Excursion brûlante

Invité

Il faisait tellement chaud ! La petite londonienne était descendue du Phoenix armée de sa baguette, d’un grand chapeau de toile et de son courage, et était partie à a découverte du pays fantastique qui s’offrait maintenant aux élèves de Poudlard. L’Egypte… Il y a quelques mois, elle n’aurais jamais cru qu’elle y mettrait les pieds, et les voilà foulant le sable brûlant du désert d’Arabie. Les touristes moldus qu’elle avait croisé jusque là s’inquiétaient tous du soleil et de la chaleur, ils s’enduisaient d’une crème blanchâtre malodorante et se chargeaient de lourds litres d’eau, ce qui avait arraché à Ena un sourire compatissant. La vie était bien dure pour ses pauvres gens… Elle-même n’avait eu qu’à lancer un sort rafraîchissant sur son chapeau : il prodiguait maintenant une ombre qui la couvrait de la tête aux pieds, et un petit air frais glissait doucement du haut vers le bas.

Malgrès cela, la jeune fille se sentait mal à l’aise. En effet, elle était descendue du bateau sans se préoccuper de savoir où elle irait, mais maintenant qu’il n’était plus en vue derrière elle, elle se sentait bien moins fière. Fiévreusement, elle finit tout de même par sortir de son sac de toile la carte qui avait été distribuée aux élèves et s’arrêta de marcher un instant pour pouvoir l’étudier attentivement. Elle se trouvait à ce moment sur une dune de sable, là où ses pas l’avaient mené sans qu’elle s’en aperçoive. D’après la carte, un oasis n’était pas loin au sud… En plissant les yeux, Ena finit par apercevoir au loin une toute petite tache verte parmi les dunes orangées, et poussa un petit soupir de soulagement. Non, elle ne se perdrait pas aujourd’hui…

Déterminée, elle entrepris alors de se diriger vers le sud, ses sandales de cuir s’enfonçant à chaque pas dans le sable chaud qui lui brûlait la plante des pieds. A chaque sommet de dune, elle s’arrêtais pour se repérer par rapport à l’oasis, et dû ainsi changer plusieurs fois de direction. Finalement c’était assez amusant comme promenade. La jeune fille était complètement seule, livrée à elle même, dans cette immense étendue sableuse. D’autres auraient flippé, à sa place, mais la jeune serdaigle se sentait comme libérée d’un grand poids… L’ambiance feutrée et fermée du Phoenix avait finit par lui peser. Et quoi de mieux qu’un désert lorsqu’on voulait prendre l’air ? Un saut en parachute, oui, je sais… Mais cette pratique étant interdite à bord du bateau magique, et Ena étant peu envieuse de se jeter dans le vide, armée seulement d’un gros sac de toile (halala, ces moldus !), elle devait avouer que l’excursion vers l’oasis était et restait la meilleure solution à sa sensation d’enfermement.

Enfin, après une longue heure de marche, la jeune fille foula le sol herbeux de l’oasis. Grâce à son chapeau ensorcelé, elle n’avait pas vraiment souffert de la chaleur, mais ses pieds endoloris réclamaient à grands cris un peu de repos. L’ombre naturelle étant plus attirante, Ena ôta son chapeau et s’assit à même le sol, adossée au tronc d’un grand dattier. Peu à peu, elle reprenait son souffle et se laissait pénétrer par la quiétude du lieu. A quelques mètres devant elle, l’eau du bassin clapotait gaiement, et de l’autre coté étaient plantées de grandes tentes de nomades. Alors que ses yeux observaient le paysage avec une curiosité non dissimulée, Ena enfonçait ses doigts dans le sable et laisser ses pensées dériver librement.

