Comment devait-on réagir face à la spontanéité la plus crasse de l'Univers, comment prévoir? Ce n'était pas rassurant du tout, du tout. Au moins les Serpentards étaient prévisibles, à leur façon : on savait pertinament que leurs actes n'étaient jamais totalement dénués d'intérêt. Ca permettait de ne jamais y donner trop d'importance, et de réagir avec le recul nécessaire. Mais un Gryffondor...! et connaissant la réputation de fous de la famille Emerson, Lucie s'attendait au pire : une vive démonstration d'amitié, tendre et absolument trop choue. Autrement dit... Oui, un câlin. Un câlin? Mon dieu, Lucie pourrait être traumatisée de recevoir tant d'affection gratuite d'un coup.

"Oh!" C'était tout ce qu'elle avait trouvé à dire, alors que, comme elle l'apréhendait, Jonas lui prouvait qu'il méritait bien sa réputation de câlineur. Ah! Ca devait être drôle à voir! Le Batteur de chez les Rouge et Or, bon garçon et grand sauveur de ses dames, serrant dans ses bras une petite chose trop maquillée, plus habituée à faire tourner sa mini-jupe et agiter ses pompoms, qu'à se laisser aller à un peu de sentiments. "Bah, euh, c'est rien." fit-elle en rendant maladroitement l'étreinte à Jonas, tapotant son épaule... Non, c'était clair. Lucie était drôlement pas douée en câlins amicaux, mais au moins se laissait-elle faire! Après tout ce n'était pas si perturbant que ça. Elle semblait survivre en tout cas. Et puis il était fier d'elle. Il le montrait d'une façon tout à fait inédite pour la jeune fille, mais il était fier d'elle! Et un regain de satisfaction réveilla son orgeuil de Serpent. Mais curieusement, plutôt que de sourire avec suffisance - quoique non en fait, elle souriait avec suffisance par nature - plutôt que de se gausser intérieurement et de digérer le compliment elle... se mit à papoter! Oui, oui, expliquant en détail sa décision au pauvre Jonas qui allait vite se demander ce que le bon Dieu avait contre lui et comment il avait pu mérité ça. "Tu sais, un gloss qui tire sur le blanc c'est pas terrible, ça fait des lèvres palichônnes et ça n'irait pas trop avec mon nouveau teint bronzé, sauf si je m'habillais en blanc mais personnellement..." Ca vous intéresse, hein? " ... je n'ai pas beaucoup de blanc dans ma garde-robe, et je suis pas sûr que ce soit la couleur qui m'aille le mieux, avec le rose de mes..." Mais arretez-là. " ... cheveux ça n'irait pas, enfin je pense. Qu'est-ce que t'en penses? " ... Ouf! ._.

Eh non! "Tu crois que je devrais refaire ma garde-robe?" Bon c'est tout là? Oui c'était tout. Evidemment cette question portait uniquement sur le sujet épineux du 'Dois-je porter du blanc cette saison?', mais alors que de d'autres pensées enthousiastes agitaient l'esprit de Jonas, elle pouvait être interprétée d'une toute autre manière. Et surtout après un tel lavage de cerveau pouffinal. Mais avec tout ça elle avançait pas trop sa nouvelle potion hein! Après avoir jeté un oeil interrogatif à Jonas, elle se remit à son chaudron. Il ne devait sûrement pas connaître grand chose à la mode, après tout c'était un garçon. Elle demanderait à Kim, sa copine Barbie girl.

Lucie suivit avec zèle les instructions du parchemin, aidée par Jonas et son incendio, contente de pouvoir prouver qu'elle valait peut-être quelque chose dans une matière magique. Elle rajouta les chenilles, prenant sur elle pour surmonter le dégoût que lui inspirait les insectes *Et dire qu'il faut de ça dans un gloss.* et s'attacha à remplir les conditions suivantes, toujours un peu maladroite. Et le deuxième temps de pause arrivant, elle lâcha sans réfléchir : "J'essaye de faire bien!" Avant de se rendre compte de ce qu'elle venait de proférer. *hein, j'ai dit ça?*

... "Oh ?"
De cette interjection surprise -ou pas-, et de la façon dont elle lui avait rendu son câlin d'amour amical, Jonas pouvait déduire toutes sortes de choses. Apparemment, Lucie n'avait pas l'habitude des câlins, paradoxe consternant avec le fait qu'elle couche avec tout ce qui lui tombe sous la main -Jonas mis à part. C'est vrai quoi ; jamais on ne l'avait réellement prise dans les bras, en signe de quelconque amour, même si c'était pour un soir ? Et ses amis ? ... Est-qu'elle en avait, déjà ? Entre pouffinettes, on ne se faisait pas de câlins ? Ah, décidément, pour un câlineur pro comme le Gryffondor, Lucie était un mystère, niveau câlineries. Il faudrait qu'il lui inculque l'art de prendre dans les bras à tout bout de champ, aussi ? ... Bah. Pourquoi pas. La tâche ne l'effrayait pas plus que de lui apprendre à s'habiller et à se maquiller décemment. C'est Solis qui serait ravie de le voir se coller à Lucie dans les couloirs, simplement pour lui insuffler l'instinct câlineur propres aux Emerson. ... Ah, les Emerson. Ces bestioles charmantes qui vous sautaient dessus sans prévenir, vous distribuaient de l'amour à tout bout de champ -surtout si vous n'en vouliez pas-, dynamisant singulièrement l'ambiance Poudlardienne. Et, en plus, ils étaient deux, cousin et cousine, pour le meilleur... Et pour le pire, aussi. Surtout, d'ailleurs. Avec Gabrielle, comment s'attendre à autre chose ?
Erf. Il était reparti dans un de ses délires cousinaux -d'ailleurs proches des élucubrations Maximiennes-, sans se rendre compte de ce qu'il se passait alentour. Ah, si. Lucie lui avait expliqué les raisons de son choix, allant demandes de conseils et pensées purement matérielles, comme le fait qu'un gloss allant sur le blanc jurerait avec son teint hâlé. Mais... Ca n'avait pas d'importance, puisque le fameux outil de maquillage, une fois appliqué sur les lèvres, prendrait la couleur qu'elle voudrait -un léger voile blanc en plus-. Jonas avait arqué un sourcil, l'écoutant sans broncher, se creusant les méninges pour trouver une solution au problème existenciel de la Serpentarde. Devait-elle revoir l'ensemble de sa garde-robe ? Le suspense restait entier. Son professeur se sentait chargé d'une mission de la plus haute importance, comme si le monde reposait sur ses solides épaules.
Ou presque.
"Ben, euh... Je..." Non, il fallait qu'il se reprenne. Réfléchis Jo, réfléchis... "Teint toi les cheveux. ... En plus, cette couleur..." Il inclina la tête, plissa les yeux, sans se douter de la catastrophe qu'il allait sûrement entraîner. "... Ca me fait penser à Orphée Harper." Il fut tenté de lui demander de quelle couleur ils étaient naturellement, mais il n'avait pas réellement envie de passer pour une coiffeuse bavardant chiffons -et cheveux- auprès de Lucie. Et, il fallait le dire, il doutait qu'elle se souvienne de sa couleur naturelle, après toutes les transformations que sa chevelure avait dû subir...
Jonas s'attela ensuite à la regarder faire, une fois de plus, silencieux comme une tombe, ou une carpe, mais ça c'est moins la classe. Il incendia quand il le fallait, éteignit le feu aux temps de pause, quelque part admiratif -et terriblement fier- des progrès que Lucie pouvait faire avec un peu de bonne volonté. Il fallait dire qu'il l'appâtait comme un âne, avec un gloss en guise de carotte... Erf. Non. C'était différent. ... Un peu. Hem. Foutus états d'âme. Voilà qu'il culpabilisait de rendre les Potions plus intéressantes, aux yeux de quelqu'un qui ne les considérait pas en tant que telles.
Et, au moment où il ne s'y attendait pas, elle déclara un truc... Surprenant. Qui arracha à son interlocuteur un rire franc et bref, mais toutefois suffisant pour lui glisser la larmouille à l'oeil. Pas de moquerie -ça, c'était loin d'être son genre-, mais cette phrase était tellement inattendue...
"J'espère que tu essaies de faire bien ! Même mieux que bien. Et, j'te rassure, pour l'instant, tu y arrives à la perfection." Sourire Emersonien. Une légère flatterie -pourtant bien réelle-, histoire de lui donner la force de finir la potion, qui prenait forme.
Mais est-ce que ce compliment allait faire oublier la comparaison à Orphée ?
La suite... Au prochain post.

