Chocolat chaud & Liste de Cadeaux

[ Liiiiiiiiiiiiiibre ! ]

C'était un jeudi matin. Monika n'avait pas cours, son professeur étant absent pour cause d'une rhinopharyngite particulièrement contagieuse. Evidement, cela arrangeait grandement ses élèves qui ne se faisaient pas prier pour faire la grasse matinée.

Monika, elle, s'était levée plus tôt. Elle n'avait pas réussi à se rendormir malgré l'heure matinale. Au bout d'un moment, après s'être tournée, retournée, mise sur le dos, sur le ventre, sous la couette ou au-dessus, la demoiselle consentit enfin à se lever, maudissant ses réveils qu'elle n'avait jamais réussis à contrôler. Habillée d'une courte nuisette et sachant le froid derrière la chaleur de la salle commune, elle s'emmitoufla dans une longue robe de chambre écarlate. La veille, elle s'était faite une nouvelle couleur («Pour Noël et le Nouvel An » avait-elle dit), et ses boucles arboraient à présent une teinte auburn, d'un rouge foncé. Elles lui descendaient gracieusement jusqu'aux omoplates tandis qu'une petite frange raide tombait, sans trop d'excès toutefois, sur les sourcils de leur maîtresse.

La lionne les brossa avec ses mains après s'être minutieusement inspectée dans un miroir de la salle de bain. N'ayant aucune envie de s'habiller, elle se trouva tout de même d'allure satisfaisante puis sorti du quartier des Gryffondors. Elle se dirigea vers la Grande Salle, ne croisant aucune personne connue dans les couloirs. Le long du chemin, elle croisait les bras ; il faisait plus froid que ce qu'elle avait prévu. Décidément, la température baissait tous les jours.

C'est ainsi que, après une halte dans le réfectoire, la jeune fille arriva dans la salle de détente, une grosse tasse dans les mains, fraîchement remplie de chocolat chaud. Il y avait à peine plus de cinq personnes dans la pièce. La lionne piqua une feuille blanche et un stylo puis s'asseye à une table vide. Puis, la tête dans une main, buvant quelques gorgées de son chocolat et fixant intensément le papier vierge, elle réfléchit à ce qu'elle pouvait écrire. Elle hésitait : une idée pour un de ses futurs articles ou une liste de cadeaux potentiels pour ses petites soeurs et ses parents ? Car oui, Noël approchait si vite qu'elle n'avait même pas eût le temps d'acheter des présents pour sa famille.

Elle opta pour la deuxième solution.

« Hmmm...Kiziah, Kiziah...une peluche mignonne, ça devrait aller...Elle a toujours aimé ça, puis, elle a pas encore attaqué sa crise d'ado. Pas comme Nahema...qu'est-ce que je vais lui acheter, à celle-là?? » murmurait Monika en mâchant distraitement le bout du stylo.

Elle poussa un profond soupir, but une nouvelle gorgée de chocolat. Pf ! Elle adorait sa famille, mais elle devait bien avouer qu'avoir une famille nombreuse, pour Noël, ça posait de sérieux problèmes. Sans oublier qu'elle devait aussi acheter des petits cadeaux pour ses amis...bah, eux, ils attendraient, non mais. C'était déjà assez difficile comme ça. Oh, et elle devait acheter des vêtements pour le bal ! C'était quand, ça, déjà ? Argh. Pourtant, toutes ses copines ne parlaient que de ça. La lionne n'avait même pas de cavaliers. Hmrf. En même temps, c'était pas plus mal, finalement...un cavalier, c'est juste...pour faire joli. C'était une tradition vieille comme le monde, en plus. On était en 2007, enfin, bientôt 2008, maintenant ! Mais quand même...qu'avait-elle fait, ces dernières semaines, pour être autant à la bourre ?

Elle fronça les sourcils, traçant sans conviction une sorte de branche de gui ( ou était-ce une tête de Niffleur défigurée ?) sur le papier.

