Comment tuer l'ennui

- Tous ces vêtements de moldus, c'est révoltant !
- On devrait les interdire et obliger le port d'uniforme, comme à l'école.
- Ca ne ressemble à rien ces guenilles !
- Tsss ... siffla Carl en jetant un regard perçant à une petite deuxième année qui portait un short à fleurs et des sandales.

Quatre garçons de Serpentard, dont le plus grand était Carl, entraient dans le salon en bousculant sans gêne les plus petits qui leur bloquaient le passage. De sa démarche digne et lente, le dos droit comme le manche d'un balai, Carl était vêtu d'une robe de sorcier légère, d'une sobre couleur gris foncé, surmontée d'une longue cape doublée de satin émeraude. D'un paresseux mouvement de baguette magique, il fit basculer en avant le fauteuil sur lequel la dite fille au short à fleurs était assise. Renversée à genoux sur le sol, tatônnant celui-ci à la recherche de ses lunettes, elle fut enjambée par Carl qui prit alors sa place, les mains posées sur les accoudoirs, tel un prince sur son trône.

- Ce voyage commence à s'éterniser, se plaignit-il sur un ton quelque peu ampoulé, tandis que ses camarades prenaient place sur des fauteuils proches.

En effet, depuis leur embarquement sur le Phoenix, il avait été impossible pour Carl de reprendre ses "activités extra-scolaires" ... Il lui arrivait de regretter d'avoir accepté de faire ce voyage, car celui-ci le détournait de ce qui était réellement important. Mais comme il l'avait si bien fait remarquer à ses grands-parents pour que ceux-ci acceptent de le laisser partir, un peu de distraction pendant l'été, comme tous les autres sorciers de son âge, ne pouvait pas lui faire de mal. Cela pourrait même lui être instructif.
Malheureusement, durant les interminables déplacements du Phoenix dans les airs, rien d'instructif ne se produisait, aucun évènement ne venait troubler le quotidien paisible de la croisière. C'en était désolant.

Naomi s'ennuyait ferme. Elle avait fait le tour des pièces du bateau et malheureusement il n'y avait pas âmes qui vivent. Si ça continuait comme ça, elle allait faire une crise d'angoisse. Elle détestait la solitude ça en devenait une peur affreuse. Toutes ces amies étaient parties de Poudlard et elle n'avait aucun compagnon de jeu pour tuer le temps. Elle entra dans le salon pour voir si elle pouvait discuter avec quelqu'un. Elle s'arréta à l'entrée déjà pour voir si il y avait au moins une personne. Même si c'était un Poufsouffle ou pire un Serpentard !
Au début elle ne vit que des premières années, c'est comme si le mauvais sort s'acharnait sur elle. Ce n'est pas qu'elle aimait pas les premières année mais leur compagnie devenait vite lassante. Son regard fit rapidement le tour de la pièce mais revint vite en arrière parce que quelqu'un avait accroché son regard. Ses yeux s'aggrandirent, sa respiration se fit plus lourde et les battements de son coeur, aprés avoir fait un dérapement, s'accélèrent. Naomi venait de subir ce qu'on appelait communément un coup de foudre. C'est comme si lui et elle se retrouvait tous seuls dans une pièce sombre mais que eux deux étaient éclairés. Elle ne vit de lui que ses yeux bleus, ses cheveux blonds et qui avaient l'air soyeux ainsi que sa grande taille malgré le fait qu'il soit assis. Elle ne se posa même pas la question de quelle maison il était. Pour elle c'était LUI qu'elle voulait. Et elle l'aurait.

Elle sortit précipitamment de la pièce pour voir si elle était bien habillé et si elle pouvait faire bonne figure. Du peu qu'elle avait vu sur lui, il aimait bien les habits sorciers.

*Mince, je vais pas faire long feu comme ça* Pensa-t-elle en contemplant sa jupe plissée noire et sa chemise un peu plus grande qu'elle d'un blanc nacré.

*Heureusement que j'ai pensé à mettre du cotton dans mon soutien gorge *

Elle sortit de sa poche, un petit miroir, remit deux mèches, se mordilla les lèvres pour les rendre un peu plus rouge et se pinça les joues.