[euh... je me suis carrément étalée là : O Bonne lecture ]


... Non, certainement pas! Ca c'était clair, et net. Je suis navrée d'avoir à vous spoiler le reste de ce post, mais Lucie ne souffrira pas une telle comparaison! Elle aimait bien Orphée, mais... voilà. Aucune flatterie ne pourrait vraiment rattraper ça, et certainement pas dans l'instant. Pauvre Jonas... S'il fallait lui donner un conseil, c'était de tout de suite reprendre les choses en mains avec une autre idée brillante, plus encore qu'un gloss effet givrée au menthol. Ou laissez passer un temps conséquent, Lucie était rancunière à ses instants mais il y avait fort à parier qu'elle aurait oublié la maladresse dans... deux ou trois semaines? Oui ça semblait raisonnable. Mais nous n'en sommes pas vraiment à cet instant du récit. Il pouvait encore y avoir quelques rebondissements.

Si donc, Jonas allait commettre une véritable gaffe sans le savoir, il faisait en revanche preuve d'une grande lucidité sur l'état désastreux des relations de Lucie. Elle n'était copine qu'avec des filles aussi superficielles qu'elle pouvait le montrer elle. Leur échanges amicaux se limitaient à : "Oui je m'le suis fait" "T'aurais pas le nouveau gloss effet juicy nacré de chez Bidule-Truc?" "Han, mon Dieu, elle a encore grossi!" Avec les garçons, elle avait de vagues connaissances, parfois plus amicales que d'autres... Sûrement était-elle plus à l'aise pour lier amitié avec le genre opposé d'ailleurs. Leurs discussions étaient toujours un peu plus constructives, ne tournant bien sûr jamais autour des sujets précédemment abordés, à savoir : mode, tour de hanches, et mecs. Mais il fallait toujours se poser les bonnes questions : n'était-elle pas tout simplement en train de tisser silencieusement sa toile autour de son hypothétique victime? Elle le faisait peut-être même inconsciemment. Lucie avait tellement l'habitude d'être abordée, emballée, jetée, qu'elle finissait par reproduire le même genre de comportement avec ses conquêtes, se prenant pour une sorte d'amazone des temps modernes, militante féministe de la pire manière qu'il puisse être. Lucie se pense parfaitement normale, et ne voit pas où est le problème dans sa vie sentimentale. Qu'elle n'ai jamais connu aucun flirt innocent, la laisse de marbre et elle traiterait plutôt celui qui lui ferait remarquer qu'on n'est plus au Moyen-Age et que c'est un vrai coincé. Alors vous pensez toujours qu'il y a moyen de voler un câlin chez ces gens-là? Le dernier souvenir d'une telle étreinte devait remonter à loin dans la mémoire de Lucie, peut-être à l'époque où elle avait encore l'habitude de beaucoup pouponner son jumeau Luka, vers ses dix ans, avant Poudlard. Avant que sa conduite merdique, lui valle la réputation d'aujourd'hui.

Il allait avoir du travail le bon samaritain Jonas Emerson, et seulement deux ans pour ramener Lucie dans le droit chemin, si tel était toujours son but. Deux ans, ça pouvait être incroyablement long et tout à fait suffisant. Ce pouvait être aussi terriblement court. La jeune fille était une personne lunatique. Qui savait comment elle allait accrocher aux leçons particulières et aux conseils avisés de son nouveau professeur? Le déclic en matière de comportement et d'habillement allait-il être aussi facile qu'en matière de Potion? Rien de moins sûr, mais qui ne tente rien n'a rien! Et Jonas semblait être d'une espèce coriace. Après tout si c'était un Gryffondor, il devait avoir une bonne dose de courage et de volonté! Par contre niveau tact, il allait devoir repasser pour cette fois.

"Teins toi les cheveux." Elle s'apprétait à répondre. Elle voulait dire à Jonas qu'elle avait rencontré une Gryffondor dans la Salle de Bain du Phoenix, que c'était elle qui lui avait coupé les cheveux et qui lui avait fait abandonné l'idée sans le vouloir de se reteindre les cheveux, peut-être lui ajouter quelques détails amusants. Mais elle n'en eut pas le temps. "... En plus cette couleur ... Ca me fait penser à Orphée Harper." Lucie resta bouche ouverte, sans rien pouvoir articuler. Oh c'était très bête. Après tout ne s'était-elle pas elle-même dit qu'elle gardait ses cheveux roses parce qu'elle aimait ses cheveux ainsi, que ce n'était d'ailleurs pas exactement la même teinte et que, et que... Mais Jonas pensait que ça faisait le même effet...? Il venait de lui balancer à la figure qu'elle faisait la même chose qu'une autre fille, qu'elle copiait peut-être impunément sur elle. Pour une espèce comme Lucie, c'était l'insulte suprême qui pointait un manque flagrant de personnalité et d'intérêt chez la dite-personne. Mais pouvait-il comprendre cela, hein! "Humpf" grogna-t-elle mécontente. Ce n'était sûrement pas évident, mais elle bouilllonait! Et contenait avec difficulté ses émotions. Et le seul refuge qu'elle trouva à l'instant là, c'était la potion, qu'elle continua redoublant d'ardeur. Elle aurait pu la bâcler, laisser lamentablement tomber, mais elle n'était pas arrivé jusque là, souffert des leçons et une terrible comparaison, pour tout gâcher. Et puis après tout, ça aurait été bête de passer à côté d'un nouveau gloss, hein? Même si elle avait pertinament conscience que ce cours lui avait apporté un peu plus qu'une nouvelle arme.

Elle s'evertuait à ne pas croiser le regard de Jonas, jusqu'à ce que celui-ci lui rappelle qu'elle avait eu un mouvement irréfléchi en avouant qu'elle s'appliquait à bien travailler. Travailler... non mais! Que lui avait-il pris? Ah oui, elle n'avait pas choisi c'est vrai. Elle croisa furtivement le regard du garçon, puis se replongea dans la préparation. Oui, oui ça lui faisait bien plaisir, ça améliorait un peu son humeur un petit peu. Oh c'était même parfaitce qu'elle faisait? Mais tant mieux! Voilà ce qu'elle ferait plus tard, elle ferait des gloss arc-en-ciel à la chaîne pour toutes les grandes marques distributeurs. Quel avenir! Elle arrivait à la fin de la potion, esquissant un bref sourire sans joie à l'adresse de Jonas, histoire de dire qu'elle avait reçu le compliment, cinq sur cinq, merci. Mais l'énervement n'était pas chose facilement contrôlable, surtout pour Lucie et même pour une motif pareil. Aussi futile qu'il puisse vous paraître, pour elle ça avait de l'importance. C'est tout. Elle tendit la main, pris le pot de verre qui contenait la Poudre de Chrysope dont elle devait mettre deux pinçées dans le mélange. Le dernier ingrédient. Faux-mouvement. "Oh..."