Monika avait étudié. Horreur ! Elle qui préférait largement s'amuser. Mais elle y avait été contrainte. Ses notes avaient été catastrophiques et, autant pour elle-même que pour la fierté de ses parents, elle avait décidé de remonter la pente, poussée par un élan de motivation. Ses notes avaient remonté. Un peu. Et les jours où elle ne travaillait pas, elle sortait, elle bouquinait, elle glandait. Son cerveau avait besoin de repos après tant d'efforts intellectuels et il ne s'était pas du tout, mais alors pas du tout intéressé aux fêtes qui approchaient à grands pas. Donc, à ce jour, pas de robe de soirée, pas de cadeaux, juste une petite couleur de cheveux. Pas de doute : il fallait que Monika se bouge le popotin, et vite.

*J'irai au Pré-Au-Lard samedi. Ouais. Ça ira...hm, il faut que je trouve les cadeaux avant. Pf !* songea t-elle avec une moue boudeuse.

Sous l'emportement, elle but si vite son chocolat chaud qu'elle se brûla la langue et avala de travers. Elle toussa, les larmes yeux, se tenant la poitrine, tandis que des camarades intrigués se retournaient vers elle, ne feignant même pas de s'inquiéter. Aïe, mais c'est-ce que ça faisait mal ! Ça lui brûlait la gorge. Pf, tout ça à cause de...de cette fichue liste de cadeaux !

Il y a plus lent et ronchon qu'un Rhinocéros enrhumé. Si, si, ça existe. Ca mesure 1m80 et des bananes, c'est blond, Créole, et ça s'appelle Trisha Welsh.

Notons bien l'emploi du genre neutre ("ça") qui indique clairement qu'à cette heure de la matinée, Trisha n'est pas véritablement une humaine. Plutôt un croisement manqué entre une Amibe (pour les capacités intellectuelles) et un Panda (pour les cernes).
Pourtant, d'ordinaire, elle était plutôt matinale, Trisha. Même trop, au goût de beaucoup de ses proches.
Mais après avoir cousu jusqu'à quatre heure du matin, et avoir été réveillée à six heures par un Peeves plus chiant que jamais, il y avait de quoi être de mauvais poil, pas vrai? enfin, passons.

Donc, après avoir enfilé à la va-vite un pull à col roulé bordeaux sur une jupe blanche et des collants noirs, elle avait sauté dans ses ballerines lilas à tâches blanches (vestige d'une après midi de peinture l'été précédent) et s'était dirigée vers les cuisines. La grande salle, à cette heure, fallait même pas y compter...
Elle avait chipé aux elfes une bonne douzaine (voire plus) de pâtisseries bourrées de sucres (macarons Change-Couleur, Eclairs aux Humeurs et autres Croissants au Soleil) ainsi qu'un plein thermos de café, parce qu'il fallait au moins ça pour la réveiller.

Puis, à moitié dans le brouillard, elle était remontée jusqu'à la salle de détente. La, elle saisit un crayon et une douzaine de feuille de papier. Puisqu'elle avait de quoi se réveiller à peu près et du temps devant elle, autant s'occuper, pas vrai? Et comme de nouvelles idées de vêtements lui étaient venue dans la nuit, elle avait choisit de les dessiner, ce serait plus sympa que de rester seule dans son coin à ruminer!

Bref, elle était donc assise à une table ronde, pas loin de la fenêtre givrée, lorsqu'une Gryffondor entra. Trisha la connaissait pour l'avoir croisée dans les couloirs, et aussi dans pas mal de cours lors des années précédentes. Elle alla s'asseoir à une table vide et commença, elle aussi à gribouiller, sans paraître remarquer la présence de Trisha.

