Une gorgée pour les morts [réservé]

Il faisait froid et le soir, qui tombait chaque jour un peu plus tôt, annonçait bien la triste fin de l'été. Le soleil déclinant disparaissait lentement derrière la ligne sinueuse des montagnes, donnant au ciel une délicate teinte flamboyante, entre l'or et le rose. La surface lisse et tranquille du lac avait pris une couleur gris plomb bien moins attrayante que la joyeuse eau vert mousse dans laquelle les élèves de Poudlard se baignaient parfois l'été. Un peu plus loin, la cime des arbres de la Forêt Interdite, qui formait une masse sombre et inquiétante à l'horizon, se balançait indifféremment sous le vent froid de ce soir de Septembre. Le Saule Cogneur, lointain et isolé au milieu du parc désolé, semblait plongé dans un profond sommeil. Il semblait même, si l'on y faisait bien attention, que l'on pouvait voir l'arbre ancestral s'élever légèrement, puis s'affaisser, comme respirerait un homme endormi.

C'était l'heure du dîner. La plupart des élèves étaient en ce moment réunis dans la Grande Salle, mais Liam n'avait pas souhaité s'y rendre. D'ailleurs, on l'y voyait de moins en moins souvent ces temps-ci. Personne ne lui avait posé de question, bien entendu. Tous savaient qu'il avait été très affecté par le décès de son frère, alors ils se taisaient, ils ne disaient rien. Désormais, Liam ne savait plus bien si on le fuyait où si c'était lui-même qui prenait de la distance avec eux.

C'est le froid qui avait poussé Liam à sortir du château. Oui, le froid. Il l'avait toujours préféré à la chaleur, toujours préféré la pluie au soleil. D'ailleurs, les vastes et lourds nuages qui glissaient paisiblement dans le ciel violacé, portés par un vent froid et humide, lui étaient agréables.
Emmitoufflé dans sa cape, le Poufsouffle descendit les marches d'entrée du château, avant de s'enfoncer dans l'obscurité naissante dans laquelle baignait le parc de Poudlard. Tout était silencieux autour de lui. On n'entendait que le bruit léger du vent dans les arbres, le brouhaha lointain et étouffé de la Grande Salle, ainsi que le faible crissement des graviers de l'allée sous ses vieilles Vans usées.
Au bout de quelques pas, Liam quitta l'allée en faveur de l'herbe fraîche et humide dans laquelle il marcha quelques mètres, sans but précis. Lorsqu'enfin il s'arrêta, il sortit de la poche intérieure de sa cape, une bouteille de verre remplie d'un liquide doré et mousseux. D'un geste expert, il ouvrit la bouteille de Bieraubeurre et, comme le voulait la tradition, comme il le faisait toujours depuis sa première bouteille de bière à l'âge de douze ans, il renversa le goulot vers le sol, laissant une faible quantité de Bieraubeurre s'écouler sur l'herbe.

"Une gorgée pour les morts", murmura-t-il d'une voix faible.

Pendant un instant, Liam crut qu'il allait perdre contenance. Mais rien ne se produisit de plus que l'habituelle boule qui grossissait dans sa gorge, et la chaleur de ses yeux qui menaçaient de pleurer.

"A ta santé, Tomas."

Il leva sa bouteille, les yeux fixés sur l'herbe, à l'endroit même où il avait versé ces quelques gouttes de Bieraubeurre, puis porta celle-ci à ses lèvres, laissant le liquide chaud et délicieux apaiser la douleur qui lui serrait la gorge.

Il n'avait pas entendu les pas de Lean froisser l'herbe du parc. Il n'avait pas senti sa présence approcher et rompre la solitude qu'il pensait avoir garantie autour de lui. La voix de son cousin ramena soudain Liam à la réalité, comme si on l'avait brusquement tiré par le col. Sans qu'il n'ait le temps de réagir, la main de Lean était déjà dans la sienne.

"Mais qu'est-ce que tu racontes ?" lança le Poufsouffle en éclatant d'un faible rire.

Malgré l'incohérence des paroles de Lean, il l'imita et leva le nez vers le ciel, où les lourds nuages noirs apportaient leur lot de pluie qui tomberait probablement au cours de la nuit.
Et pendant un instant, un court et délicieux instant, il s'imagina avoir vu son défunt petit frère le saluer du haut de l'un de ces nuages, comme dressé sur la proue d'un navire. Il lui sembla entendre cette voix qui l'avait si souvent interpellé, le traitant de "Liaminausaure" ... Et sans vraiment s'en rendre compte, il serra doucement la main de Lean.

"J'en ai pris deux, tu trinqueras bien avec moi ?" proposa-t-il à son cousin.

Sans même en attendre la réponse, il lâcha sa main et plongea la sienne dans la poche intérieure de sa cape, afin d'en sortir une bouteille de Bieraubeurre neuve, jumelle à la sienne. Il la déposa directement dans la paume de son cousin, mais ne lâcha pas immédiatement la bouteille. Il garda, l'espace de quelques secondes, la main de son cousin en contact avec la sienne.

"Connaissant Tomas, je suis sûr qu'il s'est déjà fait des tas d'amis. Et si ça se trouve, il a retrouvé le petit lapin qu'on avait quand on était gosses ... Il doit être content ^^ "

Bien sûr, les tremolos dans sa voix trahissaient les larmes qui semblaient vouloir forcer le barrage, mais Liam était soulagé. Généralement, les personnes avec qui il discutait évitaient ce sujet, comme si elles avaient peur de le voir fondre en larmes sous leurs yeux. Il ne parvenait même plus à discuter avec Sarah, sa propre soeur jumelle ... Elle s'efforçait tant à garder la tête froide, à reprendre le cours normal de sa vie et à la voir du bon côté que Liam ne supportait pas l'idée de la faire resombrer en ouvrant de nouveau les plaies qu'elle essayait de cicatriser.
Mais ce soir là, Lean, qui était apparu sans qu'il ne s'y soit attendu, sans qu'il ne l'ait espéré, avait trouvé les mots justes pour arracher à Liam un de ses sourires qu'il dispensait de plus en plus rarement ces temps-ci.

