A travers les nuages °_°

Lorsqu'on lui avait parlé de ce voyage scolaire, Liam avait trouvé l'idée excellente. Il s'était aussitôt enthousiasmé et avait répondu présent sans même hésiter. C'est vrai, lui qui trouvait généralement les vacances trop longues du fait d'être isolé de ses camarades, quel meilleur moyen de garder contact que de tous embarquer dans la même galère ?
Il avait alors préparé avec entrain ses bagages. Quelques vêtements, le nécessaire sanitaire, beaucoup de lecture et un peu de musique, une bise sur la joue de chaque membre de la famille qui restait sur la terre ferme, et Liam était prêt à embarquer.

De quelle façon décrire la désillusion qui heurta le jeune homme quelques instants à peine après l'envol du Phoenix ? La cruelle réalité était là, et il ne pouvait faire autrement que d'y faire face : il avait le mal de mer.

Aussi, les longues séances de lecture dans un transat sur le pont étaient régulièrement interrompues par un impressionnant mal de coeur qui le faisait se lever et courir se pencher au dessus du vide. Ce qui était, en soi, particulièrement stupide, car la hauteur vertigineuse ne faisait qu'intensifier les nausées de Liam.
Plusieurs fois, l'on avait fait remarquer au jeune Irlandais : "Liam, tu es tout vert."
Les vacances de rêves auxquelles il s'était attendues étaient donc loin d'être celles-ci, et il n'avait qu'une hâte : reposer les deux pieds bien à plat sur la terre ferme.

Cette après-midi était une après-midi comme les autres : nauséeuse. Allongé sur un transat, plongé dans la lecture d'une pavé intitulé "Le mystère des Runes et leur impact sur le monde moderne", équipé d'un verre de jus de citrouille bien frais surmonté d'une petite ombrelle en papier, Liam semblait retrouver un semblant de confort depuis le début de l'après-midi. Du moins, jusqu'à ce que le Capitaine du Phoenix décide subitement de changer de cap. Le mouvement dans l'air monta en Liam comme une subite marée. En un bond, le verre de jus de citrouille et le grimoire se retrouvèrent au pied du transat.
Au pas de course, une main sur la bouche et l'autre sur le ventre, Liam arriva au bord du pont, s'accrochant à la rembarde comme à se propre vie. Il pouvait sentir les mouvements du bateau se répercuter en lui, comme un gros son de basse lui aurait retourné les boyaux dans un concert particulièrement violent.
Le bateau penchait vers la gauche ... et le corps de Liam en était un peu trop conscient. Le mal de tête venait d'ailleurs s'ajouter à cette infernale nausée.
Alors qu'il prenait de grandes inspiration, avec le fol espoir que l'oxygène pur du ciel lui rendrait toutes ses capacités, il put entendre le bruit léger d'un roulement sur le bois. Baissant les yeux, il put voir une petite chose luisant aux reflets du soleil, se heurter et s'immobiliser contre sa vieille Vans noire et usée. Intrigué, il se baissa prudemment pour ramasser l'objet en question. Une petite tube en verre fermé par un capuchon rose, contenant une substance à paillettes ... cela ressemblait à l'un des gloss que Sarah se mettait sur les lèvres. Un de ces accessoires de fille dont Liam n'avait jamais compris l'utilité, mais qu'il parvenait plus ou moins bien à identifier.

"C'est sûrement pas à moi ça ... +_+ "

... Bateau, pas bateau, exceptionnel ou pas. Lucie n'en avait pas grand chose à faire. Le seule chose qui l'avait enthousiasmé dans ces nouvelles vacances, c'était l'extraordinaire possibilité de profiter de deux mois de farniente, sans obligation scolaire, sans parent, et sans aucune forme d'autorité qui vaille la peine qu'on lui obéisse. Ce n'était pas génial ça? Il lui avait suffit de baratiner un peu ses parents sur l'absolue nécessité de travailler pendant ces vacances pour préparer ses B.U.S.E.s de l'année prochaine, manifestant par là la belle ambition de Serpentard, et c'était dans la poche. Elle s'envolait avec son frère jumeau pour des aventures palpitantes, espérait-elle, certainement pas très sages, et avec la bénédiction parentale! Libre de contrainte.

Fantastique.