*Maintenant, je me lance*

Elle rentra à nouveau dans la pièce et d'une démarche assurée, se rendit prés du beau gosse et tenta une approche qui se traduisit en :

"Euh... Sa... Sa... Sa... Sa...Va.... .... .... ?"

Naomi rougit et se dit que finalement le fait d'avoir pincé ses joues n'avaient servi à rien. Mais c'était bien la première fois qu'elle perdait ses moyens...

* Il est si beau ! *

Depuis maintenant un bon quart d'heure, les quatre Serpentard discutaient entre eux, comme s'ils étaient seuls dans cette pièce. Les critiques et les moqueries allaient bon train, ce qui faisait justement partie de passe-temps favoris de Carl et de ses camarades. Le débat sur les vêtements à la mode moldue s'était orienté sur la question de savoir si oui ou non, il faudrait séparer les enfants de moldus des autres à Poudlard, avant de finalement se mettre d'accord sur le fait que l'école ne devrait accepter que des sorciers de Sang Pur. Alors qu'il ricanait d'une blague de l'un de ses camarades au sujet d'un dragon, d'un gobelin et d'un moldu, Carl fut interrompu par la soudaine apparition juste devant lui d'une jeune sorcière qui le fit légèrement sursauter.
Pendant quelques secondes, il l'observa en plissant des yeux, donnant à son expression une curieuse ressemblance avec celle d'un serpent.
Les longs bégaiments de la jeune fille l'agacèrent, comme il fut possible de le lire dans le bleu glacial de ses yeux. D'ailleurs, les trois autres Serpentard poussèrent un petit rire moqueur. Si elle cherchait à discuter aimablement avec quelqu'un, la pauvre sorcière s'était adressée à la mauvaise personne.

"Quoi ?"

Ce fut la seule chose que trouva à répondre Carl suite à ce débit incohérent de syllabes.
Fronçant les sourcils, Carl secoua la tête de droite à gauche, puis se détourna de la jeune fille pour refaire face à ses camarades, lui démontrant clairement qu'elle l'importunait.

"Vous voyez bien, ces fils de moldus sont tous les mêmes," fit-il en désignant d'un geste de la main la jupe plissée typiquement moldue de la jeune fille.

Lentement, il se retourna vers elle avec une expression neutre.

"Dégage."

Naomi était comme collait au sol. Elle regardait le jeune homme comme si c'était la dernière fois qu'elle le voyait. Comme si par un des plus grands malheurs, il ou elle allait mourir dans deux ou trois jours. La jeune fille était fascinée par ce personnage blond. Elle n'arrivait même pas à distinguer la beauté physique du jeune homme de sa "beauté" intellectuelle. Et depuis qu'elle était arrivée dans la salle, elle n'avait vu que lui. Les trois compagnons de fortune du Serpentard, elle n'en avait que faire et faisaientt pâles figures comparés à lui.
Elle voyait bien qu'elle était entrain de le déranger et sa façon de tester une approche était la mauvaise. Mais comment faire pour qu'il se passe quelque chose alors que c'est d'une la première fois qu'elle tentait de draguer un garçon (n'ayant jamais eu de flirt et encore moins de petits copains... Sauf en CM1) et de deux c'est qu'il n'avait pas l'air commode. Mais qu'importe ! Elle l'aimait pour ce qu'il était ! Et puis un type parfait deviendrait barbant ou Poufsoufflard à souhait.

* Ma fille, il faut que tu te ressaisisses ! Ce n'est pas le moment de faire ta petite gamine. Vu comment il est, il aime les filles sexy et qui en ont dans le cerveau. Respire calmement et réfléchis... Vite ! *

Si elle ne pouvait gagner tout de suite son amour, elle pouvait au moins tout faire pour qu'elle ait son affection et son amitié. Mais c'était vraiment mal parti. Le fait qu'il n'en ait rien à faire de ce qu'elle voulait la mina un peu mais ne renonça pas pour autant. Et ce qu'il dit, concernant les enfants moldus, lui arracha un petit sourir de victoire. Elle avait une chance de pouvoir faire la discussion avec lui. Le petit sourire se transforma en un large sourire. Mais il retomba vite fait quand il lui dit de dégager. Vraiment pas commode ce type ! C'était encore mieux, la victoire sera d'autant plus éclatante que la difficulté sera haute. Mais pour le moment il fallait attirer son attention.