"Tu ne devrais pas traîner dehors si tard, si Sarah ou un adulte l'apprend, tu vas te faire engu..."

Il venait de remarquer une chose qui le coupa dans son élan et lui fit oublier le cours de sa phrase.

"Tu portes son pantalon ..." souffla-t-il d'une voix qui se voulait neutre. "Je n'avais jamais remarqué que vous faisiez la même taille. Je te croyais plus grand que lui ... Mais il te va bien ..."

A la question de Liam, Lean tourna la tête vers celui-ci et cligna des yeux pendant un long moment. Qu’est-ce qu’il racontait ? Bonne question, techniquement il disait toujours la première chose qui lui venait en tête et jamais il ne se posait la question à savoir d’où cela venait. Souriant doucement, il haussa les épaules en riant faiblement. A vrai dire, il avait déjà entendu son grand père maternel qui disait toujours cela quand la température chutait de quelques degrés. A croire que c’était un truc pour les vieux, car l’ami de Tomas – un moldus- avait également sortit cette phrase le soir ou … Oui, puis bon voilà. Ayant trouvé cela marrant, il le disait de temps en temps, question de faire rire les gens autour de lui quoi. Et voir que Liam avait rit, voir même souris avait réchauffé le cœur du jeune homme. Les yeux toujours vers les nuages, Lean fronçait les sourcils. La douleur était autant présente chez lui, bien qu’il ne le démontre pas. Ayant toujours eu un lien très fort avec Tomas, il sentait un énorme vide dans son cœur, comme s’il avait perdu son propre frère. Une moitié de lui l’avait quitté le soir ou Tomas s’était jeter devant lui pour que Lean ne souffre pas de l’Avada … Bien sur, l’histoire avait été raconté différemment par les autorités. Mais Lean gardait toujours la mort de Tomas sur la conscience.

Se sentait coupable dans un sens… D’accord, lui-même aurait fait la même chose pour Tomas, et le sourire que le jeune homme lui offrit avant de mourir, restait graver dans sa mémoire alors qu’il l’avait saisit dans ses bras, le serrant contre lui. Lean n’avait eut aucune réaction se soir là, mais le lendemain, il s’était accrocher à son père et n’avait plus cessé de verser des larmes, pleurant la journée entière et la nuit, répétant toujours le prénom de Tomas …

Il avait pleuré, il avait hurlé, il avait été en colère. Bref, toute les réactions qu’il avait garder la veille n’avait ressortit que plus tard, dans la journée du lendemain. Sa blessure aux bras droit lui faisait toujours mal, alors qu’il n’avait jamais comprit comment celle-ci lui était véritablement arrivé. Brûler au plus haut degré, même la magie n’avait su comment remettre cette blessure normale. Dès qu’il croyait qu’elle guérissait, celle-ci reprenait un brulement plus intense, le poussant à hurlé de douleur, mais bien entendu, il avait toujours le temps de jeter un sortilège de mutisme dans le dortoir afin que personne ne l’entende. Les gens autour de lui souffrait déjà suffisamment ainsi, qu’une douleur de plus … Il préférait leur enlever. Le regard toujours vers les nuages, un petit sourire se dessina sur son visage, serrant faiblement la main de Liam quand celui-ci se resserra d’avantage.

*Tu me manques Tomas … *

Une simple petite pensée.
Avant, il n’aurait jamais été capable de dire ou penser ceci. Les larmes se serait mise à couler et alors qu’il serait tombé a genou sur le sol en demandant pourquoi. Mais tranquillement, il trouvait la force d’être plus résistant, il trouvait même le moyen de sourire et se dire que tout allait bien, que Tomas était d’avantage mieux là haut qu’en bas. Mais c’était stupide… Doucement, quand Liam lâcha sa main, Lean cru retomber brusquement sur terre, tournant la tête vers son cousin. L’observant un moment, son sourire se fit plus large, alors qu’il acquiesça.

«- Oui, ça me ferait même plaisir de trinquer avec toi ! »

C’était sincère ! Il le voulait vraiment… Il voulait apprendre à mieux connaitre le garçon qui rendait Tomas heureux et qui le faisait rire à chaque jour. Lean voulait en savoir plus sur le Liaminausaure. Oui, son cousin était un membre important pour Tomas et Lean voulait que cela en soit autant pour lui. Tendant la main pour prendre la bouteille, son regard toujours planté sur le visage de Liam, Lean sourit descendant les yeux vers leurs mains qui se frôlait, ce qui le fit sourire d’avantage. Se retournant vers le ciel, il saisit les paroles de Liam droit au cœur, avalant difficilement sa première gorgée.

«- Je l’espère… En même temps, je suis jaloux … »

Cette fois, tout sourire avait quitté le visage normalement joyeux de Lean, alors qu’il tapotait de ses deux mains, la bouteille de bieraubeurre, les yeux remplissent de larme. Un faible gémissement sortit d’entre ses lèvres alors qu’il jouait avec son piercing à la langue.

«- Parce que c’est nouveaux amis m’empêche de le voir et de le rejoindre. Ils m’ont pris mon meilleur ami sans ma permission … Je n’aime pas les gens égoïste. »

Un petit rire se fit entendre, en même temps qu’un reniflement. De sa manche il s’essuya les yeux et releva le nez vers le ciel, soupirant doucement. Bien sur, lui-même était égoïste en prononçant c’est mot, mais sa colère n’avait pas totalement disparut. Si comme Liam le disait, Tomas avait des amis, il trouverait bien quelqu’un comme lui et deviendrait proche de son Tomas, il perdrait sa place et Tomas l’oublierait… Son cœur se serra doucement, mais il chassa vivement cette idée aux paroles de Liam, souriant pour finalement lui tiré la langue.

«- Je sais, Sarah ma déjà fais la… »

S’arrêtant soudainement, il baissa les yeux vers les pantalons de Tomas, les regardant longuement puis releva les yeux vers Liam. Le timbre neutre de son cousin le mit mal a l’aise … Sarah avait aussi remarquer, mais n’avait rien dit, elle avait sourit, mais n’avait rien dit. Liam fut le premier a lui faire la remarque et… D’ailleurs il n’avait pas penser que quelqu’un pourrait le prendre mal. Toussant doucement, il détourna le regard et haussa les épaules.