Pas plus que ça, un "oh" très déçu, très las, alors qu'elle observait les morceaux de verre brisé qui se fondaient au mélange coloré, dont une épaisse poudre blanche maintenant recouvrait la surface. Le pot s'était brisé dans le chaudron alors qu'étourdie, elle l'utilisait au dessus de la potion et tremblait un peu. Lucie se sentit soudain très, très, très, très fatiguée nerveusement et ce sans trop savoir pourquoi. Le déception, l'agacement... autre chose? Elle allait pas se mettre à pleurer quand même, et sans même en avoir la cause. Pas devant quelqu'un! Bah... elle avait un peu les yeux qui brillaient quand même, mais le cacha, tant bien que mal. Plutôt bien, pensait-elle. Après tout c'était son truc le jeu, le théâtre. Elle prit une brêve et forte inspiration, et releva un regard redevenu clair sur Jonas. Oui, c'était son truc. Seule sa voix tremblait légèrement sous le coup de la nervosité encore présente. Elle fit un pauvre sourire. "Bah c'est pas grave... J'ai pas, vraiment pas le courage de recommencer. Des gloss j'en ai plein dans ma trousse et... et puis c'était pas l'important. J'ai appris ce qui fallait et c'était plutôt marrant." Elle resta là, bêtement plantée devant son chaudron qui bouillonait bizaremment.

"J'ai pas très envie de changer de couleur de cheveux." répondit-elle a retardement, toujours un peu secouée. C'était la première fois qu'elle faisait un truc concret, utile, dont elle se sentait un peu fière et ce pour des raisons tout à fait saines. Et c'était une potion. Risible. Triste même. Heureusement qu'elle ne se rendait pas tout à fait compte de cela, que tout ce qu'elle ressentait c'était une intense fatigue. Oh, elle avait oublié Harper, tiens. Un sourire plutôt joyeux animait ses lèvres "C'est pas grave, j'ai rien perdu!" répéta Lucie. Enfin, elle ne savait plus trop quoi faire maintenant. Si elle avait été plus habituée, elle aurait pensé que ce qu'il lui fallait c'était un câlin. Mais ce n'était pas le cas, alors elle ne pensa rien. ... Jonas?

... Hein ?
Ah ! Oui oui, j'arrive, j'arrive.
C'était à prévoir ; Lucie avait mal réagi aux propos du jeune coquelicot, qui, malgré le grognement mécontent, n'avait d'ailleurs même pas remarqué qu'elle était en pétard. Il aurait pu s'en douter ; comparer la jeune fille à une autre, même indirectement et de façon ciblée, était voué à la mettre en rogne. ... Mais non, pendant un instant, il avait zappé ce point important, Règle Numéro 2 dans le guide de la Pouffinette. Il fallait dire que Jonas était sacrément quiche, pour ce qui était observation, excepté envers les personnes qu'il connaissait par coeur, ou celle à qui il portait une attention toute particulière. Que Lucie ne se vexe pas, elle était comprise dans cette dernière catégorie, mais la préparation de la potion additionné à sa surveillance pompait l'éventuelle attention qu'il pouvait offrir. Ben, oui, le Gryffondor était un garçon, et, en conséquence, ne pouvait pas faire deux choses en même temps, sous peine de s'emmêler complètement les pinceaux, si pinceaux il y avait. Il se rappelait de la fois où il regardait la télévision ( NdA : Objet moldu, retransmettant divers programmes divertissants, passant de Qui veut gagner des gallions, à l'adaptation de drames Shakespeariens ) avec Solis, tout en mangeant des biscuits, et, après s'être exclamé "Han ! Tatiana et Laly se sont presque tapé dessus ! : O" suite aux aventures Secret Storyenne, s'était rendu compte qu'il mâchonnait l'emballage biscuital depuis cinq bonnes minutes. C'est dire à quel point l'émission le passionnait, lui et sa cousine. Mais ceci est une autre histoire.
Jonas venait de comprendre que Lucie était passablement énervée, lorsqu'elle lui avait faussement souri. Enfin. Et trop tard. Alors qu'il fixait la Serpentarde, à la recherche d'un quelconque signe de nervosité supplémentaire, il n'avait pas vu le tremblement qui agitait ses mains, lorsqu'elle avait pris le bocal de poudre. Peut-être aurait-il pu réagir, sauver la potion in extremis avec un sourire bright, et emballer la demoiselle en détresse -comme dans Superman, ou Spiderman, ou même Hercule, tiens...-, mais non, pas cette fois-ci. Un bruit de verre brisé plus tard, le professeur improvisé revint sur Terre, répondant au "Oh" de la D.E.D. ( Demoiselle en Détresse, pour ceux qui n'aurait pas reconnu \o/ ), par un "Merlin..." prononcé à mi-voix. Là, c'était foutu. Et il était terriblement déçu. Déçu car Lucie avait eu l'air terriblement emballé à propos de la poition, puis fier suite à ses compliments, pour ensuite échouer dans la dernière étape, à cause de lui, indirectement. Déçu car elle était déçue, en somme. Cette fois, il avait noté son air tristounet -heureusement pas les larmes qui commençaient à lui brouiller la vue-, et fronça les sourcils en une moue désolée, franchement tenté de la prendre dans ses bras. Ce qu'elle dit -son ton et son sourire, surtout- l'accablèrent un peu plus, comme si elle tentait de se convaincre elle-même. Plus la peine de te cacher, Lucie, Jonas avait compris que cette potion, c'était plus qu'une bête mixture, où on mélangeait des trucs louches. Il ne lui en fallut d'ailleurs pas plus pour lui attraper le poignet, et l'attirer contre lui en une étreinte consolatrice, passant ses bras autour de ses épaules. Quelques secondes, il resta silencieux, puis choisit de dire quelque chose, qui éventuellement, pourrait lui faire plaisir.
"Oublie ce que j'ai dit, pour tes cheveux. En plus, c'est même pas la même couleur... Orphée, c'est du rose bonbon, et toi, ça fait plutôt..." Rose Barbie. Rose Pouffinette. Rose Coquelicot. Des mots se bousculaient dans sa tête, mais pas les bons. "... Rose bonbon foncé. Voilà." Bon, c'était pas terrible, mais... C'était mieux que rien. Il la tenait toujours dans ses bras avec force, pour lui faire comprendre qu'il était là, et que, même, elle pouvait compter sur lui. Mais, intérieurement, il hésitait. Pas à propos du câlin, ça, non, mais sur ce qui allait suivre. Lucie n'avait pas l'air de vouloir recommencer -et il le comprenait très bien-, mais était-ce dû à une crise passagère ? Devait-il sortir son arme ultime maintenant ?
Allez, tentative.
"Luce, essaie encore une fois." Il brisa leur étreinte, la regarda dans les yeux, avec un sourire encourageant. "On peut faire une pause si tu veux, mais, après, on retourne bosser dessus." Il lui désigna le chaudron d'un mouvement de tête, où la mixture bouillonnait étrangement. Bah, pas d'inquiétude. C'était seulement du chrysope. "Tu voudrais vraiment laisser tomber ce gloss révolutionnaire, que toi seule utilisera ? T'as pensé à ce que tes copines diront, quand elle te verront avec du maquillage qui change à volonté ? Mortes de jalousie, qu'elles seront." Jonas tentait de susciter la motivation à la façon dont on provoquait une petite fille. Dernière fois qu'il invoquait la fille superficielle en Lucie, il jurait. "Même Orphée Harper n'en aura pas. C'est dire." Toujours avec le sourire, il tapota sur le bord du chaudron, dont le contenu disparut pour la troisième fois.
"C'est à toi."