- Pardon ? Fils de moldus ? Où as tu vu ça ? Mes parents sont de sang purs ! Enchanté quand même je m'appelle Naomi et toi ?

Malgré l'ordre (pourtant clair et simple, même pour une gamine) qu'il lui avait donné, la jeune fille n'avait pas bougé. Les regards qu'échangèrent les quatre Serpentard entre eux étaient éloquents. Il arrivait parfois à des camarades de venir parasiter son espace vital, mais généralement, ceux-ci ne faisaient pas long feu lorsque Carl leur demandait de partir. Il le demendait une fois, rarement deux. A ses yeux, la jeune fille était un insecte qu'il pourrait faire partir d'une pichnette. Un avertissement n'avait pas suffit, il allait maintenant employer des moyens plus radicaux, comme il l'avait fait pour la deuxième année au short à fleur qui essayait maintenant de réparer ses lunettes cassées par l'un des Serpentard dans un coin de salon.
Alors qu'il approchait sa main de la poche de sa robe, dans laquelle se trouvait sa baguette magique, il interrompit son mouvement, car les paroles de la gamine venaient d'attirer son attention.

"Tu es une Sang Pur ?" demanda-t-il en haussant un sourcil, oubliant de se présenter à son tour. "Quel est ton nom de famille ?"

Il avait bougé ! Il avait bougé ! Elle avait attiré son attention ! Elle était la petite fille la plus heureuse au monde. Même si ce n'était qu'un tout petit geste. Mais pourquoi avait-il enlevé sa main ? C'était peut être un bracelet ? Un collier ? Ou encore mieux une bague ?! Il allait la demander en mariage ! Mais pourquoi n'avait-il pas finit son geste ?! Il était peut être un peu timide ou bien... Ah ! Oui ! C'est vrai qu'il y avait du monde autour d'eux... Enfin de lui ! Elle hocha la tête une fois pour tous les saluer et se remit à baver en pensant que tout comme elle, il n'aimait pas la solitude. Ils partageaient déjà un point commun. Ce qui allait dire qu'ils allaient bien s'entendre. Et voir plus si affinités ! Naomi s'imaginait déjà dans sa robe de mariée avec sa traine d'au moins huit mètres de long et lui. Si beau si ma... Elle hésitait entre magnifique ou majestueux... Ou bien les deux ! Elle imaginait aussi son bouquet de roses noires qu'elle lancerait à ses copines qui seront vertes de jalousie, l'aliance qu'il mettrait délicatement à son doigt...

- Wahoooooooooou !

....

Elle toussa bruyamment pour couvrir le cri de joie qu'elle n'avait pas pu faire taire. Elle était si heureuse.
Elle retint difficilement un autre cri de joie ! Il lui avait parlé *o*. Oui, il lui avait parlé ! Ce n'était plus le septième ciel où elle était mais au quinzième. Non au centième étage !

- C'est McLohan ! Naomi McLohan et toi ? Parce que si moi j'ai décliné mon identité je ne sais toujours pas la tienne. Mais je suis vraiment heureuse de te... Enfin vous rencontrer...

Mais si on lui avait demander de fermer les yeux et ne serait-ce que lui poser la question de lui demander combien de personnes entouraient le beau jeune homme, elle aurait été incapable de répondre !

Carl était toujours enchanté de rencontrer une personne qui ait le sang pur, quelle qu'elle soit. Ces sorciers se faisant de plus en plus rares, il était peu fréquent d'en faire des nouvelles connaissances. A vrai dire, Carl pensait connaître presque tous les élèves de ce rang qui étudiaient à Poudlard (sans compter ceux qu'il avait rencontrés lors d'échanges scolaires ou à diverses occasions et qui étudiaient à Durmstrang, à Beaux Bâtons ou ailleurs). Pourtant, cette Naomi ne lui disait rien. Sans doute lui avait-elle semblé tellement insignifiante qu'il ne lui était jamais venu à l'esprit qu'elle puisse être de Sang Pur. Par ailleurs, le Serpentard n'avait pas le souvenir d'avoir jamais remarqué son existence.
La réponse de la jeune fille mit un certain temps à venir, temps durant lequel Carl haussa un sourcil inquisiteur, penchant légèrement la tête comme pour l'encourager à parler (elle semblait un peu timide). Mais au lieu d'une réponse cohérente, ce fut un espèce de cri étranglé en toux qui sortit de la bouche de Naomi. Carl leva les yeux au ciel en soupirant d'exaspération, mais la jeune fille se rattrapa aussitôt.