Lucie chiffona le prospectus qu'elle lisait pour la première fois, et le balança par dessus bord sans autres remords. En cette belle après-midi, que même l'altitude et les nuées ne pouvaient gâcher, la curieuse s'était piquée de visiter le bateau. Et qui sait... elle s'arrêterait sûrement sur une nouvelle tête, peut-être même un joli garçon. De toute façon elle était trop paresseuse pour éterniser sa visite. Elle trouverait bien une excuse bidon pour s'étaler au soleil, et ne plus bouger jusqu'au soir. C'est donc naturellement par l'endroit le plus ensoleillé qu'elle commença : le pont.

Mouais... Enfin. C'était joli cette croisière. Très bleu, quoi. Chiant.

Lucie, après quelques pas, fouilla dans les poches de son long gilet rose. Main gauche : cigarettes. Main droite : bubble-gum. Impossible dilemme. L'adolescente trancha alors pour une troisième solution et décida que c'était la pause maquillage. Un deux temps, trois mouvements, elle se retrouvait armée d'un gloss 'juice paillettes ultra-brillant effet pulpeux naturel' et d'un mini-miroir. Mais c'était sans compter sans la mauvaise volonté du Capitaine du Phoenix, qui crut intelligent de changer de cap à cet instant précis. Résultat : Lucie avait manqué de se casser la figure, une trace de gloss barrait sa joue et elle ne retrouvait plus le tube.

"Oh, merlin! Pourquoi ça n'arrive qu'à moi!"

Rapidement, elle s'essuya la joue avec la manche du gilet et balaya le ponton d'un regard qu'elle voulait morne et détaché. ... Eh! Mais il faisait quoi lui! Le grand mec brun avec son tube de maquillage? D'un pas aussi décidé que le permettaient ses nouvelles compensées, Lucie s'approcha du garçon et l'apostropha.

"Heureusement que c'est pas à toi. J'ai jamais vu un mec avec du rouge-à-lèvres..."

*...à part mon abruti de frère, bien sûr.*

"Oui, c'est un rouge-à-lèvres, ça va pas te mordre. Le truc là pour mettre sur la bouche tu sais, et c'est à moi. Tu me le... euh?"

Soudain Lucie remarqua le teint verdâtre du garçon, le voyage n'avait pas l'air de lui réussir.

"Ca va, t'es sûr?" s'inquiéta-t-elle un peu, avant de maugréer : "pfft, j'aurais vraiment dû choisir les cigarettes..."

Lucie Anson. Si ce nom et ce visage étaient imprimés dans la mémoire de Liam, c'est pour la simple et bête raison que la Serpentard qui se trouvait face à lui avait un frère jumeau, tout comme lui avait Sarah. Mais ce que personne ne savait, c'est qu'elle était également à ses yeux la fille la plus séduisante de Poudlard. S'il y avait réfléchi, s'il avait cherché à la connaître ne serait-ce qu'un peu, il aurait appris qu'elle était quelque peu plus jeune que lui, mais l'âge de Lucie n'était pas marqué sur son front. Front qui était d'ailleurs généreusement patiné de fond de teint, et qui sait combien d'autres produits dont elle n'avait pas réellement besoin.
Quelque peu déconcerté de voir la Serpentard s'adresser à lui pour la première fois en quatre années de fréquentation de la même école, Liam put au moins se raccrocher à l'excuse du mal de coeur qui ne le lâchait pas. Accroché à la rembarde de sa main droite crispée sur le bois à s'en blanchir les jointures, il tendit à Lucie le petit tube de brillant qu'il tenait de sa main gauche, sans même remarquer les sarcasmes de la Serpentard.
Les seules paroles qui retinrent réellement son attention furent celles qui lui semblèrent détonner une certaine, infime mais certaine inquiétude de la part de la jeune fille. Alors qu'il portait la main à sa gorge qu'il massa comme pour calmer sa pomme d'Adam qui semblait avoir triplé de volume, il poussa un faible rire nerveux.

"Ca va, merci. ^^' Tiens, on dirait qu'on va amerir ..."

Ce n'était pas seulement un habile changement se sujet, c'était également la vérité. Penché au dessus du vide, Liam compris rapidement pourquoi le bateau avait subitement changé de cap : une île, directement en dessous d'eux, grandissait petit à petit dans le champ de vision du jeune Irlandais. Ce qui s'avérait la meilleure nouvelle de la journée : enfin, il allait pouvoir toucher le sol, enfin son coeur allait arrêter de jouer à la balançoire dans sa poitrine !
Liam n'avait aucune idée de leur situation géographique, et à vrai dire, ça lui était égal. Son soulagement était trop important pour se préoccuper de ce genre de détail. Se rappelant qu'à côté de lui, Lucie était toujours là, et avant que celle-ci n'ait le temps de repartir (pourquoi ne voulait-il pas la laisser repartir si tôt ? Sans doute pour les mêmes raisons qui le faisaient se retourner chaque fois qu'il la croisait dans un couloir), il l'interpela.