«- J’adorais ce pantalon et Tomas ma toujours dis que si jamais il lui faisait plus, il me le donnerait… Et puis, je ne suis pas très grand tu sais … J’ai la même taille que Tomas… Ta mère semble vouloir me donner tout les vêtements de ton frère, mais … Je voulais juste les pantalons…»

Avoua t-il avec un petit sourire timide. Cependant, tous semblait prendre Lean pour un deuxième Tomas, puisque son regard se porta sur le Badge de préfet sur sa cape, se mordant la lèvre.

«- Ça te gêne… Que je le porte ? »

Tournant la tête vers Liam, Lean pris une nouvelle gorgée de sa bieraubeurre, si jamais le jeune homme répondait que oui, il cesserait de les mettre, mais garderait quand même les pantalons pour lui. Pas question de les donnés à qui que se soit.

Longuement, Liam resta silencieux, à observer ce pantalon qu'il avait souvent vu porté par son frère, à présent adopté par Lean comme s'il avait toujours été le sien. Il pouvait même voir, malgré l'obscurité, un petit mot signé de sa propre écriture quelques mois, un an peut-être auparavant. "Pas plus haut que le bord quand tu te sers une bière, frère d'alcoolique ! Le Liaminausaure." Ce message faisait référence à la première St Patrick où Liam avait trinqué avec son petit frère, avant de voir celui-ci complètement pompette pour cause d'abus de bière. Ce soir là, Tomas avait câliné toute personne a sa portée et chanté à tue-tête toutes les chansons du folkore Irlandais qu'il connaissait, et Liam en avait eu mal au ventre tant il avait ri, mais ri ...
Aujourd'hui encore, ce souvenir parvint à arracher à Liam un sourire en coin.

"Ca ne me gêne pas du tout. Mais ça m'étonne de maman qu'elle ait accepté de te donner un pantalon aussi sale et troué "

Le sourire qui était né sur ses lèvres grâce au sourire évoqué par le pantalon que portait Lean ne l'avait toujours pas quitté. Serrant sa bouteille de Bieraubeurre dans les deux mains, il baissa le regard vers celle-ci, afin de cacher son sourire aux yeux de son cousin, comme s'il avait été indescent de se remémorer de bons souvenirs dans un moment pareil.

"Tu sais," dit-t-il après un court silence, "Je ne sais pas ce que deviennent les gens après qu'ils ... enfin ... je ne sais pas où est Tomas en ce moment ... Mais je suis sûr qu'il sait parfaitement que nous ..."

Il eut du mal à poursuivre sa phrase, à cause de la boule qui grossissait de nouveau de sa gorge et d'une certaine pudeur qui l'empêchait d'aller au bout de sa pensée.

"Tu devrais t'excuser, il doit être vexé d'entendre que tu penses qu'il va te remplacer. Moi je crois qu'il est toujours là et qu'il ne nous a jamais vraiment quittés."

Le voilà qui tenait un discours aussi naïf que Tomas ou Lean ! Il devait le reconnaître, ce n'était parfois pas si désagréable ... La pensée que son petit frère s'en soit allé, disparu à jamais, lui était insupportable ... Il aimait mieux croire - ou se faire croire - qu'il était toujours présent, avec eux ce soir là, dans le parc du château, et qu'il les écoutait. Etrangement ... un frisson parcourut Liam à ce moment là. Et pendant un instant, il eut la très troublante impression que c'était Tomas lui-même qui avait répondu à sa pensée.
Secouant légèrement la tête, il prit une nouvelle gorgée de Bieraubeurre. Tomas était parti sans lui dire au revoir ... sans qu'il ait pu lui dire au revoir. Il s'étaient même presque disputés le soir où Tomas était sorti de la maison avec son cousin, afin de rejoindre leurs amis ...

- "Tu pourrais faire un effort, maman n'a pas que ça à faire ranger ta chambre !
- Je le ferai demain, je l'ai promis !
- Tu l'as déjà promis hier, tu n'étais pas sencé sortir avant de ...
- J'y vais, Lean m'attend, bonne soirée tout le monde ! ^__^"

Et c'était tout. Liam n'était même pas sûr que son imagination n'avait pas inventé cette scène après avoir appris le drame. Il aurait voulu se souvenir de tout ... De la façon dont son frère était vêtu lorsqu'il a franchi pour la dernière fois le seuil de la maison, quelle était son expression, ses derniers mots ... Quand pour la dernière fois lui avait-il sauté sur le dos en demandant au Liaminausaure de l'emmener à Jurassic Park ? Quand pour la dernière fois l'avait-il entendu éclater de rire ...?
Cette fois, le sourire nostalgique avait laissé place à une réelle et saisissante envie de pleurer, mais c'était comme si les larmes restaient coincées au fond de sa gorge. Lean lui, il savait tout ça. Il avait été à ses côté à ses derniers instants, lorsque Tomas avait rendu son dernier souffle. A cette pensée, Liam fut saisi d'une horrible et inexplicable jalousie envers son cousin. Il eut même, l'espace d'un instant, la folle pensée que Lean avait eu de la chance de se trouver sur les lieux du drame au moment de l'attaque des Mangemort, d'avoir été aux côtés de Tomas, le dernier visage qu'il avait vu, la dernière main qui l'avait soutenu ...

"Lean ..." souffla-t-il après un long silence.

Il n'avait pas quitté des yeux le fond de sa Bieraubeurre presque vide, dont il arrivait à présent à peine à distinguer la forme dans l'obscurité de plus en plus profonde.

"Comment c'était ... ce soir là ? Est-ce que ... Est-ce que vous vous êtes bien amusés ? Est-ce qu'il a eu le temps de ... de dire quelque chose ? Ou de se rendre compte qu'il allait ..."