La Demoiselle en Détresse (D.E.D. pour les intimes, apparemment) n'aurait pas beaucoup apprécié d'être traîtée ainsi, même si ça avait un côté très flatteur ; c'était les plus jolies filles non? Mais sinon, c'était un rôle ingrat, qui vous faisait passer sans vergogne pour une veritable idiote, la pire des quiches, voire une fille complètement tarte. Donc non seulement, on passait pour une demeurée, incapable de penser par elle-même et de prendre sa vie en mains, mais en plus (et c'était le plus grave, le plus difficile à digérer) on devait se contenter du héros, et que de celui-ci! Bon d'accord, il était généralement pas mal, bien foutu, tout ça. Mais il était toujours un peu neuneu sur les bords, avec tout plein de principes à la con du genre "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants". Et puis le méchant était souvent pas mal dans ce genre de film pour ados attardés. C'était bête de devoir s'en priver. Quoique dans Spiderman 3, Mary-Jane emballait Osborne deuxième du nom. Enfin, bon. Vous l'aurez compris, c'était pas vraiment dans ce rôle de pauvre jeune fille paumé que s'imaginait Lucie - sûrement à tord d'ailleurs. Et puis de toute façon elle ne connaissait pas le cinéma moldu, alors elle ne trouverait pas l'argument Spider Man pour alimenter l'anti-thèse de son développement, dont tout le monde se foutait de la conclusion puisque ce n'est qu'un délire de joueuse fatiguée, puisque cela ne s'appuyait que sur une autre pensée loufoque de Jonas, ou de sa joueu... oui c'est bon j'arrête de striker ._. que Lucie aurait bien été incapable de connaître.

Par contre ce dont elle ne pouvait pas réfuter l'existence, c'était le fait qu'elle se retrouvait sans savoir ni pourquoi, ni comment, ni dans quel fin, coller à Jonas qui un instant auparavant lui donnait encore un cours de Potion. Ah. Il devait recommencer à faire un câlin, le truc avec cent pour cent d'affection gratuite dedans, offre illimitée, avec bonus à l'intérieur. C'était toujours un peu étrange. Quel intérêt les gens pouvaient avoir à se lancer des câlins sans raison apparente, et surtout sans autre but que de... euh non, sans but du tout en fait. C'était la deuxième fois en moins de deux posts* d'une demi-heure qu'elle se faisait agresser câlineusement par Emerson. Surprenant. Pas pour Jonas hein (ça... c'était un cas irrécupérable maintenant!) , pour Lucie. Mais curieusement, si elle avait été un peu traumatisée par le premier câlin surprise, ce deuxième était... quoi? agréable? Ouais. Oyé, oyé! Lucie Anson venait de découvrir qu'un innocent câlin était une activité sympathique, marrante, voire réconfortante. Quelle nouvelle! Bon bien sûr, elle ne serait jamais une câlineuse professionelle de l'acabit de Jonas... non, elle ne serait jamais une câlineuse tout court mais ce serait encourageant pour le futur projet du Gryffondor de voir qu'elle se laissait enfin aller à un peu de sentiments inutiles.

Puis il avait tenté de la réconforter. Et vu son dégré d'aptitude à la consolation, ça aurait pu tourner à la catastrophe nucléaire, mais il mettait du coeur en tout cas. Peut-être Lucie l'avait-elle senti... Non sûrement pas en fait, elle n'était pas très fine psychologue quand il ne s'agissait pas de prévoir quelques plans machiavéliques de bas étages. Elle n'avait juste plus tellement besoin. Mais ça lui faisait plaisir de voir que Jonas y mettait du sien. Elle se risqua à tapoter un peu son épaule, en lui disant : "Oui rose bonbon foncé, c'est pas mal trouvé. Merci Jonas, c'est gentil." Pour le coup, elle avait presque l'impression de le consoler lui, alors qu'au départ c'était plutôt le rôle que s'était donné le garçon. M'enfin...

"Réesayer...? " Elle avait fait la moue. S'il n'avait pas brisé l'étreinte, sans doute l'aurait-elle fait alors qu'une petite moue dubitative s'imprimait sur ses lèvres glossées. Elle avait pas envie là, c'était vraiment pas le moment de lui proposer de recommencer à mélanger ses trucs. Quoique... Lucie écoutait d'une oreille attentive les bons arguments de Jonas, et se sentait peu à peu gagner par l'enthousiasme du garçon. C'est vrai qu'il n'avait pas tord. "C'est d'accord on recommence, enfin je recommence. Elle a intérêt à marcher ta recette, l'apprenti Maître es Potions" Décidement! Le Gryffondor était très doué pour charmer l'esprit des superpouffinette en puissance, il n'y avait pas à redire la-dessus. Un moment la pouffinette en question fut tentée par la pause, et notamment par la cigarette qui traînait toujours au fond de son sac. Quoi de mieux pour calmer ses nerfs après tout que quelques bouffés bien nocives, et toxiques comme il fallait? Ca c'était un truc qui plairait pas à Jonas. Elle n'en savait trop rien bien sûr, mais elle sentait que ça ne l'enchanterait pas de devoir interrompre ses leçons pour une pause clope. Lucie décida qu'elle n'en avait rien à faire. Elle en avait besoin.

Et puis ils pourraient peut-être parler deux secondes d'autres choses que de chenilles, d'incendio, et de gloss magique. La jeune fille commençait à saturer. Ca leur ferait du bien à tous les deux, décida-t-elle. "Je voudrais faire une pause quand même." Mais Lucie n'attendit pas trop son assentiment, sortit le paquet de sac, alluma la cigarette avec le feu qui recommençait à chauffer la fonte du chaudron et se rassit les jambes croisées. Oh, mais elle ne se demandait pas si ça embêtait Jonas? Bah apparamment non, hein! Elle jeta quand même un regard un peu désolé vers le garçon. Il allait comprendre adorable comme il était, non? "Mais promis je m'y remet après, et puis en attendant l'eau peut continuer à chauffer tranquillement, non?" Non? Bon okay, mauvaise excuse.


*pardon j'ai pêché

Une D.E.D., ça n'était pas forcément quiche.
Un exemple moins tarte que les autres ? Megara, de Hercule. ... Non, Jonas n'était pas un fan -pas plus qu'il ne l'était de Secret Story, en tout cas-, mais, quand même. Il connaissait ses classiques. Donc, cette fameuse Meg, avait mené Hercule en bateau, remballant le satyre, et Hadès lui-même, sous ses airs de femme fatale. Bon, à la fin, c'est vrai qu'elle finissait par se ramollir à cause du héros, et que, au départ, elle avait vendu son âme pour récupérer celle de son ex-petit ami -qui soit dit en passant, l'avait larguée pour une autre dès qu'il avait pu. Au moins, elle avait pris une décision d'elle-même, et servait à quelque chose, dans le dessin animé -à manipuler Hercule entre autre.
D'ailleurs, on pouvait même se demander si la comparaison au héros n'était pas pire que celle faite aux D.E.D.