"McLohan ?" répéta-t-il pour lui-même, le regard à présent dans le vide comme s'il cherchait loin dans sa mémoire.

Ce nom lui disait quelque chose, c'était certain, mais McLohan était un nom assez commun. Il se promit d'envoyer rapidement un hibou à ses grands-parents pour leur demander si les McLohan étaient réellement une famille de sang pur, et si elle était respectable.
Mais dans l'immédiat, et si Naomi disait vrai, le coup du hasard qui l'avait amenée à lui avait bien frappé.

"Je m'appelle Carl Brohanson," se présenta-t-il sans laisser aux autres l'opportunité de se présenter.

D'ailleurs, il leur fit un signe de main qui signifiait quelque chose comme "vous pouvez disposer", et les trois autres garçons se levèrent en saluant vaguement Naomi et adressant des "salut" et "à tout à l'heure" à Carl.
Lorsque la porte du salon se fut refermée derrière eux, Carl désigna un fauteuil face au sien d'un geste cérémonieux, avant de croiser les jambes et reposer ses mains sur les accoudoirs.

"Assieds-toi, je t'en prie. Que dirais-tu d'un jus de citrouille ?"

Sortant sa baguette magique de sa poche, il agita celle-ci avec souplesse, et deux gobelets de bronze comme ceux qu'on trouvait dans la Grande Salle de Poudlard apparurent, flottant dans les airs, avant de se poser comme de leur propre volonté dans la main de Naomi et celle de Carl, remplis presque à ras bord d'une liquide orangé au parfum sucré.

Naomi ne se sentait plus. Non seulement il continuait à lui parler mais en plus il a congédié ses camarades. Et il s'appelait Carl. Carl Brohanson. Elle leva les yeux au ciel et sourit béatement. Carl...Carl... Mais quel magnifique prénom... Non, il n'y a pas de qualificatifs pour qualifier ce prénom. Carl c'est un gout sucré sur le bout de la langue, un prénom chargé de mystère et de romance... Un prénom qui était fait pour être avec son propre prénom. La jeune fille imaginait ses enfants avec lui. Ils auraient déjà un garçon qui s'appellerait Canami et ensuite une fille qui serait Naorl. Ils auraient une grande maison avec six ou sept chiens. Des dalmatiens de préférence ou bien peut être des saint bernard. Et si il aimait pas ? Non ! Il n'y avait aucune raison pour qu'il n'aime pas sachant que tout comme elle, il n'aimait pas la solitude. Ce point commun allait être la base de leur relation commune. Leur raison de vivre à deux !
Elle bénissait désormais la chance que toutes ses amies soient partis pour lui permettre de connaitre l'amour de sa vie. Le plus bel homme qu'il a été possible de créer sur cette planète. Les mannequins du magazine "les 100 plus beaux gosses" n'avaient pas son charme et son charisme. D'ailleurs elle était étonnée qu'il n'y figure pas. Si elle ne s'était pas retenue elle aurait demandé un autographe.

Mais quand il lui proposa un jus de citrouille tout vacilla. Ce garçon avait une grande originalité ! Au lieu de lui offrir une bague comme gage de fiançailles il lui offrait un verre de jus de citrouille. Un verre de jus de citrouille !
Au lieu de répondre par un oui ou par un non comme il était coutume elle rougit et murmura un :

"C'est le plus beau jour de ma vie !"

Mais quand réellement elle vit le verre rempli elle se senti mal. Ce n'est pas que ça allait trop vite mais que c'était trop de bonheur en une seule fois. Elle était officiellement la fiancée de Carl Brohanson !