Maintenant qu'il l'avait demandé, qu'il avait enfin osé poser ces questions qui le travaillaient depuis la mort de Tomas, Liam se demandait si cela avait été réellement une bonne idée. Il n'était plus tout à fait certain de vouloir en connaître les réponses ...
Nerveusement, il serra un peu plus fort sa bouteille de Bieraubeurre entre ses doigts. Il lui suffisait de voir la réaction de Lean pour se dire qu'il avait eu tort. Tort de vouloir en savoir trop. S'il s'était inquiété de ne pas réveiller les douleurs endormies de Sarah, il aurait dû penser à accorder à Lean le même traitement. Mais l'envie de savoir avait été la plus forte, et à présent, le seul témoin de la mort de Tomas se trouvait devant ses yeux, sur le point d'évoquer ces instants, sûrement les plus douloureux de sa vie.

Et lorsque Lean débuta ses explications ... il put sentir son coeur se serrer brutalement. Comme dans un film en trois dimensions, les images se mirent à défiler devant lui, comme si la scène se déroulait sous ses yeux, à cet instant précis. Il pouvait très clairement imaginer Tomas accompagné par sa bande de copains, s'amusant innocemment et profitant de la soirée sans se douter qu'elle serait pour lui la dernière ... le flou qui entourait l'image de Tomas avait disparu, et il semblait à Liam qu'il ne lui avait jamais paru aussi vivant.
Plus la scène racontée par Lean avançait, plus son coeur se serrait douloureusement dans sa poitrine. Ses mains, devenues moites, serraient avec force la bouteille de verre.

"Et te dire qu’il aimait son Liaminausaure …"
Ce furent ces mots qui le firent craquer.

Liam avait pleuré durant des heures après l'annonce de la mort de Tomas. Il avait pleuré à son enterrement, puis à plusieurs reprises durant les quelques jours qui avaient suivi le drame, lorsqu'il était absolument certain qu'il ne pouvait y avoir aucun témoin.
Mais à présent, de grosses larmes roulaient rapidement sur ses joues, sans qu'il ne puisse, ni même n'essaye de les contrôler.

"Lean ..."

Il aurait voulu lui dire "Ce n'était pas ta faute". Il aurait sincèrement voulu lui offrir une parole rassurante, réconfortante, mais c'était au dessus de ses moyens. Tomas aurait pu survivre ... Ce n'était pas lui qui était destiné à mourir ce soir là. Ce n'était pas sur sa mort qu'il aurait dû pleurer en cet instant, mais sur celle de son cousin. Ce n'était pas juste ... Se mordant la lèvre pour étouffer un sanglot, Liam essuya ses joues mouilées d'un revers de manche.
Il était conscient que ça n'avait pas été aussi facile pour Lean qu'il voulait bien le faire croire. Il savait également que ce souvenir allait le hanter jusqu'à la fin de ses jours. Et il était injuste de le laisser s'excuser pour quelque chose qui lui avait échappé, pour la fatalité qui lui était tombée dessus sans qu'il n'ait rien demandé à personne. Même si Tomas était mort à sa place ... Non, ce n'était pas sa faute ...

"Viens là ..." souffla doucement Liam en s'approchant de son cousin, et enroulant ses bras autour de lui, lui caressant le dos de manière réconfortante.

Il n'avait aucune parole rassurante pour lui, mais il espérait que Lean comprendrait qu'il ne lui en voulait pas, et qu'il serait là pour l'aider à surmonter cette épreuve.
Alors qu'il déposait doucement son menton contre la chevelure noire de son cousin, Liam eut l'étrange sensation que ses doigts s'engourdissaient. Il tenta brièvement de les bouger, mais put constater qu'ils étaient comme ... collés au verre de la bouteille, comme s'il tenait entre ses doigts un glaçon. Fronçant légèrement les sourcils, il recula d'un pas. Sa vieille Vans se posa accidentellement dans ce qui avait été, l'instant auparavant, la petite flaque de Bieraubeurre renversée par Lean. A présent, ce n'était rien d'autre qu'une surface gelée. D'ailleurs, il sembla au même moment que la température était soudain tombée d'une bonne vingtaine de degrés ... Liam put sentir chaque parcelle de son corps lacérée par un froid vif et violent.

"Qu'est-ce que c'est que ça ?" lança le Poufsouffle, haussant la voix pour couvrir le bruit du vent qui s'était mis à souffler avec force.

Le sifflement du vent ressemblait à s'y méprendre à ce que l'on aurait attribué au hurlement d'un fantôme. La bouteille de Bieraubeurre tomba aux côtés de sa jumelle dans un tintement de verre à peine perceptible sous le force du vent, tandis que Liam s'emmitoufflait dans sa cape.

"Bon sang, mais c'est quoi ça !"

Liam McLane qui perdait son calme était une chose excessivement rare. La panique n'était pas un mot connu à son répertoire. Pourtant, à cet instant précis, c'était comme s'il avait perdu tout ce qui existait de positif en lui. Comme si tout ce qui lui permettait habituellement de préserver son calme et son optimisme avaient pris le large, comme si on lui avait retiré toute joie de vivre ...

« Ta fête est génial Maxime ! »
« Ouais, carrément on s’éclate comme des fous ! YOUHOU »
« Ça ne va pas Tomas ? »

Alors que Maxime et Jérôme marchaient derrière eux, Tomas et Lean avait prit les devant. Marchant tranquillement, l’un a côté de l’autre, alors que Lean observait attentivement la mine légèrement triste de son cousin. Rare était les fois ou Tomas ne semblait pas dans son assiette, et le connaissant que trop bien, Lean savait que cette mine maussade avait un quelconque rapport avec tout ce qui s’était produit un peu plutôt avec sa famille. Les disputes, les querelles débiles et les taquineries n’était pas ce que Tomas préférait le plus et de c’être pris la tête avec Liam avait été assez puissant pour le rendre triste. Triste, mais il s’amusait quand même, si bien qu’un sourire se dessina de nouveau sur son visage quand Maxime posa une main sur l’épaule du garçon.

« Ouais, je suis vraiment heureux de ma petite fête, t’en penses quoi, To ?»
« Je crois que … Qu’il manque de bonbon ! \o/ »
« Oui et bien, c’est là-bas que nous allons ! » Avait rétorqué Max en pointant le dépanneur à un coin de rue d’eux.