Ahem. L'heure n'était pas à l'argumentation sur les D.E.D., et Jonas ( Sa joueuse en fait, mais psht. ) s'était déjà assez étalé comme ça sur le sujet. "Pas mal trouvé" ? Et elle le félicitait avec ça. Ouais, sur le coup, c'était plutôt elle qui le consolait. Mais tout ça avait déjà été dit un post plus tôt -et c'est mal de copier, en plus. Ce que la joueuse de Lucie ne savait pas -héhé-, c'est que la masculinité du Gryffondor en avait légèrement pris un coup. Mais, heureusement, il était assez gentil et humble pour faire passer sa fierté de côté. Et puis, la susceptibilité, ça n'était pas son truc -excepté quand on s'attaquait à quelqu'un de son entourage, sans défense, bref, les trucs de héros classiques quoi. La Serpentarde n'avait pas eu l'air emballé par sa proposition, au premier abord, puis il avait vu peu à peu disparaître sa moue englossée, sentant son propre enthousiasme grandir un peu plus. Elle mettait en doute l'efficacité de sa recette ? Il arqua un sourcil, mettant son cynisme à l'épreuve. Apprenti Maître des Potions ? Elle se moquait gentiment, en plus, le surnommant presque comme les gros chats que l'on pouvait apercevoir à Fort Boyard. "Bien sûr qu'elle marche, ma recette." Nan mais oh, d'abord. Il fut tenté de rajouter que c'était Lucie qui ne marchait pas bien, mais ç'aurait été trop méchant. N'empêche que cette simple pensée le fit sourire. Et puis, au moins, elle était d'accord pour retenter le coup.
... Après une pause. Et pas n'importe laquelle. Une pause clope. Hallelujah. Elle lui fournit une excuse minable, qui agrandit un peu plus son sourire.
Jonas capta le regard qu'elle lui jeta, et y répondit par un: "T'en fais pas, je supporte.", tout en chassant le nuage de fumée qui commençait à se créer. Il avait l'air de mentir, histoire de lui faire plaisir, mais en fait, ce n'était que pure vérité. L'un de ses voisins moldus, avec qui lui et Gabrielle avaient passé une grande partie de leur enfance, s'était mis à fumer à l'âge de treize ans, sous influence paternelle. Alors, tous les étés, il subissait, et avait fini par surmonter le mal de crâne carabiné que lui inspirait la fumée de cigarette, pour finalement s'y habituer, sans pour autant l'apprécier. Solis / Maxime allaient adorer, cette nouvelle senteur nicotine qui serait ancrée à ses vêtements et cheveux. Bah... Il prendrait une douche et changerait de vêtements. Ce qui l'amena à penser à...
"Tu fais quoi, après ce cours ?" Simple curiosité curiositesque, quoiqu'il pouvait éventuellement avoir de la suite dans les idées. Tout dépendrait de la réponse de Lucie. En attendant, il s'adossa à sa chaise, posa les pieds contre la table, genoux pliés, dévoilant ses vieilles Ethnies noires et blanches aux yeux de la fashion victim. "Si tu veux, on peut aller faire un tour." ... Finalement, tout ne dépendrait pas de la réponse de la jeune fille, il se lançait un peu à l'aveuglette. D'ailleurs, sa proposition avait quelque chose d'ambigu, qu'il nota peu après. "Enfin, sauf si t'en as marre de me voir, bien entendu."
... Bah, tant pis. Si elle le connaissait un peu, elle comprendrait.
... Ou pas.

Ou pas.
Comment Jonas allait réagir à la métamorphose de Lucie? d'élève presque modèle, à pouffe séductrice en puissance? Et que lui avait-il pris de réveiller ses instincts prédateurs, enfouis avec tant de mal peu auparavant? Qu'allait vraiment tenter notre sage et tendre miss Anson? Est-ce que Jonas allait finalement succomber au charme dévastateur de la euh... rousse?, colorée?, rose jeune fille? Ce cours de Potions, allait-il se transformer en quelque chose de plus... palpitant? Hin hin...

Autant de trucs que vous ne saurez jamais. Puisque Lucie n'avait pas compris le message de façon tordue et perverse. Oui, elle finissait par le connaître un petit peu. En tout cas assez pour savoir que Jonas n'était pas le genre de garçon à faire une telle invitation, et, aussi, qu'il n'était pas interessé du tout par ses airs de femme fatale de bas étages. Ca faisait longtemps que Lucie avait arrêté de se faire ce genre de film à son propos, et puis de toute façon sa conquête ne la passionnait plus tellement. Désolée Jonas, t'es trop romantique pour elle.

Lucie ne répondit cependant pas tout de suite. Evidemment elle n'avait rien de prévu, si ce n'est une manucure express qui pourrait attendre et un nouveau bain de soleil qui ne ferait que s'ajouter à une liste déjà bien longue, et son bronzage était presque au top. Donc, techniquement, elle ne faisait rien. Mais répondre qu'elle ne faisait rien, c'était dire : 'faisons quelque chose ensemble!' et est-ce qu'elle avait envie de se balader avec Jonas, recevoir encore des câlins, se marrer pour des trucs stupides, voire subir les conséquences d'un coup monté exceptionnel...? Oui. Ca la tentait bien de faire un truc nouveau et sans importance. L'inconnu c'était marrant. Alors, non. Elle ne ferait rien cette après-midi.

Savourant ses douces retrouvailles avec le tabac, Lucie entama encore un peu la cigarette, s'appliquant, quoiqu'en dise l'intéressé, à rejeter la fumée du côté opposé à Jonas. "Nan, je fais rien! Et j'en ai pas trop marre de toi ça va. Alors je crois qu'on peut aller faire un tour. Ca peut être amusant." Elle sourit, décroisa les jambes, finit sa clope, l'écrasa sous la table avant de la lancer dans la poubelle non loin et se remit devant le chaudron dans laquelle l'eau prenait juste la bonne température. Enfin... C'était ce qui lui semblait. Elle était incapable de dire si c'était exactement la bonne température bien sûr. Enfin bref. L'important est qu'elle s'y remit, et sans mauvaise grâce.

"Alors les machins là, dans l'eau tiède, c'est parti!"