"Tu as une idée d'où on est ? Le Capitaine et les profs n'ont rien dit à ce sujet ..."

Pour être honnête, cette île n'était pas sans éveiller de vagues souvenirs dans la mémoire de Liam. Peut-être l'avait-il vue dans un livre de géographie, mais étrangement, ce fut l'image d'un livre de contes qui lui apparut à l'esprit.

Alors?

Il se décidait celui-là, ou fallait-il qu'elle attende encore une heure ou deux pour revoir son tube de rouge à lèvres? Tube qui avait mystérieusement disparu, sûrement planqué entre la paume du garçon et le rebord du bateau auquel l'élève se raccrochait avec désespoir. C'est bon, elle avait compris qu'il allait pas bien! Il cherchait quoi au juste? un peu d'attention? Pas la peine de jouer la comédie, ça devenait ridicule.

Lucie lui jeta un regard, mélange subtil et agaçant d'ennui et d'impatience. Elle croyait en tout bonne foi que le jeune homme faisait maintenant semblant d'être malade pour retarder le moment de lui rendre son précieux gloss à paillettes. Elle était peut-être un peu parano, mais elle avait une excuse : quatre années de Serpentard ça vous apprend rapidement à vous méfier de vos comparses, même de leurs comportements les plus insensés. C'était compréhensible.

*Faites qu'il ne tombe pas au moins.*

Non, désolée.
Lucie pensait à son rouge à lèvres. []

Le suspense ne fut pas de très longue durée (heureusement pour ses nerfs) et elle récupéra son tube à peine quelques secondes après avoir formulé sa pensée. Elle s'apprétait à tourner les talons avec, peut-être, une pique insolente et inutile à l'adresse de celui qui l'avait subtilisé. Mais... non. En fait, il semblait ne pas aller mieux. Il était donc vraiment malade?

"Ca va, merci. ^^'"

Lucie eut un regard perplexe. Euh... merci de quoi? Ah oui c'est vrai elle s'était inquiété pour lui.

"Bah, y'a pas d'quoi."

"Tiens on dirait qu'on va amerir ..."

"Oh! Géniiial!"

Elle adressa un grand sourire à l'élève, en se penchant dangereusement au dessus du rebord. Enfin, une bonne nouvelle. Non mieux : une double bonne nouvelle. Un peu de nouveauté et d'aventure, et en plus son voisin allait enfin se comporter normalement. Mais le visage de Lucie marqua vite le dépit alors qu'elle observait les alentours. Elle s'écarta du bord et lâcha méprisante :

"Ca m'étonnerait qu'il y ait des boutiques sur cette île. C'est naze, ah! Je m'en fiche d'où on est."

Lucie bouda deux secondes et demi, les mains dans les poches arrières de son short trop mini, et les lèvres pinçées, avant de revenir vers le rebord.

"En fait c'est bizarre, mais... non. Si je te dis à quoi ça me fait penser tu vas me prendre pour une idiote et..."

Soudain elle se rappella avoir sauté une étape importante à cette conversation.

"...et tu t'appelles comment au fait?"

Lucie était sûr de ne pas le connaître, de ne jamais lui avoir parlé, ni de l'avoir remarqué de quelques manières que ce soit pendant ses quatres années à Poudlard. Alors quoi? La jeune fille le regarda avec insistance. Rien à faire, sa façon de parler, ses yeux, lui rappellait quelqu'un. Mais ça ne devait pas être quelqu'un de très proche car elle avait beau chercher, elle ne voyait pas du tout d'où se sentiment pouvait lui venir.

"Euh..."