Quelques temps passèrent. Trisha les employa à coucher sur le papier quelques idées de bustiers et autres robes de soirée, et Monika à gribouiller ce qu'elle avait à gribouiller.
Seulement voila, alors que Trisha attaquait sa quatrième tasse de Café et son troisième Macaron Change-Couleur à la framboise (qui fit passer ses cheveux du vert pistache au rose fuschia) elle entendit un bruit d'étranglement.

Tournant la tête, la Serdaigle se rendit compte que Monika était en train de s'étrangler avec sa tasse de ce-qu'elle-avait-décidé-de-se-servir, sous les regards indifférents des trois ou quatre autres personnes présentes dans la salle.
Avec un soupir exaspéré et quelques jurons concernant l'inconscience de certains britanniques, la française quitta son siège et tapota doucement le dos de sa camarades gryffondorienne, avant de s'enquérir de sa santé.

"Hé, Monika... Ca va aller?"

Non parce que, quand même, mourir si près de Noël, ça aurait été dommage. Et puis franchement, mourir étranglée par du chocolat chaud, il y avait quand même plus glorieux. Je ne sais pas moi... Mourir sur scène par exemple. Comme dans la chanson de Dalida...

Quelle bande de gnomes retardés ! Ils avaient de la chance qu'elle s'étouffe, sinon, elle les aurait déjà fait tourner comme un boomerang pour les envoyer par la fenêtre (ouverte ou fermée).

Heureusement, une bonne âme vint à lui tapoter le dos, rendant ainsi plus grandes ses chances de survie. Monika toussa encore un peu, déglutit difficilement puis poussa un profond soupir. Tout allait bien. Zen. Keep cool. Elle se retourna vers sa bienfaitrice. Celle-ci avait une interminable cascade de cheveux...euh...roses (ils n'étaient pas blonds, d'habitude?) et un visage particulièrement familier. Elle avait été de nombreuses fois dans sa classe, étant dans la même année qu'elle. Cela devait être...Trisha. Oui, c'est ça. Jeune fille agréable. Leurs relations ne s'étaient jamais vraiment approfondies. Mais la demoiselle venait tout juste de gagner de nombreux points dans l'estime de Monika.

La lionne lui sourit, non sans lancer un regard meurtrier à ses autres camarades.

« Oui, ça va. J'ai survécu ! Merci, aucun de ces imbéciles n'auraient eu l'intelligence de m'aider. » répondit-elle en appuyant particulièrement sur le qualificatif de ces voisins. « Il faut se méfier du chocolat chaud. Il a parfois des instincts meurtriers. »

Elle désigna sa tasse, à présent vide. Dommage. Elle aurait bien versé un peu de breuvage encore brûlant sur la figure de ses coéquipiers. Quoique, elle pouvait toujours lancer la tasse tout court...Non, non, non. Elle devait rester calme. Si elle s'énervait, elle n'arriverait jamais à finir cette fichue liste de cadeaux. Mais bon. Maintenant qu'une adorable demoiselle était là, avec elle, cette maudite liste pouvait attendre un peu. La sociabilité était quelque chose de très important pour la demoiselle. Il fallait qu'elle l'entretienne très souvent. Les yeux pétillants, apparemment très heureuse de trouver quelqu'un avec qui parler, Monika se racla la gorge avant de demander :

« Tu as changé de couleur ? C'est...lumineux. Tout le monde change de couleur en ce moment. Comme moi. Enfin, moi, je change tout le temps de couleur. Mais c'est quand même histoire de marquer le coup. Noël, le jour de l'an... »

Elle eût un pincement au coeur. Oui, car non seulement elle devait acheter une robe pour Noël mais aussi en acheter une pour le réveillon. Ah, c'est sûr, c'était sympa, elle allait pouvoir faire la fête presque deux fois de suite. Néanmoins, elle n'allait certainement pas s'habiller avec les mêmes vêtements. Elle était trop coquette pour ça. Que c'est dur, d'être une fille ! Les garçons, une chemise, un simple pantalon est le tour était joué. Les garçons...garçons, garçons, cavalier, cavalier. Pf ! Non, elle avait dit que ça ne servait à rien. Mais quand même, les autres années, elle avait eut un cavalier. Elle ne voulait pas jouer les célibataires déprimées (surtout que...hm, non, passons), mais son orgueil en prenait quand même un sacré coup.