Trop romantique ? Qu'est-ce qui n'était pas trop romantique, pour Lucie ? Les vestiaires, par exemple, comme elle le lui en avait fait la démonstration ? Enfin, pas vraiment à lui, mais plutôt à... Psht. Taire les noms. Car tout le monde sait que c'est mal de médire ( surtout sur Msn ). Et puis, franchement, ce n'était pas le genre de Jonas, blablater à tout va sur de parfaits inconnus, alimenter les rumeurs, les partager, etc, etc. Tout le contraire de la Serpentarde, tiens. Mais ceci étant bien loin des pensées actuelles et réelles du Gryffondor, revenons-en à nos moutons -les bouclettes en moins.
Lucie s'était tâtée (.__.) pendant un temps, jaugeant sûrement de l'importance des activités qu'elle se réservait après le cours, ou qu'elle réservait à Jonas, pour accepter de traîner avec lui le reste de l'après-midi. Allez Miss Anson, fais-lui plaisir, à ce pauvre jeune homme qui ne sait pas quoi faire de sa peau. Abandonné par Maxime et Gabrielle, qu'il avait été. Bien entendu, il avait d'autres amis -des tonnes d'autres amis, à différents degrés-, mais là, en ce moment, il voulait elles deux... Ou Lucie. Capricieux, Emerson ? Théoriquement, oui. Mais sa joueuse il savait pertinemment que s'il rencontrait quelqu'un sur son chemin, il s'en serait contenté, et aurait trouvé le moyen de s'amuser des heures avec ce(tte) fameux(se) bonhomme(tte), comme à son habitude.
Bref. Elle avait dit oui, déclarant même qu'elle pourrait trouver ça marrant. Jonas afficha un sourire éclatant, agrémenta le tout d'un "Génial !" enjoué, réellement ravi à l'idée de faire un tour avec la jeune fille. Ben, quoi ? Ils s'entendaient bien, et le sorcier se sentait sérieusement capable de l'aider à changer, même infiniment. Ah, cette idée de changement, elle s'était bien ancrée dans la tête du bonhomme. Encore plus quand elle avait accepté. Il doutait sérieusement qu'elle ait l'habitude de traînasser avec des "gens de son espèce", pour l'avoir vue accompagnée de pouffinettes à chaque fois qu'il l'avait croisée dans les couloirs de Poudlard.

Et en plus, elle se remettait au boulot -presque- toute seule. Merveilleux. Lui quitta sa pose peu orthodoxe, se leva pendant qu'elle bidouillait les ingrédients, et alla farfouiller dans le placard où il avait pioché tous les ingrédients, à la recherche de chrysope. N'aurait-il pas dû surveiller son élève, pour l'éviter de faire une bourde ? Bah. Il lui faisait confiance, maintenant. Il était intimement convaincu qu'elle la réussirait, cette potion, et ce sans son aide. Ah, enfin. Il se saisit du bocal, repartit le poser sur leur table de travail, et s'assit en la regardant faire, une fois de plus, sans mot dire. Il était attentif à chacun de ses gestes -il ne voulait surtout pas lui faire croire qu'il n'avait rien à faire de son travail-, sans jeter d'oeil à la mixture. Confiance à 100%. A tort, peut-être. Mais il y croyait.

Hallelujah. Lucie Anson venait de réussir sa première potion. Jetant un oeil pétillant au gloss qui ne l'était pas moins, Jo se leva, eut un sourire bright, ainsi qu'un regard empli de fierté. "Félicitations, Lucie ! C'est parfait !" Suivi d'un câlin félicitateur, bref, mais câlineur quand même. "Ah, attends !" Il retourna à son placard favori ( Ruby est parmi nous .__. ), y prit des fioles, et revint se planter à côté de son élève. "Une fois que ça aura refroidi, prends-en avec ça. Et puis, après..." Il tâtonna ses poches, y fouilla à la recherche d'un machin quelconque, et en sortit un bout de plastique transparent. Un tube de gloss vide, en réalité. Gentiment taxé à sa cousine préférée, lorsqu'elle en avait eu fini avec une des bestioles glossiales. Il le tendit à Lucie, et continua : "... Utilise ça, pour l'application directe."
... La leçon s'achevait-elle ?

Quoi? Alors, elle avait vraiment réussi sa potion, elle avait vraiment fait un progrès, un vrai de vrai. Pas comme ce qu'elle tentait habituellement à la bibliothèque par exemple : des livres pas tout à fait passionnants s'ouvrant sur le dernier Sorcière Hebdo savamment planqué, ou devenant barrière à un remaquillage en règle, ou encore paravent aux secrets de polichinelle de Poudlard. Rien à voir, avec ce qu'elle venait d'accomplir! Bientôt en cinquième année, et c'était la première potion qu'elle réussissait correctement. Ouais, elle faisait de la peine, mais bon. Quand même. * "Alors Lucie Anson ça fait quoi de se sentir moins bête?" Hum... "Si, si ça fait quoi d'avoir participé pour la première fois de sa vie à un cours sans faire la mauvaise tête?" Hum...? "Oups, pardon, presque sans faire la mauvaise tête?" Mais tu vas te la fermer la-dedans la voix .__. "Ouais c'est bon." Merci. *

Mais quels débats intérieurs passionants! N'impèche... elle n'était pas peu fière la Lucie, drôlement contente aussi d'avoir un nouveau gloss, et pas n'importe lequel hein! Ca c'était une arme! Elle allait remporter la palme de la nouvelle la plus croustillante du jour avec son rouge à lèvres révolutionnaire, parce qu'elle le vaut bien. Mais inutile de dévoiler la recette : elle bien sûr, ne dirait rien et elle esperait secrètement que Jonas n'en ferait rien non plus. Manquerait plus que la provenance de la chose s'évente... Lucie serait vraiment déçue de retrouver ce pour quoi elle avait travaillé avec tant de volonté sur les lèvres de toutes les jeunes filles de Poudlard, et puis elle serait agaçée de ne plus avoir l'exclusivité de la chose. Si tout le monde pouvait faire pareil, ce n'était pas très amusant...

Mais là! Elle le tenait ce gloss! Lucie le couvait du regard, complètement émerveillée. On aurait dit une petite fille dans un magasins de jouet, qui se rendait compte qu'on allait lui offrir la nouvelle Barbie sirène aquatique avec des vraies cheveux roses qui deviennent bleus dans l'eau *_* Bah voilà. Ce gloss, c'était encore mieux que ça! Si bien que quand Jonas lui fit un câlin félicitateur, elle s'était presque déjà jeté dans ses bras pour lui faire, elle, un câlin remercitateur. "Han! Merci Jonas!" Ah enfin! Lucie, au moment même où elle adressait ses remerciements se rendit compte qu'elle aurait sûrement pu (du? ) le faire un peu plus tôt. Mais elle n'y pensait pas encore. L'essentiel était que ce soit fait hein? Bon. Bref, elle avait déjà oublié pourquoi elle se posait cette question.

Avec précaution, Lucie remplit le récipient que lui tendait Jonas. Elle avait fait un peu la moue en le voyant. Qui pouvait mettre un maquillage d'aussi mauvaise qualité que ça? A qui Jonas avait piqué ce truc? Aucune griffe dessus, ça faisait trop pitié. Enfin, pour cette fois, ce n'était pas l'apparence qui compterait pour Lucie. Le contenu serait bien plus intéressant que le contenant! Et voilà! C'était fait. Elle glissa le nouveau gloss dans son sac, piqua un chewing-gum menthe/réglisse au passage et en proposa même un à Jonas. Puis son regard se fit vague un instant, une idée lui trottait dans la tête. Vous voyez la position du Penseur de Rodin? ... bah non, c'est pas ça. Ca va pas non? o_ô Lucie s'affiche pas comme ça! "Tu sais Jonas, je suis sûre que t'as de l'avenir dans ce truc là. Tu devrais proposer ta recette, ça ferait un tabac..." Ses yeux brillèrent d'avantage "Et tu te ferais un fric monstre!"

"Bon, et sinon, on fait quoi maintenant? C'est fini la leçon?"