Etrange, Liam était-il réellement en train d'entretenir une conversation avec Lucie Anson ? En tout cas, cela y ressemblait bien plus que tous les contacts qu'il ait jamais eus avec elle en quatre ans à Poudlard, à savoir deux malencontreuses bousculades d'épaules dans un couloir, et une porte de classe tenue ouverte par Liam pour la laisser passer. Ce "tête à tête" représentait donc pour lui un évènement de particulièrement remarquable. Et il fallait évidemment que cette rencontre se produise à un moment où il était au bord du vomissement ... Cette seule pensée suffit à Liam pour sentir ses nausées redoubler d'intensité, comme s'il avait oublié qu'il ne se sentait pas bien et qu'il venait d'en prendre de nouveau conscience.
Lorsque Lucie se pencha par dessus bord pour observer l'île sur laquelle le bateau était sur le point de débarquer, Liam crut sincèrement qu'il allait rendre son petit déjeuner tant elle lui donna le vertige. Il se cramponna d'ailleurs si fort au bord du pont que ses doigts en tremblèrent de crispation.
La remarque de Lucie sur l'absence de boutiques sur l'île ne percuta pas immédiatement l'esprit de Liam. Et d'abord, comment pouvait-elle le savoir de si haut ? Bien qu'il y mit tout son coeur et tous ses efforts, tout ce que Liam voyait de ses yeux embués était une masse floue, une tache vaguement verte au milieu d'un océan de turquoise. Le Phoenix semblait prendre de la vitesse, et ce n'était pas pour conforter Liam.
Le court laps de temps que s'offrit Lucie pour bouder permit à Liam de reprendre quelque peu ses esprits. Il avait chaud, et ce n'était pas très élégant. Quelques unes de ses mèches châtain étaient collées contre ses tempes humides. D'un revers de main, il s'essuya le front, puis se massa la tempes en prenant une profonde inspiration. Tout ça allait bientôt être terminé, se disait-il pour se rassurer, d'ailleurs, le bateau volant n'était plus qu'à quelques mètres au dessus de l'eau. Dans quelques secondes, les passagers de Phoenix se retrouveraient en équilibre normal, le tout dans le sens logique de la pesanteur.
Malgré toutes ces émotions, Liam faisait en sorte de ne pas perdre le fil de la conversation avec Lucie. Il était à la fois gêné et enchanté qu'elle ne se soit pas enfuie à toute jambes, du haut de ses semelles compensées. Il faillit l'interrompre pour lui assurer qu'il ne la prendrait certainement pas pour une idiote, mais la Serpentard passa du coq à l'âne au milieu même de sa phrase.

"Je m'appelle Liam," répondit-il en se donnant un air plus assuré qu'il ne l'était réellement. "Liam McLane, je suis le jumeau de Sarah."

S'identifier en parlant de sa soeur était une habitude qu'il avait prise depuis quelques années. L'on se souvenait beaucoup plus facilement de lui si on l'assimilait à Sarah, que tout le monde ou presque connaissait à Poudlard. Tout de suite, lorsque le lien entre les deux jumeaux se faisait, l'existence de Liam devenait comme une évidence.

"Et toi," se risqua-t-il ensuite, "comment tu t'appelles ?"

Evidemment, il n'allait pas avouer qu'il le savait parfaitement. Il ne souhaitait pas que la Serpentard le prenne pour un maniaque.
Au moment où il prononçait ses mots, une grand secousse fit tanguer le bateau, et si Liam n'avait pas été accroché à la rembarde, il serait probablement passé par dessus, ou aurait été projeté à l'autre bout du pont.

Ils venaient d'amérir. A leurs pieds, les vagues turquoises venaient mourir sur le sable blanc, comme une vision d'une île paradisiaque. Un peu plus loin, sur le port, des personnes que Liam jurerait être des pirates allaient et venaient en grand bruit, sautaient des bateaux, faisaient circuler quelque marchandise de la terre à la mer ... Un sentiment de grand dépaysement envahit alors Liam. Comme s'il venait de voyager à la fois dans le temps et dans l'espace, et qu'il se retrouvait à présent dans un pays très lointain et exotique dont il ignorait tout jusqu'au nom.
Son teint avait repris des couleurs et un sourire illuminait son visage lorsqu'il se tourna vers Lucie. Comme s'il était la chose la plus naturelle du monde que la Serpentard reste en sa compagnie, sans vraiment songer qu'elle pourrait avoir mieux à faire que de visiter l'île avec lui, il l'y invita pourtant avec enthousiasme.

"On descend ?"