Bien sur, Lean fut déçu de voir que Tomas n’avait eut aucune chance de lui parler un peu plus. Jusqu’à ce que Jérôme rappelle Maxime avec lui, laissant de nouveau les deux cousins ensemble. Un silence sembla planer au dessus des deux McLane, alors qu’une fine main se glissa dans celle de Lean. Aussi surprenant que cela pouvait le paraitre, dès qu’ils étaient tous les deux ensembles, le caractère un peu plus vieux de Lean prenait le dessus, laissant facilement voir que Tomas était encore le bébé du groupe.

« Je vais bien, Lean. »
«Hum… »
« … Seulement, j’aimerais pouvoir téléphoner à Liam et lui dire que je m’en veux … »
« Pourquoi tu ne le fais pas ? » Proposa Lean, étonner et amuser par la petite moue boudeuse que Tomas ce dessina sur le visage.
« C’est vrai, je pourrais le faire … Tu me passe ton portable ? Que je lui dise que je l’aime mon Liaminausaure ! \o/ »

Riant de bon cœur avec son cousin, Lean n’eut même pas la chance de prendre son portable. Une froideur sembla prendre soudainement possession de la rue, laissant plus à un froid encore plus hivernale qu’en plein hiver. Pourtant, quelques minutes plutôt les degrés étaient pratiquement au dessus de 30°c… Ce qui avait même poussé les jeunes à vouloir se rendre dans la piscine une fois de retour chez Maxime … Tournant la tête dans tout les sens, la main de Tomas se resserra brusquement sur celle de Lean. Le retour des mangemort avait été sonner depuis la fin de l’été, étrangement un sentiment de peur avait pris le dessus, alors que Lean se plaça devant Tomas. Le courage ? Il ne l’avait pas … Non, Lean avait toujours été d’une nature trouillard, d’une nature a figer quand quelque chose de grave pouvait survenir.

« Tomas … Lean … Il se passe quoi ? »
Dès que Maxime prononça ces paroles, une vapeur de contraste entre le froid et la chaleur fit voir un fumé sortant de sa bouche. Rien de rassurant, pour deux garçons qui connaissait le monde de la sorcellerie assez pour savoir qu’un Détraqueurs était probablement dans les parages… Lean se retourna vers Maxime et ce fut le déclique. Tout sentiment de bonheur l’avait quitté, toute envie de sourire, de vivre avait laissé place a un énorme troue noir, comme s’il avait tombé dans une grande dépression et que plus rien ne valait la peine de vivre … Puis, au moment ou il cru ne plus jamais pouvoir sourire, des hommes vêtus de cape noir étaient apparut, repoussant le détraqueur dans un langage bien à eux. C’est hommes… Ils n’étaient pas Moldus, loin de la. Probablement des …

«Lean, c’est des mangemorts … » Tomas lui avait murmuré a l’oreille, d’une douce voix, comme si tout ceci n’avait rien d’extraordinaire. Serrant la main de son cousin, Lean se retourna vivement vers c’est trois amis moldus, mais tout ce qu’il vit, tout ce qui arriva par la suite fut beaucoup trop rapide pour lui …

Une éclaire verte, suivit d’une deuxième puis d’une troisième frappèrent Maxime, Jérôme et Crhistophe. Ceux-ci n’eurent même pas le temps de réagir ou de comprendre ce qui venait de ce produire qu’ils avaient déjà soufflé leur dernier souffle de vie.

« LEAN !! »

Alors qu’il tournait la tête pour voir Tomas lui hurler dessus, il fit face à face avec son petit cousin, celui-ci lui souriant tendrement pour finalement lui tomber dans les bras. Derrière Tomas, Lean avait pu voir la lueur verte d’un sortilège impardonnable. Tomas avait également perdu la vie ce soir là… Tombant à la renverse, tenant son cousin contre son cœur, Lean chercha à comprendre ce qui venait de leur tomber dessus… Par la suite… Troue noir. Il s’était réveiller à Saint-Mangouste avec une blessure lui partant de l’épaule droite, descendant jusqu’à son poignet… Une brulure que ni Magicomage, ni professeur de potion assez qualifier et ni même médecin moldus ne pouvait connaitre. Cette brulure aussi traitre soit-elle partait et revenait sans prévenir… Aussi bien elle pouvait avoir l’air guérir, aussitôt la brulure revenait avec encore plus d’intensité…

***

Maintenant blotti contre Liam, il s’était laissé aller dans ses sanglots. Trop longtemps il avait gardé le sacrifice de son cousin en tête, trop longtemps il avait gardé le silence sans ne rien dire à personne. Et maintenant qu’il osait finalement ouvrir son cœur, partager sa souffrance… Lean constatait qu’il aurait put le faire plutôt, que Liam comprenait et ne semblait pas lui en vouloir. La peur. Cette émotion qui nous saisit les trippe et nous empêche de faire les choses comme elle se devrait être. Si la peur n’avait pas été présente depuis le début… C’était la mort de Lean que tous pleurait, c’était Tomas qui serait en ce moment dans les bras de son ainé à chercher du réconfort. Leur souffrance serait probablement moins pénible qu’en ce moment.
Si la peur ne lui avait pas coupé tout mouvement, si celle-ci ne l’avait pas empêché de s’ouvrir, toute la famille serait maintenant au courant du courage que Tomas avait fait preuve. De l’envie de voir Lean vivre… Tomas avait été conscient de son geste et l’avait fait quand même … Pourquoi? C’était uniquement à cette instant, a cette minute précise que Lean réalisa pourquoi Tomas avait agit de la sorte. Cela était tellement évident, ceci sautait aux yeux …
Tomas s’était sacrifier simplement parce qu’il savait que Lean en aurait fait autant pour lui. Si la baguette de ce mangemort avait pointé Tomas, plutôt que lui… Il se serait également élancé vers Tomas pour le pousser et se prendre l’éclaire en pleine cœur.

Petit à petit, les larmes du jeune homme cessèrent.
Ne quittant pas pour autant les bras de Liam, non. Ce fut le grand Poufsouffle qui se recula en premier quand une soudaine froideur envahit le parc. Ce vent soudainement froid, l’ambiance soudainement noir … Lean releva vivement la tête, les yeux aussi énormes que des assiettes.