Stop, stop, stop ! Dégage, vilaine pensée. Au moins, elle n'aura pas à se coltiner quelqu'un toute la soirée. Non mais, c'est vrai, quoi.

Tentant de garder un visage aimable et accueillant, son sourire tremblant légèrement face à la lutte intérieure qui bouillonnait en elle, Monika observait de ses grands yeux verts sa camarade, l'air très intéressée par le sujet capillaire qu'elles entamaient.

'Oui, ça va. J'ai survécu ! Merci, aucun de ces imbéciles n'auraient eu l'intelligence de m'aider.' [...] 'Il faut se méfier du chocolat chaud. Il a parfois des instincts meurtriers.'

Trisha laissa échapper un petit rire, à la fois amusée et soulagée. Si Monika pouvait raconter des âneries, c'était bien qu'elle allait bien, pas vrai?

"Et encore, tu n'as jamais goûté le planteur de mon parrain! A côté de ça, ton chocolat c'est de la gnognotte!"

Il fallait dire aussi que le planteur était un alcool particulièrement fort, et que celui du parrain de Trisha était tout spécialement corsé. Autant dire que, pour en boire, il fallait s'accrocher, ou avoir l'habitude.

'Tu as changé de couleur ? C'est...lumineux. Tout le monde change de couleur en ce moment. Comme moi. Enfin, moi, je change tout le temps de couleur. Mais c'est quand même histoire de marquer le coup. Noël, le jour de l'an... '

Trisha afficha un grand sourire et pointa sa baguette magique sur sa boîte de pâtisserie, restée à sa table. Les gâteaux vienrent se poser entre Monika et elle, vite suivits par le thermos de café et le matériel à dessin de la Serdaigle.

"En fait" Précisa-t-elle en piochant un Eclair aux Humeurs, "C'est à cause des Macarons. D'ici une heure ou deux je serais de nouveau blonde. Sers-toi si tu en veux!"

La jeune femme croqua dans son éclair, et son front s'orna (comme le dos de ses mains) d'une version manga de son visage qui arborait un grand sourire. Apparement, sa rencontre avec la Gryffondor avait achevé de la réveiller et de lui remonter le moral. Elle resta silencieuse un moment avant d'ajouter:

"Ceci dit, ça serait peut-être une idée de changer de couleur. Ca pourrait être fun... Faudrait que j'y pense, tiens."

Ce qui était sûr en tout cas c'était que, si changement de couleur il y avait, ce ne serait pas avant le nouvel an: Trisha avait déjà commencé à coudre sa robe pour le bal, et elle ne tenait pas à tout recommencer à cause d'une petite fantaisie capillaire!

Tiens d'ailleurs, en parlant de robe...

"Au fait, tu sais ce que tu va porter pour le Bal?"

Inutile à priori de préciser lequel: il n'y avait pas cent cinquante mille Bals prévus à Poudlard ou dans les environs en cette période.
Elle même avait déjà terminé les croquis de sa tenue depuis longtemps. Elle savait donc déjà que, le soir de Noël, elle arborerait une robe jaune vif à bretelles fines avec, si elle avait le temps de les ajouter, des broderies sur le bas de la jupe.

Pour ce qui était du cavalier, en revanche, elle n'avait trouvé personne. Elle aurait bien proposé à Samuel d'y aller avec elle, mais il avait déjà invité quelqu'un, et elle ne comptait pas lui gpacher sa soirée. Déjà qu'avec sa timidité c'était surprenant qu'il aie eut une cavalière, alors n'allons pas le gêner.
M'enfin quand même, être seule ce soit là l'ennuyait. Ce n'était pas mortel, mais cela l'ennuyait.

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