Comment pouvait-elle savoir de si haut qu'aucune boutique ne florissait sur les coteaux de la petite île? En voilà une question méritante, et à laquelle il était aisée de répondre! Il n'y avait rien de plus simple, et voilà d'ailleurs l'explication rationelle et censée à cette remarque... Non, en fait il n'y avait aucune explication rationnelle, ni même un peu logique. On pouvait juste supposer qu'une maniaque du shopping comme Lucie sentait venir ces choses à des kilomètres à la ronde. Et elle ne s'était pas trompée d'ailleurs. Après une amerissage mouvementée et plutôt dangereux - Lucie n'avait que par miracle réussit à rester droite dans ses talons compensées - force était de constater l'évidence : pas la moindre petite boutique sur ce caillou, même pas un vendeur de chichi pour animer la plage... La plage? Mais bien sûr la plage! Evidemment 'île' impliquait forcement de trouver une petit coin de sable ensoleillé pour passer sa journée, et c'était très intéressant.

Toute à ses observations, Lucie n'avait pas eu le temps de remarquer le trouble de Liam, qui, décidement, aurait mieux fait de ne pas accepter à la légère un voyage aussi mouvementé. Lucie était aussi à bien des lieues d'imaginer que Liam ressente cette rencontre comme quelque chose de 'particulièrement remarquable'. Pour l'insupportable petite Serpentard, c'était une rencontre passagère comme tant d'autres, un garçon qui devait sûrement bien se rincer l'oeil sur ses gambettes et une occasion d'encore élargir son cercle de connaissances. Pour l'instant en tout cas. Les rencontres fortuites (et même celle prévue d'ailleurs) ne se passaient jamais ainsi qu'avait pu l'imaginer Lucie. C'était de cette manière qu'elle s'était retrouvée à fabriquer du gloss pendant un cours de rattrapage ou encore à se faire couper les cheveux par une Gryffondor cinq minutes tout juste après qu'elle soit sortie du rang des 'totales inconnues au bataillon'. Tout pouvait donc arriver cette après-midi. Et c'était plutôt tant mieux! Car Lucie adorait les surprises.

A ce propos, elle se demandait ce qu'elle allait faire de Liam. Une connaissance parmi tant d'autres, à laquelle elle ferait une bise dans le couloir et jetterait un "ca va?" dont elle n'attendraît même pas la réponse? Un ami de bronzette pour partager des bonbons et du chocolat sur la plage (quoiqu'il n'ai pas tout de suite l'allure de quelqu'un qui a envie de bronzer avec des bonbons pleins la bouche, mais sait-on jamais...)? ou alors son nouveau quatre heures? La pensée traversa Lucie, que ça faisait longtemps maintenant qu'elle n'avait pas fait une rencontre vraiment palpitante : genre beau bronzé, blond, yeux bleux, un mètre soixante-quinze pour soixante-quinze kilos de muscles. Bah... Elle trouverait bien quelque chose avant la fin des vacances. Il finirait bien par amerir dans un coin sympa : Miami, Hawaï, un truc comme ça!

La réponse de Liam la fit légèrement redescendre sur le ponton.

"Oh McLane a un jumeau?" Elle connaissait très peu la Poufsouffle, simplement de nom, de visage et de réputation. "Je ne savais pas, mais je comprend mieux pourquoi tu me disais quelque chose! Eh ben, bonjour Liam alors! On a pas vraiment eu le temps de se saluer décemment avec tout ça hein?" Lucie se retourna vers le paysage que lui offrait l'île. C'était vraiment... Mais oui! C'était ça. C'était le Pays Imaginaire! Lucie se frappa la tête. *n'importe quoi, comme si ça existait Peter Pan, tout ça, t'es nulle.* Donc nous disions : cette île était l'image même que se faisait Lucie et des millions d'autres enfants du fabuleux Pays Imaginaire. Mais elle n'allait certainement pas en parler à Liam, parce qu'elle avait une fierté et que si elle disait des bêtises, elle aurait vraiment l'air idiote.

"Tu sais ce qui est drôle" fit-elle avant de lui dévoiler son nom "c'est que moi aussi j'ai un jumeau! Il s'appelle Luka, il est à Poufsouffle." Cette remarque lui souffla une question "D'ailleurs tu es dans quelle maison? A tous les coups tu dois être avec ta soeur non? Quoique Luka et moi on est pas du tout, du tout dans la même maison, enfin..." Lucie revint au sujet de la question "Je m'appelle Lucie Anson."

Son regard glissa lentement, des prunelles bleues de Liam, aux eaux bleues de la mer. Les vaguelettes qui léchaient la coque du navire dans un bruit étouffé, étaient vraiment tentantes, invitant à la baignade et au repos. Comme en écho à ses pensées, la garçon proposa d'aller se promener. Les yeux de Lucie brillèrent d'enthousiasme!

"Oh, j'adorerais! On va à la plage?"