Invité

Han ouais.
... Han nan.
Niveau chaleur, Neverland n'était rien, comparé à l'Egypte. Jonas soupçonnait même l'administration de les avoir emmenés au Pays Imaginaire simplement pour leur donner un avant-goût de la lourdeur du climat égyptien, histoire d'éviter de passer directement de la pluie anglaise au désert, changement qui aurait pu être radical pour bon nombre des élèves de Poudlard.
Si Ena s'était préparée au désert d'Arabie avec le matériel magique de rigueur, Jonas, en bon fils de moldus qu'il était, avait débarqué en parfait touriste, sans baguette ou autre arcane magique. Car même après ces cinq années passées en temps que sorcier, il gardait de vieux réflexes moldus profondément ancrés, allant jusqu'à oublier sa baguette adorée neuf fois sur dix, et débarassait même ses couverts dans la Grande Salle, dans ses grands jours d'étourderie. Enfin, quand même, il avait pris une carte -celle qu'on avait donnée à tous les élèves- et une unique bouteille d'eau, crème soleillé de partout, -pas- prêt -du tout- à l'aventure, tel Lawrence d'Arabie, sauf que lui n'avait pas sa classe, ses fringues, son dromadaire, et n'avait surtout pas fait un film de trois heures retraçant sa passionnante -ironie inside ?- vie. Glissant ses yeux plissés sur la carte, ressentant déjà le soleil taper méchamment, il quitta son T-Shirt pour le placer sur sa tête, quitte à faire brûler la peau de son torse. Même pas en fait, puisqu'il avait mis de la super protection solaire indice 60, à l'origine faite pour mômes. Et puis, il comptait sur son teint devenu hâlé -et qui risquait d'ailleurs de tourner au mat d'ici la fin du voyage- pour le protéger des rayons suffisament longtemps. Il y avait une Oasis, pas loin. Enfin... "Pas loin". Si, quand même. Mais il parvenait à l'apercevoir de là où il était, c'était déjà ça.
Faisant quelques pas tongueux sur les dunes sableuses, il se revoyait encore avec Gabrielle, dix ans plus jeune, explorant un faux désert dans l'une de leurs chambres, feignant de subir une importante chaleur. Même qu'ils avaient inondé la maison de sable, et avaient écopé d'une punition solide -heureusement levée par Oncle Dan, qui ne supportait pas l'idée de punir sa princesse et son pauvre neveu pour, citation, "trois grains de sable qui trainent par ci par là".
Et le voilà qui s'enfonce maintenant dans les dunes arides, se plongeant dans l'inconnu sans se méfier des éventuelles conséquences.

Chaud, très chaud, très très très chaud. Pourquoi s'était-il embarqué là-dedans ? Une heure qu’il marchait en souffrant, fiévreux et trempé de sueur. Qu'est-ce qu'il ne donnerait pas pour une douche... Ou... De l'eau, simplement. Il secoua sa bouteille, faisant danser les trois gouttes qui y restait, et soupira. Paumé, qu'il était. Tentant tant bien que mal d'échapper à une insolation imminente, il secoua la tête, essaya de se repérer sur la carte. L'oasis était... A une nouvelle heure de marche, pour avoir dévié légèrement du chemin. ... La vache. Les mirages lui faisaient voir de l'eau un peu partout, et il commençait même à délirer visuellement.

Autant ne pas préciser l'état dans lequel il arriva à cette fameuse oasis. Il avait perdu toute son énergie, avait le dos littéralement brûlé, et divaguait à moitié, voyant des Orphée partout. Sans remarquer que quelqu'un était présent, il plongea dans la source, n'ayant même plus la force de hurler :"EEEEEEAAAAAAAAAAAUUUUUUUUUUUUUUU !!!" ou un truc du genre, retirant simplement son T-Shirt. Bon Dieu, il était sauvé... Buvant de tout son saoûl, crispé à cause de sa brûlure ensoleillée, il ne parvenait même plus à ressentir une joie quelconque... Jusqu'à ce qu'il tourne la tête vers la demoiselle, assise contre un prunier/dattier/truc avec un tronc et des feuilles.
"... Orphée ?" Il plissa ses yeux embrumés par deux longues heures d'exposition au soleil, victime d'une nouvelle hallucination, et secoua ses cheveux trempés par son bain salvateur. C'était Orphée, là-bas ? ... Mais qu'est-ce qu'elle foutait toute seule dans le désert ? "Orphééééééééeeeeeuh !!" Sans plus de procès, il bondit sur le sable un peu moins brûlant du coin, et se jeta au coup d'Ena-Orphée en l'embrassant... Sur la joue. Ben ouais, quand même. La joueuse n'allait pas pousser la folie jusqu'au baiser ardent pour son bon plaisir. Quoique. Frottant sa joue fièvreuse contre la sienne, la tenant contre son corps brûlant en la trempant au passage, il ne lui laissait pas d'échappatoire possible, à moitié allongé par terre. "Tu m'as terriblement manquée ! J'veux un super câlin en compensa... Hé mais... Ca sent pas la framboise..." Soudainement pris d'un doute horrible, il cessa tout contact, se remit à genoux en contemplant Ena. Et l'illusion se brisa soudainement, le faisant virer au rouge camion pompier ( Copyright Miguaël quand Yann lui fait des trucs pas catholiques \o/ ). "Hé merlin..." Il reconnaissait la fille qui s'était joint à eux pour le feu de camp, et se gratta la nuque d'un air gêné. "Désolé... Je t'ai pris pour... Quelqu'un d'autre." Inutile de préciser quelle était cette autre personne, elle l'avait sûrement bien compris. Flûte, comment elle s'appelait, déjà... Encore tremblant de sa promenade éprouvante, il n'arrivait plus à réfléchir correctement. C'était quoi ... ? Un truc en a à la fin. Stella. Maria. Lolita. ... N'importe quoi. Arf, flûte... "Hum... C'est quoi ton prénom, déjà ?" Il enchaînait boulette sur boulette, franchement. Du Jonas tout craché, en fait.