«- Non … Pas eux ! »

Se retournant vers le ciel, il scruta celui-ci avec beaucoup d’attention, prenant la main de Liam. Sans vraiment se rendre compte, il serrait celle-ci avec force, tremblant de la tête aux pieds.

«-Liam, on rentre ! Viens, je t’en pris … » Tirant une nouvelle fois sur le bras de son aîné, Lean s’arrêta brusquement en poussant un hurlement de douleur. «- Mon bras…. »

Gémissant, il tomba à genoux, tenant celui-ci fermement contre son torse. Les yeux solidement fermé. Encore aujourd’hui, Lean pouvait entendre les questions des Aurores lui tourner dans la tête ‘comment cela c’est –il produit ? ‘ … il l’ignorait ! ‘Pourquoi une telle brulure, avez-vous vu le visage de l’homme ? ‘ … Non … Il n’avait rien vu !
Toujours a genoux, il pouvait entendre dans sa tête une voix d’un Adolescent qui murmurait être désoler pour tout ceci, alors qu’un Liquide dans les teintes de noir charbon lui tombait sur le bras, lui brulant celui-ci vivement. Alors qu’il souffrait sur le sol, Lean ressentit une fois de plus les émotions qu’il avait ressentit quelques semaines plutôt… L’envie de ne plus jamais sourire, l’envie d’être là, comme un être sans âme … Vivement, il releva le visage vers Liam, grimaçant sous la douleur.

«- RENTRE DANS LE CHÂTEAU ! C’EST UN DÉTRAQUEUR… » Il avait hurlé entre les dents, se redressant doucement, serrant d’avantage son bras contre lui. « Faut retourner à l’intérieur … »

Pour une nouvelle fois, il poussa Liam vers l’arrière… Ignorant s’il n’y avait que le détraqueur ou si des mangemort se tenaient tout près. Mais cette fois… Oui cette fois il était hors de question qu’un autre McLane ne perde la vie.. Par sa faute.

Le vide. Le froid, le vide et la peur, voilà tout ce dont Liam avait conscience à cet instant précis. Emmitoufflé dans sa cape qui claquait sous la force du vent, l'échine courbée par instinct de protection, il restait figé, sans plus donner le moindre signe de vie.
C'était comme si le parc et tout ce qui l'entourait avaient disparu, comme s'il avait été transporté au beau milieu d'un paysage gelé et désertique, comme s'il était désormais seul au monde et que plus rien de vivant, plus rien de chaud et d'heureux ne rencontrerait jamais sa route. Tomas était parti, et il ne restait plus rien ...
Les taches colorées qui avaient rendu le ciel si beau quelques instants auparavant avaient disparu elles aussi. Il ne restait à la place qu'une obscure voûte sans étoile, sans lune, sans vie, plongeant le parc dans les ténèbres les plus profondes et les plus angoissantes qu'un homme ait jamais pénétrées.

"Tomas ..." gémit-il, comme si le nom de son frère était la seule pensée rationnelle qui lui restait encore.

Quelque chose de chaud et de rassurant lui saisit la main. Une voix chaude, bel est bien vivante l'appelait ... C'est à ce moment que Liam comprit qu'il n'était pas seul au monde. La voix de Lean le rappela soudain à la réalité et le sortit de sa transe, comme s'il avait été brusquement tiré de l'eau froide.
Reprenant tout à coup ses esprits, il serra vivement la main de Lean, mais avant qu'il n'ait eu le temps d'esquisser un pas en direction du château, son cousin était tombé à ses pieds, se tordant de douleur.

"Lean !" s'exclama-t-il en se jetant à genoux dans l'herbe gelée pour tenter d'aider son cousin à se relever. "Qu'est-ce qui t'arrive ? LEAN !"

Mais il ne l'écoutait pas. Il pliait sous une douleur que Liam ne pouvait expliquer, se débattait, hurlait ... La panique gagnait Liam chaque seconde un peu plus, et chaque seconde, il lui semblait impossible de connaître une peur plus grande que celle qu'il ressentait à cet instant précis.
Des Détraqueurs ... Comment avait-il pu ne pas y penser plus tôt ? Il y en avait eu un le soir de l'agression, tous les journaux en avaient parlé. Plus personne dans le monde des sorciers ne pouvait ignorer ces créatures immondes, tous avaient été avertis du danger et en connaissaient les caractéristiques.

"Oh BON SANG !"

Vivement, Liam se redressa et tira d'un mouvement sec sa baguette magique de la poche de sa cape : il était impossible de transporter Lean dans ces conditions. Tout seul, il ne parviendrait jamais à maîtriser son agitation violente provoquée par une douleur inconnue. Il lui fallait de l'aide ...
Son regard se posa sur le château ... Quelle distance les séparait réellement ? Trois cents mètres ? Quatre cents ? Peu importe, c'était comme si d'infranchissables kilomètres se dressaient entre la porte d'entrée salutaire et les deux pauvres adolescents pris au milieu d'une tempête glacée ...
Lentement, déglutissant avec difficulté, Liam tourna le dos au château, baguette dressée. Il savait créer un Patronus. Il en avait déjà créé un en cours de Défense Contre les Forces du Mal. Il n'était pas parfait, mais il savait comment le produire ...
Debout devant Lean, la cape de Liam claquant au vent consituait une protection dérisoire contre l'ennemi, guère plus dissuasive qu'un vulgaire rideau noir.