... Jonas avait été remercié. Par un câlin spontané de Lucie Anson. Oui, vous avez bien entendu. Un câlin spontané. Incroyable, mais vrai. Jonas en fut d'ailleurs le premier -agréablement- surpris, par ces fameux remerciements, et par son geste câlineur. Ca lui faisait franchement plaisir, de la voir un minimum... Spontanée. Voilà. C'était ça, le mot. Et il avait sérieusement galéré pour le trouver, celui-là. Pour une personne X ou Y, il l'aurait trouvé en une micro-seconde, grand maximum, poussé par sa propre spontanéité. Mais, pour la Serpentarde, il en avait mis du temps, tellement le mot semblait inapproprié.
Qu'elle ne se vexe pas, surtout. On aurait pu dire exactement la même chose pour Jonas, et le fait d'être raisonnable. C'est vrai qu'il l'était pour un tas de choses classiques, comme l'alcool, la drogue, les filles -quoique-, etc, etc. Mais pour ce qui était des conneries et autres défis, le ton changeait radicalement... Quitte à mettre sa vie en jeu. Et ne pas y voir une quelconque notion de courage ; ici, c'était de l'imprudence pure et dure, imprudence qui lui aura valu un bon nombre de corrections, voire de blessures.
Enfin. Nous ne sommes pas là pour dresser l'inventaire de toutes les idioties qu'il était capable de faire. Là n'était pas la question.
Lucie avait prélevé du gloss dans le chaudron, avec un émerveillement que même le sorcier put percevoir -c'était dire. Lui était franchement ravi, arborant un sourire rappelant celui qu'on donne aux enfants, lorsqu'on leur offre ce dont ils ont envie. Le plaisir de faire plaisir. ... Et ce dans tous les sens du terme. Puisque, même pour cette occasion là, la phrase concordait à merveille.
Ahem. Lucie lui proposa un chewing-gum qu'il refusa, pour des raisons qu'il expliciterait plus tard. Elle semblait avoir une idée derrière la tête, faisant hausser un sourcil interrogateur à Jonas, et, lorsqu'elle lui en fit part, il éclata de son rire habituel, pas moqueur pour un sou, sinon envers lui-même.
"Tu me vois dans les cosmétiques sorciers toi ? ... Non, vraiment.", fit-il dans un sourire. Carrément déposer un brevet pour ce genre d'inventions, ou le vendre à de grandes compagnies sans vergogne, ne le tentait pas. Ou plutôt, l'argent ne le tentait pas. Car, comme tout le monde le sait -sauf Lucie, évidemment :°-, l'Argent, c'est Vil, c'est Mal, et ça tue même des gens. Et puis, garder la recette pour une seule et unique personne, lui donner l'avantage de l'exclusivité, et de l'unique, c'était largement suffisant pour un adolescent de seize années. "Si tu veux, tu peux le faire toi. Vendre la recette, tout ça." Céder son invention, voilà quelque chose qui ne le dérangeait pas. Et il avait vu l'éclat nouveau dans les yeux de la jeune fille, à l'énonciation du mot fric. Si elle voulait s'en faire sur son dos, c'était sans souci. Sérieusement.

"... Ouais. La leçon est terminée pour aujourd'hui. De toute façon, on aura toute l'année, alors... Si j'ai réussi à t'inculquer un minimum d'intérêt pour les Potions en un seul cours, c'est largement suffisant." Nouveau sourire. Il lui tendit la recette, prononça un :"Tiens, c'est pour toi. Tu en fais ce que tu veux. Et si jamais tu es à court de gloss, ce sera à toi de t'en sortir.", avant d'attraper sa baguette, et de la tapoter contre le chaudron, effaçant définitivement toute preuve glossiale, autre que le tube donné à Lucie. Il jeta ensuite un oeil à l'ensemble de leur plan de travail, puis déclara :"Allez, on range maintenant ! Et à la moldue !". Histoire de la faire bosser un peu, et d'éviter une catastrophe niveau sortilèges. "Oublie pas de prendre le livre surtout.", fit-il en commençant à débarrasser quelques ingrédients. Et, comme pour leur faire oublier la tâche ingrate qu'était le rangeage :"Ca te dirait d'aller manger un bout aux cuisines ? Je commence à avoir sérieusement faim..." Car depuis le petit déjeuner, il n'avait rien avalé, et, vu que l'après-midi montrait franchement le bout de son nez, il était temps pour eux -pour lui, en tout cas- d'aller voler plein de trucs à la cantine.

Ouais! Câlin spontané! Vous z'avez vu comme elle faisait de beaux progrès la miss Anson! Bon c'est pas dit qu'elle le referait à chaque occasion, sauf si vous êtes grands, beaux, bien foutus, bruns de préfèrence mais après tout les blonds c'est pas mal non plus... Moui, il y avait du progrès. Un câlin spontané, c'était déjà pas mal non? Parce que là, les instints ansoniens commençaient à reprendre le dessus. Ce n'était pas une guerre de tout repos dans laquelle s'était engagé le samaritain/sacha/pasteur/coquelicot/temps modernes Jonas, et elle était pas prête d'être gagnée apparemment. Mais au moins avait-il ravit la victoire d'une petite bataille, et ça sans que Lucie ne s'en rende compte presque. Fantastique!

Le côté "câlins gratuits et tendresse inutile" était-il bien ancré dans la cervelle de la jeune demoiselle? Hum... rien de moins sûr! Mais au moins avait-elle fait un grand progrès, presque autant qu'en Potions. En ne relâchant ni la vigilance, ni les efforts, on finirait par faire quelque chose de cette indecrassable... quoi, pouffe? Ouais, c'était bien le mot, pouffe, et lui inculquer quelques valeurs fondamentales de la lignée Emerson, qui se retrouvait rejoindre assez vite celles, plus générales, de l'entente harmonieuse et saine entre être humains. Bref, des trucs vraiment indispensables, qui manquaient singulièrement à l'éducation de la jeune sorcière. Jonas releverait-il le défi? Il avait l'air sûr de ce qu'il faisait en tout cas.

Bon maintenant, d'un point de vue beaucoup plus... matériel : oui concernant toutes ses petites choses, que d'autres considèrent sans importance, mais qui sont pour Lucie un pillier de son existence. Du genre de...? Du genre : argent, paillettes, vacances à Marbella (ou Saint-Tropez, mais Marbella c'est mieux), shopping à Manhattan, chaussures Jimmy Choo et fringues griffés Valentino. Ah. Quand même. Ca allait pas être une mince affaire ici aussi. Je vous le fait pas dire! Ses parents avaient toujours eu de l'argent, et elle avait toujours été gâtée comme une petite princesse, surtout quand elle ne le méritait pas d'ailleurs. Aujourd'hui son grand projet de vie c'était d'éliminer ses frères du testament (ou alors juste Jude, parce que Luka quand même... ) et/ou épouser un riche milliardaire pour assurer ses vieux jours. Lentement mais sûrement l'idée de se trouver une voie professionelle ferait son chemin dans sa petite tête, mais ce n'était pas pour maintenant encore! Evidemment quand Jonas avait parlé de sa recette, de la lui donner pour qu'elle en garde les seuls profits, la gourmandise avait rallumé un éclat dans ses yeux bruns. Elle se voyait déjà à la tête d'un empire commercial monstre, qui débuterait ici, dans les couloirs du bateau, puis de Poudlard et couvrirait enfin l'entière surface sorcière du globe. Et pourquoi pas le marché moldu? Stop. Il fallait s'arrêter là.