"Oh ! Mon Dieu !... Je... Je... Je crois que... "

Naomi n'avait vraiment plus le sens des réalités tout comme le sens de l'équilibre. Elle était en passe de faire un malaise et renversa le jus de citrouille sur son chemisier blanc. Mais elle ne s'en était pas aperçu car elle essayait de cligner les yeux pour enlever le noir qui l'empéchait de voir son nouveau fiancée et éloigner cette sensation bizarre qui la faisait basculer vers l'arrière. Mais elle ne tint pas longtemps. Les émotions fortes n'étaient pas son point fort. Si bien qu'elle tomba évanouie sur le fauteuil que lui avait présenté plus que galament son futur mari.

Si, dès l'instant où Naomi avait annoncé être une sang pur, Carl avait changé du tout au tout son attitude envers elle, il ne la trouvait pas moins ... surprenante. Pour ne pas dire bizarre. En effet, la jeune fille semblait quelque peu distraite, et son regard brillant comme les yeux d'un cocker avait quelque chose d'inquiétant.
Mais ce ne fut rien comparé à la surprise qu'éprouva Carl lorsque la jeune fille murmura, sans doute plus pour elle même qu'en guise de remerciement pour le rafraîchissement qu'il venait de lui offrir, qu'aujourd'hui était le plus beau jour de sa vie. Sans chercher à en comprendre davantage, Carl se renfonça dans son fauteuil et avalant une gorgée de son jus de citrouille.
Par où allait-il commencer ? Nouer de certaines affinités avec toute personne de sang pur qu'il lui était donné de rencontrer lui paraissait naturel, et même plaisant, mais Naomi venait de lui offrir une étrange première impression. Et il avait beau chercher, Carl ne trouvait d'autre mot pour la définir que celui-ci : soulante.
Alors qu'il s'apprêtait à lui poser quelques questions banales (d'où elle venait, ce que faisaient ses parents, si elle avait des ancêtres respectables), il lui sembla que la jeune fille se sentait mal : son teint avait viré pâle, elle chancelait légèrement et ses paupières battaient à folle allure. En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, Naomi s'était effondré dans son fauteuil, son verre de jus de citoruille entièrement étalé sur son chemisier dans une magnifique tache orange.

"Bon sang !" s'exclama Carl en se levant d'un bond.

S'approchant prudemment de Naomi, comme s'il avait peur qu'elle lui bondisse dessus, il posa sa main sur son épaule et la secoua légèrement, dans l'espoir de lui faire reprendre ses esprits.

"McLohan ? Tu m'entends ?"

Quelque peu inquiet (c'était la première fois qu'il voyait une personne s'effondrer devant lui simplement parce qu'il venait de lui offrir un jus de citrouille, la jeune fille devait être très émotive), il la secoua avec nettement moins de délicatesse.

"Naomi ! Ca ne se fait pas de s'évanouir quand on te parle !" lança-t-il, irrité.

Foudroyant du regard les quelques têtes qui s'étaient tournées vers lui, Carl brandit de nouveau se baguette magique pour la pointer sur Naomi et prononça une formule sencée la ranimer : "Enervatum".

"Je te jure que si tu ne te réveilles pas immédiatement, je te fais bouffer tes vêtements de moldus ! ¬¬"

*Hein ? Qu'est-ce qui se passe ?*

Naomi ouvrit difficilement un oeil puis, encore plus difficilement, l'autre. Elle les referma tout de suite. Mais que faisait-elle sur cette chaise et pourquoi... Pourquoi sentait-elle aussi fort le jus de citrouille. Elle avait des fourmis dans les jambes. Comme c'était la première fois qu'elle s'évanouissait, elle ne savait pas à quoi c'était dû. Au moment où elle voulut se relever mais entendit, ce qui était pour elle, un hurlement.

"Pitié arrête de crier comme ça. Je ne suis pas énervée ! "

Et puis quand il la menaça de lui faire manger ses vétements, elle fut prise d'un incomensurable fou rire. Celle là c'était la meilleure. Un parfait inconnu veut lui faire avaler ses affaires. Sur le coup (au propre comme au figuré), elle pensa tout de suite que ça devait être un habitant de Neverland. Elle qui n'avait pas encore eu l'occasion de descendre du bateau, parce que manque de compagnie, elle n'avait pas pu faire connaissance avec ce pays imaginaire. Mais là c'était la chance qui lui souriait.