Ils étaient là. Ils approchaient au loin, flottant dans les airs, surgissant du décor inquiétant de la Forêt Interdite ... Ils étaient deux. Deux créatures inhumaines, dénuées de visage. Aveugles et vêtues de hâillons immobiles dans la tempête, ces créatures ne laissaient voir, sous leurs capuches sombres, qu'une immense trou à la place de la bouche ... un trou capable d'aspirer toute âme vivante et la faire disparaître dans le néant ...
Des sueurs froides parcouraient le dos et la nuque de Liam. La main tremblante, sa baguette pointée vers les deux créatures seules mais bien plus effrayantes qu'un millier d'humains, Liam ferma lentement les yeux, tentant de se concentrer. Quelque chose de joyeux.
Il pensa à Tomas. A cette St Patrick où il avait été ivre. A toutes ces fois où il lui avait sauté sur le dos comme sur un poney. Il pensa au rire de son petit frère ... Mais c'était peine perdue. Les bons souvenirs ne suffisaient pas à chasser la tristesse qui était la plus forte. La douleur de l'absence de Tomas grandissait en lui, empêchant toute pensée positive de s'installer.
A ses pieds, la chaleur du corps de Lean était la seule chose qui l'empêchait d'abandonner. S'il n'avait pas eu près de lui, son cousin à protéger, il aurait depuis longtemps laissé sa baguette tomber dans l'herbe, avant de lui-même fléchir et laisser les Détraqueurs l'embrasser ...
Non, il ne pouvait pas se le permettre ... Liam n'avait jamais été quelqu'un de courageux, mais jamais, jamais il ne laisserait arriver quoique ce soit à l'un des siens s'il pouvait l'en empêcher.

"Quelque chose de joyeux Lean ... aide moi !!!" hurla-t-il, autant de panique que pour couvrir le sifflement du vent, de plus en plus puissant au fur et à mesure que les Détraqueurs approchaient. "Aide-moi ..."

L'agitation semblait avoir gagné la salle de classe des cours de Métamorphose à en juger par des cris qui résonnaient jusqu'au fond du couloir, en provenances de deux élèves, mais également du professeur qui semblaient vouloir rétablir l'ordre à en juger par les menaces qui tentaient vainement de couvrir les deux autres voix qui semblaient s'affronter. Dans la classe en question, les yeux de tous les élèves semblaient tournés vers deux intervenants, debout en plein milieu des bureaux impeccablement alignés, se tenant tête fermement, les yeux dans les yeux tandis que le professeur, les regardant tout deux de profil, essayait en vain de les résonner.

La plupart se demandaient ce qui avait provoqué cette dispute, ce qui avait pu pousser deux élèves à s'insulter brutalement, et un des élèves qui étaient assit non loin de la scène prétendit que le premier, Greg Marchall, un garçon d'environ un mètre 84 et peut être tout autant en kilos, au visage bouffi et au large menton, aux petits yeux de fouines et au nez écrasé comme celui d'un boxer appartenant à la maison Serpentard avait commencé par jeter une bouldegras, ces nouvelles gomme que l'ont pouvait acquérir à Zonko pour une très modique somme, gluantes et collantes à souhait, sur son voisin d'en face.
Le voisin en question, était un garçon à l'air sombre, plongé dans la lecture de son manuel de métamorphose au moment des faits. Debout l'un en face de l'autre, le garçon faisait bien une tête en moins que son attaquant et ressemblait à une brindille face à un gros bourdon... mais ne semblait pas se laisser démonter pour autant et gardait une allure fière. Ce jeune homme, c'était Sean O'Malley, également digne représentant de la maison Serpentard, dont il portait fièrement les couloirs avec son écharpe verte et argent un peu froissée qui sortait du col de sa tenue d'apprenti sorcier, obligatoire pendant les cours.
Quand Sean avait ressenti la chose gluante se coller sur son dos, et en partie sur le bout de ses longs cheveux noirs arrivant presque au milieu de son dos, il avait difficilement pu garder son calme, comme souvent ces temps ci. La plupart des élèves semblaient s'être rendus compte qu'il n'était pas bon jouer avec les pieds de O'Malley par les temps qui courraient mais Marchall, qui avait surement de la bouillie en guise de cerveau, ne semblait pas avoir aussi bien réaliser que ses congénères.

Là ou la situation sembla vraiment échapper à tout contrôle, c'est quand ce gros troll de Greg osa dire les mots suivants : « Et qu'est ce que tu va me faire, Bâtard ? Si tu me touche, tu connaitras le même sort que ton idiot de cousin ». La suite c'était passée si vite que personne n'avait eu le temps de savoir d'où Sean avait sorti sa baguette magique, mais il la tenait maintenant fermement entre les doigts, l'extrémité de celle ci calée sous le menton de l'autre Serpentard, chez qui on pouvait facilement lire dans le regard le même air d'incompréhension que pour les autres élèves.
« Je .. T'interdit... » eu la force de susurrer Sean, le regard empli de haine et tenant en joue son adversaire.

« CA SUFFIT MAINTENANT! »

Hurla enfin le professeur, qui semblait reprendre contenance face aux évènements. « O'Malley, rangez moi ça ! » s'empressa t-il d'ajouter à l'adresse de Sean qui, au bout d'une minute de silence à contempler le visage défait de son adversaire, fini par baisser les armes.

« Vous serez tous les deux en retenue jusqu'à la nuit tombée chaque jour pendant deux semaines ! Ça vous apprendra à provoquer des histoires à mon cours ! Et quinze points seront enlevés à Serpentard... chacun ! »

et ainsi, le cours avait repris, dans un silence presque pesant, parfois interrompu par les conseils avisés du professeur.

Le soir venu, dans le bureau du professeur de Métamorphose.

Sean n'aurait pas su dire depuis combien d'heures le professeur les tenaient enfermés ainsi dans cette petite pièce, forcés à recopier encore et encore des lignes sur une feuille de parchemin qui redevenait vierge au fur et à mesure qu'il écrivait ses fautes du bout de sa plume encrée. Le jeune homme soupira et se risqua à jeter un furtif coup d'oeil par la fenêtre, le soleil était déjà en train de se coucher et le ciel était coloré de teintes sublimes, rappelant celle de la maison directement concurrente à celle à laquelle il appartenait depuis son arrivée à Poudlard. Malgré la chaleur de la pièce, Sean ressenti un frisson tandis que son regard se posait sur la forêt interdite... L'instant d'après, le professeur se levait de son bureau et les autorisés enfin à regagner leur salle commune.