Lucie tendit la main, et récupéra le bout de papier avec l'écriture griffonée de Jonas dessus et le fourra dans son sac, à côté du gloss miracle. Bon, on remettrai à plus tard ses grandes ambitions de domination du monde, et à plus tard aussi la question essentielle, mais non moins ennuyante : Etait-il Bien de se faire de l'argent sur le dos d'un tiers sans éprouver de remords, était-il Bien de seulement y avoir pensé? Bon! tout ça plus tard! Trop compliqué pour le moment. Elle réviserait son petit lexique du Bien et du Mal, une autre fois et aviserait en ocnséquences. D'ailleurs, être maître du monde, ça la fatiguait déjà rien qu'à y penser... bon finalement on allait peut-être se concentrer sur le projet premier : rayer ses frères de la liste pour l'héritage familial et se trouver un milliardaire ensuite. Voilà. Au moins c'était un plan machiavélique dans ses cordes ça. Bref.

Lucie proposa de nouveau les chewing-gums étonnés. "Bah t'en veux pas? Je vais pas t'empoisonner, tu sais" Quoique maintenant qu'elle avait la recette et qu'elle savait le refaire... C'est une plaisanterie, ok? >_> Bon, du coup elle les rangea, et en profita pour en chiper un deuxième dans le fond de la boîte. Hop! Ni vu, ni connu! Et maintenant on faisait quoi? Pas d'autres potions intéressantes en vue apparemment. Il faudrait attendre la rentrée. Au moins avait-elle sauvée son année, avec ce cours... Ce que l'administration pouvait avoir confiance en Jonas! C'était surprenant! Donc, oui on faisait quoi? On allait se promener? On allait rencontrer ses amis? Lucie ne put s'empêcher à cette évocation une légère grimace. Ses amis : la grande asperge là, bizarre avec un nom de garçon, et la petite toujours en train de sautiller. Han! Non merci! Elle allait se sentir trop décalée, aussi à l'aise qu'un escargot dans une piscine - pardon on la déjà faite, et copier... c'est Mal.

Mais en fait elle aurait peut-être préférer tout ça à ce qui allait arriver. "Ah, on range?" Il semblait oui. Quand on salit, on fait soi-même le menage derrière. Ah? "A la moldue c'est à dire?" D'accord, c'est bon elle voyait. "A la moldue" consistait à porter tout seul les lourds chaudrons, et les pots vieillis pour les remettre avec ses propres mimines dans les placards. Mais c'était fatiguant! "Et il y a pas des... ouais, nan rien." Lucie avait pensé qu'il y aurait sûrement des Elfes de Maisons pour débarasser derrière eux, et effectivement il y en avait. Mais ça ne servait à rien de poser la question à Jonas. Ca n'aurait servi qu'à faire preuve encore une fois de mauvaise humeur et de mauvaise volonté. Elle n'était pas dans l'humeur, là. Jonas n'avait peut-être même pas la réponse, et de toute façon Lucie avait presque finit de débarasser son coin de table alors... autant aller jusqu'au bout!

Puis il y avait eu cette invitation. Aaah! Alors c'était ça qu'on allait faire après les cours? Manger! "J'ai pas qu'un peu faim oui! Je mourrai si dans l'instant je ne mange pas!" Ouais, elle se la pétait un peu là, genre grande tragédienne greque au bord du déséspoir, et pour une histoire de bouffe. Mais que voulez-vous c'était une gourmande, et une gourmande qui avait faim, alors c'était bien compréhensible. "On a fini, on y va? J'ai vraiment très très faim. Non, je me foutais pas de toi tout à l'heure, je vais crever si je mange pas quelque chose dans l'instant." Faut dire aussi... Elle, elle avait l'estomac vide depuis hier midi. Ah! Les vacances c'étaient trop palpitants, trop palpitants pour prendre le temps de manger. Lucie oubliait souvent de prendre ses repas à heures régulières, mais là... ça commençait à se faire sentir. Elle pourrait manger pour quatre! D'un regard impatient, elle guettait le signal de départ du garçon. Vous vouliez vous adresser à Lucie? Ah non, désolée, tentez avec son estomac plutôt!

Loin de ses projets de domination du monde, ou d'épousage de riche héritier, se trouvait Jonas Emerson, habitant éternel du pays des Bisounours, et autres Toupoutous tous mignons. Lucie, c'était un peu comme le nouveau venu dans son monde fantastique, sauf qu'elle ne se faisait pas frapper, pour finir pendue par les pieds, à une balançoire toupoutoute tout kawai. Lucie, c'était aussi un peu comme la toupoutoute super attirante que tous les toupoutous désiraient, et pour qui on finissait par commettre un crime passionnel, inculquant les bases du Mal dans ce pays où régnait bonheur infini. Voilà. Lucie Anson, c'était le Mal.
... Ou presque. "Mais non, je sais bien que tu veux pas m'empoisonner." Quoique. Rho, psht.
La Serpentarde y mettait du sien, niveau rangement. Des wainanrien ? C'était quoi, ces bestioles là ? ... Bah, tant pis. Jonas alla remettre une partie des ingrédients à leur place, en même temps que le chaudron, tandis qu'elle se chargeait du reste, avec une bonne volonté toujours encourageante. Elle aurait pu lui faire une remarque sur les Elfes de Maison, tiens. Du coup, elle aurait aussi appris que le Gryffondor n'appréciait pas vraiment ces bébêtes là... Pas vraiment ? Il en avait la trouille oui ! C'était ça, son fameux épouvantard. Les elfes de maison, qui vous servent avec un plaisir simulé, prennent faussement soin de vous, et se barrent dès qu'ils récoltent un vêtement. Mais, même, ce n'était pas ça qui l'effrayait réellement. C'était plutôt le fait de les voir apparaître d'un coup, avec leur physique flippant, au détour d'un couloir, sans un bruit. Le sorcier eut un tremblement incontrôlé, doublé d'un sale frisson et d'une grimace d'horreur, pendant qu'il refermait le fameux placard, et jetait un oeil à la table propre. Lucie lui sortit ensuite un tas de mots en rapport avec sa faim, et Jonas jugea qu'elle devait franchement avoir la dalle, pour en parler autant. Faisant fi des Elfes encore présents dans ses pensées, il lui sourit, et décréta :"Oui oui, on y va. T'es pas la seule à avoir autant faim..." Car même si lui n'avait pas mangé que depuis le petit déjeuner, il était un garçon, en plus d'être hyperactif, et, comme la plupart des garçons, dévorait littéralement aux heures du repas, et même entre, d'ailleurs. Evidemment, sans prendre un kilo, vu qu'il se dépensait en énergie câlinatrice, tout comme sa chère cousine, à qui il assénait une tape sur la tête, lorsqu'elle se plaignait de ne pas être assez bien foutue. "Arrête, c'est moi le pas bien foutu ici ! : O", lui répondait-il ensuite, avec tout autant de véracité qu'elle. Il n'avait pas le physique d'un culturiste -encore heureux-, mais se débrouillait franchement bien dans sa catégorie, d'où l'injustice de sa réplique. Enfin, assez parlé du corps -suuper bien f... Oui, bon- des Emerson.
"Oh, oublie pas." Il lui tendit le bouquin avec un grand sourire innocent, et attendit qu'elle le prenne, avant de la prendre par les épaules après qu'elle se soit parée de toutes ses affaires, et de filer jusqu'à la porte.
La dernière chose que l'on entendit, après la fermeture de la porte, fut le cri de guerre de Jonas, qui, libéré de la salle de cours, hurla un :"A la bouuuuuUUUuuuUUuuffeeeeeeuh !! \o/", pile à côté des oreilles de Lucie qui mourrait suite au crevage simultané des deux tympans.

Cours de rattrapage, première, terminé ! \o/