Invité

Un vent frais balayait l’oasis, faisant voler les cheveux d’Ena, toujours allongée sous son datier. Sa petite sieste durait déjà depuis de longues minutes. Voilà ce qu’on pouvait qualifier de vacances : au soleil, au bord de l’eau, calme plat… Enfin, pas si plat que ça ! Un bruit d’éclaboussure réveilla brusquement la jeune fille, qui se redressa sur un coude pour observer le centre de l’oasis. Encore un peu endormie, elle reconnu tout de même Jonas Emerson, un garçon de sixième année à Gryffondor. Il avait l’air totalement exténué, et semblait avoir attrapé un vilain coup de soleil sur les épaules… Torse nu, il s’était jeté dans l’eau de l’oasis, ce qui avait réveillé Ena.

En voyant son air perdu et euphorique, la jeune fille en déduit aussitôt deux choses : il avait traversé le désert seul, sans prendre de précautions, et avait attrapé une insolation, ce qui le faisait délirer légèrement. D’ailleurs, elle en eu la certitude lorsqu’il se tourna vers elle et l’appela. [… Orphée ?] Naaan, pas possible, il la prenait pour sa petite amie, Orphée Harper ! Gros coup de soleil donc, car Ena n’avait presque rien de commun avec la jeune fille de serpentard. Ce n’était pas demain la veille qu’elle se baladerait sur le phoenix en résilles trouées et mini-jupe, ça allait bien aux filles excentriques, et elle n’en était pas une. Alors qu’elle allait répliquer au jeune homme qu’il faisait erreur sur la personne, ce dernier était sorti de l’eau, dégoulinant et avant qu’Ena n’ai put esquisser le moindre geste, il s’était jeté sur elle et l’enlaçait avec force. Tout à fait réveillée maintenant, la serdaigle essaya de le repousser, mais le gars était complètement à coté de la plaque et semblait vraiment heureux de trouver là sa « petite amie ». Il posa un gros baiser sur la joue d’Ena, qui n’était toujours pas parvenue à s’en défaire, et qui se retrouvait maintenant pleine d’eau et de sable.
[Tu m'as terriblement manquée ! J'veux un super câlin en compensa... Hé mais... Ca sent pas la framboise...] Enfin, il se décolla de la jeune fille, qui faisait maintenant une moue vexée.

-Vas-y, dis que je pue.

Ce ne devait pas être le cas, Ena avait acheté le matin même au marché d’Alexandrie un flacon de parfum à base d’épices locales. La senteur qu’il dégageait était légère et envoûtante, mais certes très éloignée de celle de la framboise. Merci super-parfum. Jonas paraissait maintenant extrêmement déçu, et la regardait maintenant comme si elle était un ours polaire perdu en plein désert. La jeune fille s’essuya la joue et épousseta ses vêtements sans réussir à faire partir les longues traces de poussière humide qui les salissaient maintenant. [Désolé... Je t'ai pris pour... Quelqu'un d'autre.]

-Ce n’est pas grave… Mais tu devrais faire plus attention au soleil.

Elle se mit à fouiller dans son petit sac en toile avec calme, cherchant la l’onguent moldu qui restait le meilleur remède aux coups de soleil qu’elle avait apporté avec elle au cas où. Apparemment, elle avait bien fait… Alors qu’elle le lui tendait, charitable, il la regardait en plissant les yeux, comme fouillant dans sa mémoire. [Hum... C'est quoi ton prénom, déjà ?]

-Je m’appelle Ena.

Elle ne lui fit aucun reproche, considérant le fait qu’ils ne s’étaient jamais vraiment adressé la parole. Elle-même n’aurait pas su mettre un nom sur son visage si, quelques jours auparavant, son nom ainsi que celui d’Harper n’avait couru sur toutes les lèvres indiscrètes. Si elle ne s’occupait guère des rumeurs qui courraient, elle ne pouvait s’empêcher d’entendre ce qui se disait… Aucune importance de toute façon. Jonas et Orphée pouvaient faire ce qu’il voulaient où il voulaient, cela ne regardait en rien Ena, et cela ne l’intéressait pas non plus.