Les doigts engourdis, le pas lent, Sean trainait dans les couloirs tout en se massant délicatement les doigts de la main gauche dont il s'était servit pour écrire avec sa main droite, longeant les murs rugueux des couloirs avec lassitude. Arrivé face à une fenêtre, il s'arrêta pour contempler que le soleil avait enfin décidé de prendre son repos mérité pour laisser sa place à la lune qui brillait à peine, cachée par une nappe de brouillard qui semblait s'épaissir au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient... Sean fronça les sourcils et s'approcha davantage de la vite du premier étage, allant même jusqu'à décrocher la fermeture qui maintenant celles ci fermées, pour laisser le vent glacial s'engouffrer dans l'ouverture qu'il venait de créer. Sean, dont la cape n'était pas refermée sur ses épaules, réprima un frisson quand le vent parcouru son corps, dressant chacun des poils qui recouvraient ses bras à la vitesse de l'éclair. Tendant le visage au dehors, il mit sa main sur l'appui de la fenêtre, s'y cramponnant pour mieux vois à l'extérieur... Quelque chose lui semblait anormal. Il referma la fenêtre à la volée et repris sa marche de façon plus rapide.

Arrivé à la dernière marche de l'escalier de marbre qui occupait majestueusement le hall du château, le jeune Serpentard croisa un visage familier et s'approcha. « Sarah? ».
Une jeune fille, habillée aux couleurs de Poufsouffle et possédant des cheveux un peu plus long que le garçon s'alliant à de magnifiques yeux bleus, était postée non loin de la grande porte d'entrée et semblait attendre avec impatience quelque chose, ou quelqu'un... « Qu'est ce que tu fais? » demanda son cousin les sourcils froncés en contemplant l'air anxieux de la jeune fille. « Lean est sorti y a quelques temps... je veux juste... m'assurer qu'il rentre au bien château... je l'attend ». lui dit elle en ramenant sa main à sa bouche, empoignant l'anneau qui était accroché à sa lèvre pour le faire danser de droite à gauche contre celle ci, essayant de canaliser son angoisse apparente.
« Tu rigoles? » ajouta rapidement Sean en regardant la grande porte qui menait à l'extérieur, l'air également inquiet. Mais comme un boomerang lui reviendrait en plus visage, Sean se souvint d'un coup de l'impression étrange qu'il avait eu à l'étage supérieur et n'ajouta rien, s'empressant de gagner la porte en se mettant à courir, accompagné par le cri se Sarah qui le rappelait à elle. « SEAN? » s'il ne s'arrêta, se ne fut que l'espace d'une seconde ou il répondit machinalement « Va chercher la Directrice ! Quelqu'un ! Grouille ! » et il la laissa là, au bas de l'escalier ou la jeune fille voulu répondre mais trop tard « La directrice est absente... » tandis que le garçon était déjà trop éloigné pour avoir entendu... Elle tourna les talons et monta les escaliers à toute vitesse, se mettant à la recherche d'un Professeur.

Au dehors, Sean courraient si vite qu'il sentait à peine ses jambes lorsqu'elle touchait le sol. Il glissa une fois sur le ravier, et échappa de justesse à une chute fracassante en s'aidant de son genoux qui prit le choc à même le sol, déchirant son pantalon, chose qui n'avait absolument aucune importance. A présent, le brouillard était encore plus épais que lorsque Sean l'avait contemplé par la fenêtre et les nuages gris paraissaient terriblement menaçant. Au fur et à mesure qu'il avançait, le Serpentard sentait un vent glacial le prendre au tripes, lui donnant même l'impression de nausées qui ne l'arrêtèrent pas pour autant. Enfin, il les aperçu : deux silhouettes se dressait non loin de lui et il les rejoignirent sans mal : L'un des deux hurlait tellement fort que ses cris, brisant un silence de mort qui plombait le parc assombri, avait facilement attiré l'attention de Sean. Quand il fut enfin à leur hauteur, il reconnu également l'autre personne dès qu'il l'entendit supplier l'aide de Lean : s'était son autre cousin, Liam, jumeau de la jeune fille qu'il venait de laisser en panique à l'intérieur du château. Celui ci était penché sur Lean qui semblait particulièrement affaibli.

C'est là, précisément là, que le regard de Sean aperçu enfin les deux silhouettes noires qui avançaient, menaçantes, à l'orée de la forêt interdite. Il eu l'impression que son estomac s'était contracté au point de n'être plus qu'un souaffle dégonflé, et le froid qui gagnait son corps, à peine recouvert par sa légère cape en satin, lui donnait l'impression de crisper tous ses membres comme une statue de cire. L'espace d'une seule seconde, Sean paru incertain, c'était la première fois de sa vie qu'il avait affaire à ça, qu'il se retrouvait confronté à ses créatures qui hantaient de nos jours un bon nombre de cauchemars de la société sorcière. Cependant, la seconde d'après, il sembla comme sorti de sa stupeur et enpoigna sa baguette, celle là même qu'il avait déjà pointé en direction d'un assaillant le matin même, même si Greg Marchall paraissait être une poupée de chiffon comparé à ce qui flottait en direction des trois adolescents.
Vif, il s'approcha de ses cousins et retira sa cape pour la poser sur Lean, espérant lui faire gagner un peu de chaleur. Il était passé devant eux, comme voulant se faire bouclier devant les créatures, bien qu'il n'était pas bien imposant face à l'une des créatures les plus redoutées dans le monde magique, Sean tenta de rester le plus serein possible, en apparence.

« Liam, éloignez vous ! Met Lean en sécurité ! »

Une des créatures sembla danser de droites à gauche, comme emportée par le souffle du vent.

« Et vous, je vous conseille de partir d'ici ! IL N'EST PLUS QUESTION QUE JE LAISSE DES PERSONNES QUE J AIME MOURIR! COMPRIS? Même si vous devez me passer sur le corps... » il fit une pose, sa voix avait perdu de son ampleur et semblait même un peu plus tremblante « ... vous ne toucherez pas à un seul de leur cheveux tant que mon âme sera encore dans mon corps, c'est moi qui vous l'dit ».

Tendant sa baguette face à lui, Sean se remémora difficilement la leçon qui concernait le sort Patronus... de mémoire, il n'avait jamais été très doué pour le réaliser, le meilleur qu'il avait pu faire ressemblait à un serpent, mais en 10 fois plus petit qu'a la normale... Et être confronté à un vrai détraqueur ne faisait pas partie de l'enseignement de Poudlard, à son grand mécontentement. Cependant, il était bien décidé à ne pas céder sa place.