- "TOUS AUX ABRIS !!!!!
- Aaaaah !
- Mais c'est quoi ce bean's ?!
- Mamannnnnnnnnnn T_________T
- La ferme et COURS !"
Une tornade qui se déclenchait dans un dortoir, c'était une chose peu banale.
Flash back.
Le matin n'avait pas encore point sa lumière sur le jour d'Halloween, mais la nuit d'encre laissait peu à peu place à un ciel d'un gris de plomb, cachant sa lune derrière de lourds nuages chargés de pluie.
Poudlard était paisible. Le parc désert semblait profondément assoupi, et à l'intérieur du château, tout était immobile, mis à part les draps se soulevant et s'affessant doucement au rythme de la respiration des jeunes sorciers endormis, les fantômes apparaissant et disparaissant au travers des murs, et les elfes de maison s'agitant dans les couloirs et cuisines.
Tout à coup, un bruit sec et soudain vint troubler la sérénité des lieux.
VLAN ! Toutes les fenêtres du dortoir, d'un seul coup, s'étaient ouvertes à la volée, se brisant en grands éclats de verre. Un vent violent s'engouffra au même moment dans la pièce, féroce, sifflant, menaçant.
Au milieu d'un envol spectaculaire de vêtements, de livres et de toutes sortes d'objets capturés par la tornade, quatre garçons s'étaient réveillés et avaient bondi de leurs lits, sûrement dans le plus grand sursaut de leur vie.
Seul un des occupants de ce dortoir était resté d'un sommeil impassible. Il semblait avoir marmonné quelques mots incompréhensibles, peut-être s'était-il également retourné et enfoui sous ses draps.
Couché à plat ventre sur le sol, les mains protégeant sa tête, Carl jeta un regard de côté. Frederic Mason, son voisin de chambrée, était tétanisé. Debout en pyjama, planté au milieu du dortoir, le jeune homme semblait incapable d'esquisser le moindre geste. Les yeux exorbités et fixés sur l'oeil du cyclone qui avançait vers lui de façon menaçante, il était livide. Ses yeux pleuraient, peut-être autant de peur qu'à cause du vent qui lui fouettait le visage, ses cheveux formaient une auréole autour de celui-ci.
Immobiles, au sol ou terrés dans un coin du dortoir, Carl et les deux autres Serpentard hurlaient dans l'espoir de le faire réagir, mais aucun d'eux n'esquissa le moindre mouvement en sa direction.
"COURS, ON TE DIT !"La voix de Carl s'échoua en echo dans le silence du dortoir soudain retombé. La tempête s'en était allée, aussi soudainement qu'elle était venue. Ne restait plus qu'un léger nuage de vapeur flottant au dessus du champ de bataille qu'était devenu le dortoir ... Un long silence stupéfait s'installa. On n'entendit plus alors que les marmonnements inaudibles de Sean qui se retournait une fois de plus dans son lit, puis de nouveau le silence.
"Je ne sais pas ce que c'était ..." déclara soudainement Carl,
"mais vous serez d'accord avec moi que c'était tout, sauf naturel."Se redressant aussi dignement que l'on pouvait l'être dans un pyjama noir à rayures vertes, passant une main dans ses cheveux blonds dont le désordre témoignait qu'ils avaient subi la tempête, il posa un regard sur Frederic qui se remettait peu à peu, mais dissimulait mal ses larmes.
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Halloween, tout le monde le savait, était une fête très importante pour les sorciers. Mais ce que beaucoup semblaient oublier, était que cette fête ne représentait pas uniquement une occasion de faire des farces, se déguiser et manger des sucreries. Cette pratique, inventée par les moldues, était une honteuse trahison de l'esprit d'Halloween, qui à l'origine célébrait le monde magique des sorciers et des esprits.
C'est du moins le point de vue de Carl, ainsi que celui de nombreux autres sorciers attachés au monde auquel ils appartenaient, qu'ils soient de sang pur ou pas.
C'est plongé dans une réflexion de la sorte que Carl sortit de sa douche -qu'il aimait glacée- entouré d'un peignoir aux couleurs de Serpentard. Ses cheveux mouillés un peu plus foncés que leur blond d'origine venaient se coller à ses tempes au moindre mouvement de tête. Quelques minutes plus tard, ses cheveux étaient secs et avaient retrouvé leur blond lumineux. Il avait revêtu une robe de sorcier d'une sobre couleur bleu rouille et se rendait à présent dans la Salle Commune de Serpentard, située dans l'obscurité d'un cachot.
Saluant quelques uns de ses camarades, il remarqua que certains d'entre eux semblaient aussi secoués que Frederic, qui d'ailleurs s'était blotti au fond d'un fauteuil, emmitoufflé dans une couverture, toujours pâle et le regard perdu dans le vague.
En faisant glisser son regard un peu plus loin dans la pièce, Carl put constater que Sean s'était finalement réveillé, et qu'il avait même eu le temps de s'habiller sans que lui-même ne le remarque, alors qu'il sortait précisément de la salle de bain. Seul dans son coin de la pièce commune, le jeune homme ne semblait guère en meilleur forme que Frederic ... A vrai dire, il sembla même à Carl qu'il était plongé ... dans une sorte de transe. Sa respiration était devenue soudain plus rapide, ses yeux étaient grand ouverts mais semblaient étrangement voilés, et il crut même voir une goutte de sueur perler sur son front.
Pensif, Carl fronça les sourcils. Il se passait des choses étranges dans ces cachots, et il était prêt à parier que la magie d'Halloween y était pour quelque chose.
Au moment même où il en vint à cette conclusion, le regard de Sean redevint brillant, et son expression appeurée venait d'être chassée par un masque d'indifférence. Croisant les bras sur son torse, Carl regarda son camarade se lever et quitter la Salle Commune. Il aurait donné cher pour savoir quel genre de drogue Sean O'Malley avait consommée pour se retrouver momentanément dans un tel état de stupeur. Plus sérieusement, il aurait grandement apprécié connaître la légilimencie afin de découvrir dans quel délire intérieur le jeune homme avait été plongé.
Chassant finalement ces interrogations et cette curiosité quelque peu malsaine, le Serpentard sentit un sourd grondement s'élever de son estomac. Le déjeuner devait probablement être servi dans la Grande Salle. Abandonnant l'atmosphère lourde dans laquelle était plongée la Salle Commune, il tourna les talons, faisant voler le bas de sa robe derrière lui avant de se reposer silencieusement sur ses chevilles à chacun de ses pas.
Ce ne fut que lorsque la voix sèche de Sean s'éleva dans les couloirs sombres des cachots que Carl remarqua qu'il n'était pas seul.
"Du calme O'Malley, les couloirs ne sont pas à toi."L'endroit clos et nu donnait à la voix du Serpentard un étrange aspect métallique. Sans interrompre sa marche, il passa devant son camarade, avec cet air hautain et cette allure fière qui lui étaient propres.
"La paranoïa ça se soigne, tu devrais te faire enfermer."