"Où est mon appareil photo ?" Murmura-t-elle en se relevant péniblement. Elle se mit assis et par on ne sait quel miracle, se souvint brusquement de tout ce qui est arrivé jusqu'ici.
"OOOOOOOOOOOOOH Mon Dieu ! "
Elle ne savait pas si elle devait pleurer de honte ou bien se cacher derrière les coussins qui soutenaient son dos. Elle opta pour la deuxième solution et dit, etouffée par les coussins :

"Je suis désolée d'avoir briser ce précieux gage ! Je ne savais pas comment m'y prendre, c'est la première fois que ça m'arrive ! C'est si vite arrivée. Et dire que ça fait tant d'années que je m'y prépare. J'espère qu'il y aura plein de monde, que tu me feras découvrir tout ce qui t'entoure.... Oh ! Et aussi ne parlons pas de tu-sais-quoi pour le moment aux autres. Ils le prendront mal..."

Naomi commençait à reprendre conscience, et c'était une bonne chose. Carl ne tenait pas à se ridiculier devant la moitié des élèves de Poudlard, et c'était justement ce qui était en train de se produire. Le Serpentard se demanda tout à coup ce qui lui avait pris de ne pas laisser l'évanouie sur place et s'en aller de cet endroit. Après tout, ce qui pouvait bien arriver à cette fille ne l'intéressait pas.
Malheureusement, il semblait que la santé mentale de Naomi s'était aggravée avec le choc. Réprimant une remarque acide lorsque la jeunne fille lui ordonna de se taire, il se recula et se rassit dans son fauteuil, serrant cette fois le bord des accoudoirs en regardant émerger Naomi d'un oeil mauvais.
Celle-ci, d'ailleurs, disparu bientôt sous un tas de coussin sous lequel elle semblait vouloir s'enterrer. Et lorsqu'un grand "OOOOOOH" résonna bruyamment dans le salon, Carl se pinça l'arrête du nez en soupirant de désespoir. Il regrettait sincèrement d'avoir voulu se taper un brin de causette avec cette gamine. Elle était insupportable. A côté d'elle, même la compagnie de Valentine lui semblait douce et reposante.

"Bon, écoute," commença-t-il en se redressant légèrement dans son fauteuil, bien décidé à prendre congé d'elle, mais il fut interrompu par une Naomi complètement mortifiée.

L'espace d'un instant, ce monologue sans queue ni tête laissa Carl perplexe. Que signifiait tout ce charabia ? Le Serpentard se sentait déchiré entre l'envie de partir et celle de donner un sens à ces mots. Un air tellement dévoué que celui de Naomi ne pouvait le laisser indifférent. La dévôtion était une chose que Carl affectionnait particulièrement.
Soudain, une idée à la fois angoissante et excitante le traversa ... Est-ce qu'elle savait ? Tous ces sous-entendus étaient-ils en rapport avec les activités cachées de Carl ? Etant d'une lignée pure, il n'était après tout pas impossible qu'une telle information soit venue aux oreilles des McLohan ... Longuement, le Serpentard sonda Naomi de ses yeux bleu icerberg, comme s'il tentait de lire dans ses pensées. Malheureusement, Carl n'était pas Legilimens, au grand dam de Cognus Alfard, son professeur particulier, qui avait déjà suffisamment de mal à lui enseigner l'Occlumencie. Puis il se pencha vers Naomi, l'invitant à faire de même, afin de parler près de son oreille.

"Tu veux dire que toi aussi tu veux ..."

Il ne termina pas sa phrase. Après avoir jeté de furtifs coups d'oeil autour d'eux, il posa son verre de jus de citrouille sur la table basse près de lui, se leva de son fauteuil et signifia à Naomi d'en faire de même.

"Je préfère que nous allions dans un endroit isolé pour parler de ça. Ni toi ni moi n'avons intérêt à être entendus." (Il ajouta dans un souffle, s'approchant de Naomi en feignant de lui prendre le bras pour la guider hors de la pièce) "Et je te trouve bien imprudente d'en parlant ainsi devant n'importe qui. Les conséquences pourraient être dramatiques."

Aprés avoir finit son discours d'une seule traite, Naomi sortit doucement la tête des coussins et osa un coup d'oeil vers Carl. La jeune fille se demandait si il allait rompre leur fiançailles. Elle eut un brin d'humour en se disant qu'ils pourraient aller tous deux dans le livre des records ayant eu le record du couple qui aurait eu les fiançailles les plus courtes. Mais le regard sombre et énervée... Mais qui restait ô combien beau de Carl, la dissuada de faire part de cette petite note humoristique. Evidemment qu'il allait s'en aller et la laisser là. Elle paraissait ridicule et sale dans sa chemise tachée. Pas étonnant qu'il n'es plus envie d'elle. Il fallait qu'elle se reprenne et vite sinon ça serait la fin de sa vie. Elle ne pourrait vivre sans Carl, il était devenu sa raison de vivre, l'oxygène qui lui permettait de respirer, le sang qui faisait battre son coeur... Elle se rassit totalement, ramena sa jupe correctement et voulut déboutonner sa chemise... Un bouton puis le deuxième mais s'arrêta au troisième se remémorant qu'elle avait mis du cotton dans son soutien gorge et qu'en plus de se payer la honte de sa vie, si Carl venait à l'apprendre, il se sentirait trahie. Elle lui avait mentie sur son physique. Peut être qu'à cause de cela il ne voudrait plus d'elle, déjà que maintenant c'était critique... :\
Mais ce qui suivit la laissa sans voix. Aprés s'être calmée et s'être dit qu'il valait mieux se taire, elle fut sous le choc de voir se rapprocher les lèvres de Carl près des siennes... Il allait l'embrasser. Elle ferma les yeux, entrouvrit les lèvres, comme disait de faire le magazine "teenager witch", s'humecta les lèvres et attendit l'estomas noué et avec le coeur qui battait à une vitesse folle. Mais rien ne se passa sauf une voix chaude et carressante de son futur mari. La jeune fille ne se posa même pas la question de ce qu'il voulait entendre par là, il était sur qu'il voulait parler du mariage. Bien évidemment le fait qu'elle ait renversé le jus de citrouille pouvait lui faire comprendre qu'elle ne voulait pas... Mais c'était loin d'être le cas. Elle était folle amoureuse de lui !

"Oui je le veux !"

Elle était déçue qu'en dépit de leur fiançailles, il n'est toujours pas voulu l'embrasser. Il devait être un garçon de bonne famille qui ne se jetait sur la fille qu'aprés le mariage. Les beaux parents de Naomi lui avaient déjà averti sur les garçons comme quoi il y avait deux sortes de jeune homme : les gentlemen et les pouilleux; Il fallait se méfier des pouilleux car ils suffisaient d'un geste malencontreux pour que les pires problèmes existent et les gentlemen qui respectaient les choix de la femme... Il était donc un gentleman... Mais elle avait envie qu'il l'embrasse. Bah... Ca devait être surement un grand timide ! Elle se promit qu'elle ferait tout pour le dévergonder un peu pour qu'enfin elle apprenne, de l'homme de sa vie, les rudiments de l'amour. Elle attendit patiemment qu'il arrête de la regarder comme si elle était bizarre ou peut être comme... Si elle était un objet rare, un trésor à ses yeux.
Néanmoins quand il posa le verre, qu'il se leva et qu'il lui prit le bras, ce fut elle qui le regarda avec les yeux ronds comme des billes... En fait il allait un peu vite en besogne O___O et qu'en plus il lui demandait de partir pour trouver un endroit plus discret alors là elle avait tout faux. C'est trop excitant. Elle eut un frisson d'excitation et de peur contenus. C'était à la fois merveilleux et effrayant. Mais elle était sur de lui avoir fait le bon choix.

"Désolée d'avoir été aussi imprudente, cela ne se reproduira plus."

Et au lieu de laisser son bras à son petit copain, elle lui prit la main, c'était dix fois plus romantique et fit mine de le suivre.

"Tu conais au moins un endroit où on pourrait discuter et faire...." Elle chercha ses mots "Et être tranquille ?"

*Finalement c'est moi la timide ! *